Tambours de la grandeur
Les Tambours de la colère, du cinéma populaire japonais haut de gamme? Affirmatif. Au point qu'on aurait presque envie de justifier cela avec autant de brièveté que le film exécute son contrat de main de maître.
Et justement c'est Misumi Kenji qui est aux commandes de ce volet de la saga Zatoichi. Deux des précédents épisodes de la série qu'il avait réalisés (Voyage en enfer, Route Sanglante) concentraient leur attention sur la dimension d'humanité du personnage de Zatoichi. Risquant alors d'occasionner de la mièvrerie et des longueurs. Travers aussi brillamment rectifiés ici qu'ils l'étaient dans Route Sanglante: l'émotion se fait aussi forte que retenue tandis que Zatoichi est plus que jamais tiraillé entre une femme le désirant et sa condition de samourai errant et solitaire. Ce volet nous éclaire d'ailleurs sur ce qui rend l'amour entre Zatoichi et les créatures qu'il rencontre impossibles. SPOILERS Ce qu'aime la jeune Osodé en Zatoichi, c'est l'image mythifiée d'un samourai tueur et non Zatoichi lui-même. On le voit d'ailleurs lors des séquences de meurtres exécutés par Zatoichi qu'elle imagine. Meurtres rendus ici irréels par le travail de Misumi sur les couleurs. Mais meurtres s'étant déroulés effectivement de cette façon. Un peu comme ensuite elle fantasmera toujours dans un rêve coloré son désir de le tuer et voudra faire coincider ce rêve avec le réel. Tentative vouée à l'échec mais après laquelle débarrassée du mythe elle regardera Zatoichi avec justesse. Opportunité que ne saisira pas un Zatoichi probablement prisonnier de sa condition de figure errante. FIN SPOILERS
Episode sentimental, les Tambours de la colère explore aussi une facette de Zatoichi annonçant Ogami Itto: il ne tue plus ici pour se défendre mais pour exécuter sans état d'âme un contrat ou parce qu'on l'insulte une fois de trop. Mais lorsque Zatoichi effraie ses adversaires avec un seul morceau de bois on retrouve l'idée de l'arme moins importante que ce qu'en fait celui qui la tient en forme d'esprit originel de la voie du samourai d'un Tuer. Tandis que sa part de nihilisme n'exclut pas non plus de mettre les yakuzas face à leurs entorses au code d'honneur. Le reste? Du charme d'époque avec ce générique à couleurs clignotantes et la chanson signée Katsu Shintaro.
Et puis le bon service minimum de la saga. Soit le charisme de Katsu, des personnages hauts en couleurs, des combats au sabre inventifs, un peu d'humour -les tueurs ridicules du début-, des scènes de paris. Le tout bien emballé par un Misumi en grande forme alternant maitrise classique et inventivité formelle. Les cadrages sont souvent d'une précision extrême tandis que la photographie travaille très bien le clair obscur quand elle n'est pas d'un beau bleuté dans les scènes de nuit. Grand cinéma tout court? Affirmatif.
Il était une fois Zatoichi...
Après avoir vu une bonne dizaine de
Zatoichi, il est devient difficile dêtre surpris quand on enchaine les suivants.
Celui çi à beau être réalisé par Misumi et pourtant je n'ai pas été subjugué par le résultat. Certes tous les ingrédients sont là mais rien de vraiment nouveau.
Un épisode correct mais n'arrivant pas au niveau des quelques autres épisodes précédents nettement meilleurs.
tout simplement sublime...du 1er au dernier!
j'écris ces quelques lignes pour souligner le plaisir que je prends à regarder cette série de films absolument sensationnelle , j'aurais pu prendre n'importe quel numéro des Zatoichi cela ne changera rien à la critique, au fait ce n'est pas une critique que j'ecris, c'est simplement pour signaler (est-ce bien nécessaire?)que cette serie de films est devenue une drogue, et Shintaro Katsu une sorte "d'idole". L'interprétation de Katsu est absolument extraordinnaire, toutes les scènes (combats , humour, tristesse, haine) sont un régal . Je ne suis pas connaisseur du cinéma Japonnais mais quel bonheur d'avoir eu la bonne idée de découvrir, ce qui à mon avis est la meilleure série de films dans toutes l'histoire du cinéma nippon et peut être même du cinéma tout court!
Je n'ai pas encore vu beaucoup de Zatoichi pour le moment, ici, c'est le retour de Misumi derriere la caméra, et ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre !
On reconnait le savoir faire du réalisateur dans les cadrages, et dans la fluidité.
Shintaro Katsu incarne un Zatoichi qu'on insulte facilement à cause de son infirmité, mais que l'on craind aussi énormément...d'ailleurs, les combats sont toujours aussi beaux et efficaces, ce yakusa qui n'aime pas les offenses est pourtant patient, humain, il suit ses propres codes, que ce soit vis à vis des autres yakusas qu'il n'hésite pas à rabaisser, ou d'Osodé en qui il se sent redevable.
C'est un des meilleurs opus que j'ai vu pour le moment.