Ozu est, avec Kurosawa et Mizoguchi, le cinéaste japonais le plus important de sa génération. Fidèle à la société de production Shochiku, il fit preuve de beaucoup d’originalité technique à travers des études de mœurs où tradition et modernité y entretiennent des rapports complexes, tout en choisissant un point de vue « zen » grâce à son montage et sa mise en scène très académique.
Né à Tokyo en 1903, Ozu Yasujiro part vivre très jeune à Matsuzaka près de Nagoya avec ses parents tous deux commerçants. C’est à 10 ans qu’il se prend de passion pour le Cinéma après la vision de Civilisation signé Thomas Ince. Dès lors, il se rend fréquemment à Nagoya pour y voir des films importés d’Occident, et découvre des cinéastes tels que Chaplin, Murnau ou Lubitsch. C’est en 1923, après avoir raté son concours pour l’Ecole Supérieure de commerce de Kobe, qu’il entre à la Shochiku. Il devient assistant caméraman, puis rapidement assistant réalisateur. Son premier film date de 1927 et s’intitule le Sabre de Pénitence ; c’est un film historique inspiré par Kick In de George Fitzmaurice (1916). Ce film marque également la première collaboration de Ozu avec Noda Kogo, qui deviendra son scénariste attitré.
Ozu se consacre par la suite à des drames contemporains, gardant le plus souvent la même équipe technique et les mêmes acteurs. Les influences occidentales et le modèle américain sont très présents dans ses films d’avant-guerre ; il s’essaye au film noir, au film de gangsters ainsi qu’aux comédies de mœurs. Au fil des années, son style s’affine et devient de plus en plus nippon dans l’âme. Ozu choisit des décors traditionnels (tatamis, portes coulissantes), limite les mouvements de caméra, supprime les fondus pour privilégier le montage cut, et abaisse la position de la caméra pour se trouver à hauteur d’un homme assis, d’un homme zen. On retrouve ces caractéristiques dans Gosses de Tokyo (1932) par exemple, filmé à hauteur d’enfant. Ses thèmes se réduisent petit à petit pour se concentrer sur la famille, le passé, le conflit de générations et la nostalgie.
Ozu résiste au parlant jusqu’en 1936, date de Fils unique, alors que le premier film parlant nippon fut tourné en 1931. Survient la guerre et une coupure de plusieurs années dans sa carrière. Il revient en 1947 avec Récit d’un propriétaire, puis Une poule dans le vent l’année suivante, mais c’est avec Printemps tardif que débutera sa réputation internationale jusqu’à nos jours. Les répétitions et liens entre les différents films d’Ozu jusqu’à sa mort constituent un véritable univers filmique, et donnent lieu à des œuvres remarquables, comme Voyage à Tokyo ou Printemps Précoce. C’est en 1958 qu’il cède à la couleur avec Fleur d’Equinoxe, 7 ans après la première tentative nippone. Ses 5 derniers films sont parmi ses plus célèbres et ses plus aboutis : parmi eux, Bonjour (remake de Gosses de Tokyo), Dernier Caprice ou encore Le Goût du Sake.
Ozu Yasujiro s’est éteint en 1963 à l’âge de 60 ans.
D’après Josiane Pinon, La Grande Encyclopédie.
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