La Nouvelle Vague n'a pas eu lieu...
A la fin d'un visionnage en forme de chemin de croix aussi long que le voyage de Nishiyama dans le film, La Voix des amis perdus acquiert sur la fin un relatif supplément d'ambiguïté dans son propos le sauvant in extremis du détestable. Spoilers C'est à dire la révélation de la vanité de cette tentative de maintenir vivante la mémoire de la guerre dans une époque où les survivants sont passés à autre chose. Fin Spoilers Sauf que ceci ne suffit même pas à en faire une oeuvre médiocre cinématographiquement mais audacieuse en terme de propos. Elle l'eut été 20 ans auparavant mais donne surtout la fausse impression en l'état que la Nouvelle Vague et son travail sur le Japon d'après-guerre n'ont pas existé. Comment après Imamura et Suzuki croire à cette figure de prostituée au grand coeur échappée d'un vieux film des années 30? Comment croire à ce marché noir qui fait figure d'hôtel de luxe face au Japon occupé en ruines de La Barrière de chair (sans parler de celui de Combat sans code d'honneur 2 ans plus tard)? Evoquons d'ailleurs encore un peu Fukasaku... La même année, ce dernier tournait Sous les Drapeaux l'Enfer où il était aussi question du rapport Japon post-1945 à la guerre. Mais s'il avait parfois la main lourde il ne sonnait alors jamais faux. Contrairement à ce récit agitant les bons sentiments (et le mauvais sentimentalisme) au kilomètre et saoulant à force d'usage récurrent d'arpèges de guitare dignes d'un mauvais slow d'époque. Avec une structure dont on ne sent que trop le caractère répétitif. L'histoire du Japon n'est ici trop souvent qu'occasion de se lamenter sur le peuple japonais comme injuste victime de la guerre et de son horreur en passant sous silence le role des politiques et les exactions de l'armée japonaise à l'étranger. Victimisation du Japon rappelant celle du mélodrame 24 Eyes et de son pacifiquement correct... Car malgré la fin précédemment évoquée tout cela sent trop l'incapacité à regarder son histoire en face. Travail que firent Fukasaku, Suzuki, Kobayashi et la Nouvelle Vague. Qui plus est, c'est trop souvent filmé de manière académique, en multipliant les effets convenus. Un film pour rien.