visiteur | note |
Toxicguineapig | 2.25 |
bruce randylan | 4 |
D'après un scénario de Yukio Mishima et écrit pour le cinéma par Kaneto Shindo. Et ces 2 noms prestigieux ne trompent pas car on est devant un scénario extrêment intelligent, bien écrit avec un personnage central passionnant et complexe. On regrettera juste que le scénario tourne un peu en rond par moment. Mais on ne peut pas faire un film sur la frustration et le fantasme sans passer par ce genre de sentiment.
Ces quelques redondances ne sont pas trop gênantes vus la qualité d'écriture, d’interprétation et de mise en scène. Car ce n'est en rien un film de scénariste, c'est aussi l'oeuvre d'un jeune cinéaste en plein possession de ces moyens. Nakahira est bien décidé à utiliser tous les moyens de la mise en scène pour appuyer le trouble émotionnel de son héroïne : visage(s) ou partie du décor plongé dans l'obscurité, musique classique, décadrages, caméra souvent en mouvement qui captent les sentiments, gros plans extrêmement sensuels, variété des plans au découpages, noir et blanc ciselé.
De l'excellent travail qui traduit admirablement bien les questionnements de cette femme coincée entre son éducation rigide, ses pulsions érotiques, sa vie d'épouse et de mère et ses devoirs envers son père. Ca donne une oeuvre qui évite le discours moralisateur (qu'il côtoie tout de même via le personnage libertin de sa meilleure amie) pour privilégier une noirceur et une cruauté jamais surlignée mais pourtant terriblement présente.
SPOILER
L'héroïne préfère taire sa grossesse et avorter plutôt que de laisser croire à son mari que cet enfant pourrait être issu d'un adultère alors qu'elle ne l'a jamais trompé - physiquement
FIN SPOILER
Un excellent film qui dépasse largement le simple cadre du mélodrame pour dessiner quelque chose de beaucoup plus ambitieux avec un lyrisme psychologique d'une grande richesse. C'est aussi un formidable portrait féminin. Les derniers instants ne sont pas sans évoquer ce que Douglas Sirk a pu faire de plus cinglant et critique envers le cynisme de la société.