Chants et contre-champs
"Stories from the North" est en fait un recueil de huit (et demi) docu-fictions tournés par Uruphong au fil des dernières années avec une Beta Cam. Primés au cours de plusieurs Festivals, l'assemblage de ses histoires lui auront permis d'être sélectionné au Festival de Bangkok avant d'entamer une "tournée" de près d'un an et d'engranger d'autres prix au cours de son exploitation (dont le coréen Jeonju Cinefest).
La réalisation de ces saynètes a été motivée à Uruphong par le doux souvenir nostalgique de sa jeunesse et – surtout – la déception de sa vie à la grande ville durant ses études et premières années à travailler à la télévision. Comme bon nombre de réalisateurs actuels (dont Wasanatieng ou Ratanaruang), Raksasad se méfie de l'actuelle explosion économique thaïlandaise et de la fulgurance des progrès capitalistes. Comme abordé dans sa humble contribution dans l'ouvrage
LE CINEMA THAILANDAIS , il regrette les chaussées bitumées ravager les champs fleuris et la quintessence même de son pays s'évanouir dans un passé pourtant pas si lointain. San en faire l'apologie, il tente du moins à préserver, sinon à ressusciter des instants caractéristiques de la vie rurale thaïlandaise, particulièrement typiques de la belle province nordiste de Chiang Rai.
Pour ce faire, il n'hésite pas – de son propre aveu – à recourir à une certaine scénarisation pour dramatiser le quotidien. "A march of time" – ou son frère jumeau "Buffalo" incluent donc des séquences fictives au sein de la description d'un quotidien plus banal; "The Musician" verse carrément dans une pure œuvre fictive (lyrique); mais toutes les scènes ressuscitent instantanément une certaine atmosphère (magnifiques paysages thaïlandais; couleurs et sons typiques du pays) propre à sa région.
Malgré les limites de budget et d'un tournage en DV, "Stories from the North" inclue des nombreux plans d'une beauté à couper le souffle et captive par sa simplicité et fines observations d'un quotidien loin du nôtre.
Des premiers essais, qui donnent follement envie de suivre les futurs pas de ce diplômé en communication, qui travaille actuellement sur un autre documentaire et deux œuvres de fiction.