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3.62/5
Tatouage
les avis de Cinemasie
5 critiques: 3.85/5
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12 critiques: 3.9/5
La Vengeance est à elle...
Un an après la Femme de Seisaku, Tatouage est une autre collaboration Shindo Kaneto/Masumura Yasuzo/Wakao Ayako réussie. On y retrouve la capacité du cinéaste à reprendre un héritage formel classique tout en y apposant sa propre marque. On retrouve ainsi l'alliage d'une rigueur formelle souvent impressionnante, d'un filmage frontal de la violence et d'une volonté de ne pas faire l'impasse sur l'érotisme présent dans le film précédemment cité. Quant à Shindo Kaneto, il offre un scénario adapté de Tanizaki où aucun de ses thèmes ne manque de développement malgré la durée très courte du film.
Tatouage est d'abord un grand film sur la perte de l'innocence et la réaction de deux etres à cette perte. Son innocence, Otsuya la perdra en devenant geisha. Quant à son amoureux d'apprenti, c'est la passion qui le poussera à tuer. Mais ce dernier ne perdra jamais vraiment son sens moral. Tuer par amour n'est pas naturel pour lui. Etre violent lui fait peur et il ne tue qu'en dernière extremité ou poussé par celle qu'il aime. Otsuya s'accomode en revanche très vite de la perte de son innocence et fait du cynisme une seconde peau. Peu de temps après avoir été tatouée, elle a déjà l'impression de s'etre réappropriée la femme araignée/croqueuse d'hommes qui a été tatouée sur son dos. Et accessoirement d'avoir vampirisé l'énergie créatrice d'un tatoueur ayant le sentiment d'avoir réalisé son chef d'oeuvre. Utiliser son charme pour manipuler les hommes et leur prendre leur argent devient vite pour elle un travail aisé à accomplir. Au risque d'entrer en conflit avec l'homme qui l'aime après leurs retrouvailles tout simplement parce qu'elle ne peut plus etre l'amoureuse sincère d'avant ce qui lui est arrivé. Impossible au début du film à cause des différences de classe sociale, leur amour l'est ensuite parce qu'ils ont été transformés par la vie.
Tatouage est également un beau portrait de femme vengeresse. Otsuya va en effet très vite savoir utiliser sa nouvelle situation et son charme pour se venger de ce que les hommes lui ont fait subir. Au point que c'est son désir de vengeance qui semble lui fournir une raison de vivre, de continuer à etre geisha pour humilier les hommes qui l'ont mise dans cette situation. Car Otsuya est une figure de femme déterminée, sachant ce qu'elle veut dans un univers d'hommes se voulant dominateurs sexuellement ou socialement. Hommes finalement tous très faibles dans leur incapacité à vraiment lui tenir tete. SPOILERS Cette faiblesse, elle l'exploite de façon assumée au risque de surestimer sa maitrise des évènements, sa capacité à "jouer la comédie" devant les hommes. Un peu comme si le vertige du plaisir vengeur finissait par l'enivrer. FIN SPOILERS Reste que son personnage est malgré tout attachant grace à la prestation d'une Wakao Ayako encore en grande forme. Sachant jouer sur les registres de la sensualité, de l'intensité passionnelle comme de la distance froide, elle trouve un grand role de plus sous la direction de Masumura.
On peut donc remercier Zootrope films de poursuivre son exhumation de l'oeuvre d'un grand de la Nouvelle Vague japonaise n'ayant pas bénéficié de la gloire festivalière d'un Oshima et d'un Imamura. Avec les DVD sortis chez Wild Side, ils contribuent ainsi à rendre accessible aux cinéphiles français la richesse du patrimoine japonais hors auteurs (re)connus. Beau travail qu'on leur souhaite de continuer...
Ayako the Goblin
Masumura disait à propos de son actrice fétiche WAKAO Ayako que c’est « une femme très égoiste et calculatrice. Ce n’est pas une femme pure, elle le sait bien ; ce côté vil de la femme, elle a su l’exploiter de manière positive ». A la lumière de ces déclarations qui ont le mérite d’être franches, on apprécie d’autant mieux le numéro d’interprétation stupéfiant auquel se livre cette actrice dans Tatouage : ses kimonos multicolores n’ont rien à envier aux robes de Maggie Cheung dans In the Mood for Love, et l’ambiguïté de son personnage est des plus complexes - à la fois victime des conventions (elle ne peut se marier avec l’homme qu’elle aime) et des outrages d’hommes sans morale (violée puis tatouée), mais aussi manipulatrice et vengeresse (elle joue avec la faiblesse des hommes pour mieux parvenir à leur perte, jusqu’à se brûler). Le rôle du tatouage de l’araignée sur son dos est aussi symbolique que central, puisqu’il semble prendre possession de son corps et de son âme en tissant sa toile sur le destin d’un village.
Si Ayako est époustouflante de talent et de beauté, la mise en scène de Masumura n’est pas en reste non plus : en choisissant à la fois le film de genre (vengeance, crimes et sang) et le film plus personnel (description d’un combat à mort entre hommes et femmes), il aboutit à une œuvre d’une étrange beauté, baignée dans une photographie pleine de couleurs et cadrée au plus proche des personnages.
Veuve Noire
Au-delà de sa thématique particulièrement inspirée sur la possession et le sexe,
Tatouage est aussi le prolongement artistique tout naturel du superbe
La Femme de Seisaku réalisé un an plus tôt, dans lequel il narrait la déchéance sentimentale de deux amoureux passionnels.
Tatouage reprend cette même optique du désire et de la course purement charnelle où l'on voit une Ayako Wakao virer psychologiquement le jour où elle se fit dessiner sur le dos un tatouage d'araignée démoniaque. La symbolique de l'araignée est aussi bien pensée par Masumura dans la mesure où elle représente parfaitement le personnage incarné par Wakao : manipulatrice (la toile) mais aussi fine carnassière (mangeuse d'homme, désireuse de vengeance, de meurtre) rappelant en quelque sorte la Veuve Noire de part sa taille démesurée (recouvrant pratiquement l'ensemble du dos) et son appétit de chaire fraîche. Si il fait parfois pensé à du Jidai Geki traditionnel de part son filmage scopé cadré, ses acteurs à l'interprétation très Misumienne et ses nombreuses séquences en intérieure millimétrées, il fait preuve d'audaces une nouvelle fois "Nouvelle Vague" lors notamment de la séquence du dessin, presque expérimentale d'un point de vue sonore, et sa séquence finale tragique, sorte de croisement expressionniste entre un Wakamatsu et un Shinoda. Pas le meilleur Masumura, même si intéressant pour la définition même de "possession".
classique !
Tatouage est tout d’abord un film formellement splendide avec un sens du cadre et une photo absolument incroyable. Chaque plan est une splendide composition de couleurs vives se mêlant à l’obscurité (la plus grande partie de l’action se déroule de nuit). Un vrai régal pour les yeux ! Quelle joie de découvrir ça sur grand écran !
Cependant, Tatouage est bien plus qu’une simple succession de « jolis plans » C’est une magnifique tragédie de sexe et de mort comme seuls les Japonais savent nous concocter.
La répétitivité de l’intrigue (sexe-meutre-sexe-meutre...) et la description presque mécanique de la façon dont le mal se répand donne au film un coté hypnotique et envoûtant auquel j’ai été très sensible.
Quant à l’interprétation c’est peu dire qu'Ayao Wakao est sublime : D’abord elle est très très très belle (ce qui n’enlève rien !) mais surtout elle montre ici la très grande étendue de son jeu en jouant avec une facilité déconcertante tous les états de son personnage, elle est tour à tour innocente, dominatrice, amoureuse, vengeresse, séduisante, fragile, manipulatrice etc... Du grand art !
Veuve noire
Que dire de "Tatouage" ? Tout simplement déjà que c'est un très beau film et qu'après avoir découvert "La femme de Seisaku", j'avais très envie de voir un autre film du duo réalisateur (MASUMURA Yasuzo)/actrice (la sublime et très belle WAKAO Ayako ) . Franchement, je n'ai pas été déçu . L'histoire est des plus simple : une jeune femme issu d'un milieu aisé est amoureuse d'un commis et se rebelle contre sa famille, Otsuya sera vendue dans une maison de geisha où un tatoueur lui apposera un mystèrieu tatouage en forme d'araignée ... Le thème central de "Tatouage" s'est la vengeance d'une femme qui subit "les injustices" d'une société patriarcale . A la suite des évenements cités plus haut l'heroine subit comme une métamorhose, l'araignée prend possession de son être et la belle Otsuya devient une mante religieuse qui dévore et détruit les hommes en les menant au but ultime : la mort . WAKAO Ayako nous démontre tout l'étendu de son talent dans ce film ; au début du film elle est presque "innocente" et au fur et à mesure que l'histoire avance on a l'impression d'avoir une autre personne en face de l'écran ; de plus sa façon de parler ou de se mouvoir ne cadre pas avec la présence qu'elle dégage . Un film à ne pas manquer et à voir . Vivement une sortie dvd de "Tatouage" et de "La femme de Seisaku", en espérant une sortie cinéma du troisième et dernier film de notre duo de choc "L'ange rouge" .
L'école de la chair
Quelle joie de pouvoir découvrir ,même trés partiellement,l'oeuvre d'un cinéaste méconnu dont seul l'implacable L'ANGE ROUGE était disponible il y a peu.Succédant à LA FEMME DE SEISAKU ,voici donc TATOUAGE,ou,aprés un MANJI de toute beauté, Yasuzo Masumura fait à nouveau appel à un scénario d'aprés une nouvelle de Junichiro Tanizaki,écrivain de la passion des sens et de la perversion.
Cette histoire de tatouage qui révèle à l'héroine son pouvoir de séduction auprés de la gent masculine,est avant tout un portrait plein de subtilité d'une femme à la sensualité débordante mais qui ne connaîtra jamais le simple bonheur.
C'est aussi un drame plein de fureur ,de passion et de sang,ou la fascination de la mort cohabite avec le déferlement des pulsions sexuelles,éternel thème d'Eros et Thanatos,et thématique typiquement japonaise développée tant en littérature que sur les écrans.
Centré autour de la jeune Otsuya,vendue comme Geisha et tatouée dans le dos d'une araignée par un maître (personnage silencieux mais essentiel au déroulement et à la conclusion du scénario),cette histoire démontre tout le pouvoir de séduction de la femme,alors que les hommes ne sont au mieux que des partenaires interchangeables,au pire des pantins mûs par leur seul désir,qui plus est objets de la vengeance et de la volonté de possession de la belle.
On a souvent l'impression d'assister à une luxueuse représentation theâtrale,tant par la gestuelle des acteurs,les scènes d'intérieur ou nocturnes la plupart du temps,le soin apporté aux éclairages,rendant les décors mystérieux proches d'un univers onirique,ou encore par la beauté des costumes (l'importance qui leur est accordée à l'écran est d'ailleurs permanente),et la magnificience des couleurs vives et chaleureuses de la photographie,pleines de la même sensualité que celle que dégage la jeune Otsuya.La beauté formelle du film est constante,et dans cet écrin la sublime muse du réalisateur,Ayako Wakao,en devient vraiment fascinante.D'autant plus qu'elle joue sur plusieurs registres avec le même bonheur,suscitant tour à tour convoitise,jalousie,pitié,dans un rôle de séductrice qui se prend à son propre jeu.
TATOUAGE est un drame populaire au sens noble,touchant à des situations universelles et intemporelles,par une mise en scène flamboyante et une intelligence du propos toujours présente.
Pour citer un autre auteur japonais,une "Ecole de la chair"en costumes d'époque.
Très beau, presque excellent, mais...
Il s'en est fallu de peu, car MASUMURA Yasuzo frôle le chef-d'oeuvre avec "Tatouage", mais hélas deux petits détails viennent entâcher légèrement le film à mes yeux :
- Trop de plans axés sur le tatouage de Otsuya, on en devient presque rassasié vers la fin tellement on l'a vu ; alors qu'au contraire MASUMURA aurait du nous en montrer que peu à chaque fois, pour nous laisser un peu de curiosité et faire durer notre désir. Autant j'ai été fasciné et tourmenté par le tatouage dans le dos de Otsuya durant la première moitié de film, autant j'ai trouvé qu'on insistait trop dessus vers la fin. Disons que ça manquait de subjectivité, que l'araignée qui s'imprègne du personnage était bien trop répétée, un peu comme si MASUMURA avait peur qu'on comprenne pas le message et qu'il en rajoutait une couche...
La morale qui accompagne le tatouage est bien trop étalée devant nous pour être captivante du début à la fin.
- WAKAO Ayako est bien trop expressive pour le rôle qui lui est attribué. Elle en rajoute, ça se sent, toutes les scènes prennent aussitôt une tournure tragique. J'avais déjà eu ce ressenti lorsque j'avais vu "La Femme de Seisaku", ce n'est donc qu'une confirmation. Son charme et son regard fascinant couplés à son caractère bien forgé sont bien sûr des atouts certains, mais je reste convaincu que son interprétation est un poil exagérée. Après en avoir parlé avec quelques amis japonais, il paraît que c'était assez courant à l'époque. Les anciens acteurs possédaient parfois même un jeu quasi-théatral inspiré du Kabuki. Enfin bon, on en est pas là non plus, WAKAO Ayako demeure une très bonne actrice que j'ai aprécié hormis ce bémol.
A part ces deux points, "Tatouage" est d'une rare perfection esthétique, un régal pour les yeux ! Le film vaut vraiment le coup d'oeil, c'est un excellent film que je vous conseille de tout coeur !!!