Elise | 3 | C'est assez fade mais le message qui passe est plutot bien développé |
Alain | 3.25 | Voyage jusqu'au bout de l'enfer |
Outre la guerre de Corée et l'occupation américaine qui s'en est suivie, on connaît peut-être moins le fait que la Corée du sud a du apporter une aide militaire aux USA lors de la guerre du Vietnam. Ahn Jung-Hyo a fait partie de ces soldats et de retour au pays, il en a écrit un roman auto-biographique qui relate son expérience là-bas. White Badge met donc en scène l'écrivain au moment d'écrire son roman, à une époque où l'assassinat du président Park entraîna le pays dans moults remous militaro-politiques. Cette période instable illustre assez bien l'état psychologique en ruine des trois personnages principaux. Mais ce qui reste l'élément thématique le plus récurrent du film, c'est cette rancoeur envers les Etats-Unis. A ce moment, le Vietnam devient le point de convergence de ce fait: les soldats se battent et sacrifient leurs vies pour une cause qui n'est pas la leur, une guerre dont ils ignorent tout comme leur fait remarquer un vieux paysan local. Livrés à eux-mêmes et sans but, ils perdent peu à peu leur humanité.
Mais une fois la guerre terminée et que les rares survivants rentrent au pays, leurs problèmes n'en sont pas finis pour autant et c'est ainsi que Lee Gyeong-Yeong n'arrive plus à retourner à une vie civile normale. Ayant déjà perdu sa santé mentale pour les américains au Vietnam, il perda aussi peu à peu sa femme(jouée par une Shim Hye-Jin impressionnante et qui préfigure déjà son rôle dans Green Fish) qui pour survivre doit faire des strip-tease dans un bar pour les américains. Ahn Suk-Gyu(dont le jeu irréprochable est toujours un plaisir à voir) et le spectateur sont les témoins de cette lente dégradation qui constitue la trame du film et c'est cet aspect de non-retour qui fait tout l'intérêt du film en plus de son aspect historique. Mais le problème est que White Badge date de 1992 et il y'a déjà eu une flopée de films de guerre qui l'ont précédé et qui le dépassent en qualité. On sent le budget assez restreint lors de la reconstitution du Vietnam, ce qui amoindrit l'impact des scènes de combat mais surtout, le gros problème, c'est que vers la 22ème minute, Lee Gyeong-Yeong s'arrête dans la rue et fixe une affiche de The Deer Hunter et malgré le fait qu'on puisse voir ça comme un hommage de la part du réal, la comparaison fait mal car l'émotion dans White Badge n'est pas aussi forte que chez son homologue américain malgré de très bons moments, comme lorsque Shim Hye-Jin longe une voie ferré en compagnie de Lee Gyeong-Yeong pour lui faire retrouver ses sentiments d'antan. White Badge constitue donc un film imparfait mais intéressant pour ceux qui s'y aventureraient.