Quand les fruits de mer se mettent sur la gueule...
Crédité de pur film Mad, d'oeuvre déjantée et inclassable au possible, Calamari Wrestler est LE produit monnaie courante au Japon alors que totalement ignoré en Occident. Quoi de plus normal à vrai dire tant l'entreprise échouerait inévitablement ici même, laissant les monstres en caoutchouc pour le petit écran avec les increvables Power Rangers, remarquables de nullité. Les mecs de WE Productions ont eu bon de flairer ce produit aux antipodes total de ce que l'on peut trouver sur le marché DVD. Avouez que les longs métrages à l'effigie de monstres grotesques se résument uniquement à du Godzilla-ci, Godzilla-là. Calamari Wrestler est LE sauveur du genre, aussi décomplexé que possible, déchaîné et ne reculant jamais face au ridicule, pire même, il assume du début à la fin ses actes dangereux pour la santé de toute personne assez cinglée pour se le procurer.
Le pitch est très classique, Kawasaki réutilise les ingrédients des meilleurs films de genre à sa sauce, rendant son bébé attrayant plus d'une fois. On rigole franchement au vu des situations qui ne font que s'empirer au fur et à mesure que le film avance. D'ailleurs, traité avec beaucoup de sérieux, son Calamari est aussi une critique -assez facile certes- des médias en tout genre et des compagnies de produits dérivés. Par exemple, après le succès du calamar lutteur sur une pieuvre tout aussi classe, l'on voit les commerciaux sortir tout un tas de produits à l'effigie des athlètes, tout en y ventant les mérites "la soupe au calamar et à la pieuvre, deux goûts dans le même pot" ou bien interviennent ça et là de pures otaku demandant des poupées à l'image des combattants. Bref du grand n'importe quoi, plus ou moins pointé du doigt par Kawasaki qui cherchait peut être uniquement à faire un film fun avant de passer -involontairement- à la dénonciation. Les journalistes sont aussi réduits à d'espèces de machines à scoop (quand Calamari est là, les médias ne sont pas loin) harcelant sans cesse les sportifs.
Mais l'oeuvre de Kawasaki est aussi un parfait B movie déglingué plus d'une fois, gavé de séquences irrésistibles, bien plus fun que les combats présentés. Passés au second plan, les quelques combats (peut être trois au total) ne s'avèrent pas franchement tripants, c'est à peine si les speaker sont plus entraînants avec leur débit de parole conséquent et leur pur sens de l'analyse (certains noms de prises sont incroyables). On préfèrera largement le côté pseudo sentimental, terriblement mal joué mais forçant le respect tant l'absurde prend le dessus à chaque instant. Les passages romantiques entre le calamar et sa compagne sont ainsi des pures parodies de bluettes à la Coréenne, saupoudrées de références à l'inévitable Rocky. Une comédie qui se révèle être au final un parfait bombec coloré aux vertus apaisantes et délirantes.
Esthétique : 3/5 - La photo est excellente, la mise en scène assez bordelique. On s'en fiche à vrai dire.
Musique : 2.75/5 - Des mélodies très discrètes sans grosses inspirations.
Interprétation : 2/5 - Kana Ishida est mignonne mais maladroite. Le reste du cast s'en sort mieux.
Scénario : 3/5 - Classique mais franchement rigolo, surtout après l'apparition de l'Ecrevisse boxeur. Hallucinant.
Y a un calamar dedans !
Film culte depuis belle lurette avant sa sortie, Calamari wrestler montre un calamar catcheur comme le veut le désormais habitué du genre
Minoru Kawasaki aussi responsable depuis d'un
homard gardien de but, d'un
koala salary man et d'un
scarabée justicier. A part l'animal et ses deux adversaires du jour, en l'occurrence une pieuvre et une écrevisse boxeuse, Calamari Wrestler n'est à vrai dire qu'une romance sportive comme on nous en sert par camions au Japon, et ailleurs. Il a suffit à Kawasaki de reprendre la trame de Rocky et de tout refaire avec un calamar, la pieuvre jouant Apollo, et l'écrevisse se la jouant russkov destructeur, avec une petite dose de sagesse martiale vite tartinée et puis voilà.
Il y a certe une petite fraîcheur à l'ensemble grace à cette idée que les 2, 3 catcheurs fruits de mer en costumes bioman sont parfaitement intégrés à la société et que personne ne s'en étonne, d'où une floppée de scènes du quotidien et de scénettes romantico kitchounettes tout ce qu'il y a de plus classique si l'on omet le fait que la jolie dulcinée parle à un costume d'1m de large flanqué de tentacules "baudruche" et d'une paire d'yeux tournicotant comme ceux d'une poupée de luxe. Il faut ajouter une réalisation pas prétentieuse pour un sou qui fait son petit bonhomme de chemin tout tranquillement, avec des moyens dérisoires et un brin d'action plus que secondaire mal mise en scène et foutraque. Bien joué le choix du catch (malin le Kawasaki), on peut faire n'importe quoi, ça reste aussi rigolo qu'un combat en costumes de sumos où on se jette l'un sur l'autre avec une liberté de mouvement quasi nulle. En outre, les animaux passent simplement pour des catcheurs déguisés dans la grande tradition WWF "Godzillesque" avec un panache nettement plus amateur, ce qui appuie la relative normalité du concept.
Nos héros qui sont en fait à l'origine des combattants humains au fait de la technique bien connue des jeux vidéos qui permet de rester sous forme animale pour sembler plus balèze pédalent eux aussi sans prétention au milieu de cette petite histoire de Rocky crustacé avec quelques moments sympas dont une gentille poignée d'attentes et de décalages humorisitiques absurdes typiquement Miikéens dans l'âme pour un ensemble somme toute anecdotique malgré toutes les étiquettes cultes qu'on veut lui coller.
Personnellement, j'ai cru d'abord y voir une sorte de Tongan Ninja japonais, une parodie nanarde volontaire faiblarde et insipide, puis la petite fraîcheur indéniable a su me faire rester jusqu'au bout, en particulier parce que le premier degré assumé apporte finalement des scènes plus drôles que si l'ensemble se voulait outrageusement débile jusqu'à prendre son auditoire lui aussi pour un débile, à l'image de Tongan Ninja.
Sympa mais sans plus
Déployant mollement son pitch de énième resucée de Rocky, le film est réalisé le plus banalement du monde, interpété le plus banalement du monde et dialogué le plus banalement du monde. Restent quelques combats sympa et l'hilarité de bon alloi que peuvent suciter les exploits d'un catcheur calamar. Rien de bien formidable, juste une bonne tranche d'hilarité de temps à autre et basta.
Rocky à huit pattes
Voilà le type même de film appelé à accéder directement au statut d’œuvre culte, sans qu’il ne soit nécessaire de l’avoir vu pour de bon, l’affiche et le pitch lui garantissant d’avance une bizarrerie incontestable. Et pour être barré, il l’est.
Un catcheur réincarné en calamar géant vient semer le trouble dans le petit monde du catch japonais, avant que d’autres créatures marines ne se mêlent à la fête. Si le propos de départ est plus que farfelu, ce qui lui confère encore plus d’étrangeté et surtout d’efficacité est la façon dont est racontée cette histoire, c'est-à-dire sans le moindre second degré, étant acquis pour tout un chacun que l’existence de ces bestioles est tout à fait possible, le scénario se déroule alors comme pour un classique film de sport de combat, entre dur apprentissage de la vie, combats spectaculaires et moments intimistes suscitant l’émotion. Si les créatures évoquent celles des films américains de SF fauchés des années 50/60, on pense à ce cher Roger CORMAN, leur filiation directe se trouve cependant du côté des Sentai nippons, ces feuilletons ou un justicier extra-terrestre combat de viles monstruosités intersidérales, de X-OR à SHARIVAN & Co. Quant à l’intrigue, elle pompe joyeusement les ROCKY de STALLONE. Entre un héros inaltérable soutenu vers les sommets par une compagne dévouée (la scène de fin de match étant un démarquage total de la saga US, MIYAKO remplaçant ADRIANE dans la bouche du vainqueur), une presse épiant les agissements du champion, les challengers belliqueux (une crevette géante en lieu et place de Mister T…) et la rédemption finale, tout y est.
Le petit budget rajoute à l’incongruité des situations, leur donnant un charme supplémentaire renforcé par le ton bon enfant et la naïveté revendiquée de l’ensemble. Ainsi le calamar portant avec ses huit pattes des enfants dans un parc, lavant le dos de son patron, ou portant les nombreux paquets de sa dulcinée.
La réalisation reste aussi sobre que le reste, se permettant de jolis plans crépusculaires pour les moments de tendresse, un cliché là encore parfaitement assumé. Quant à la distribution, sans en rajouter une seconde, elle rend crédible cette authentique farce et permet de rentrer dans le sujet sans que le moindre clin d’œil complice ne soit lâché, jusqu’à la révélation finale, bienveillant happy- end et ultime hommage à ce sport spectacle qu’est le catch professionnel, même si une gentille critique pleine d’ironie n’est jamais absente, incluant d’ailleurs les médias en général.
Ce ROCKY à huit pattes est donc une jolie réussite pleine de fraîcheur (encore heureux avec un calamar) et sans le moindre soupçon de prétention, le réalisateur Minoru KAWASAKI ayant depuis récidivé dans le bestiaire en adaptant en 2005 avec un autre cinéaste dingo, Takao NAKANO, un manga de Go NAGAI, KABUTO-O BEETLE, un scarabée donc, ensuite pour 2006 ce seront les aventures d’un koala... (EXECUTIVE KOALA). Un vrai zoophile.