Le problème de So Close, ce que ce n'est rien. On se demande déjà comment Jeff Lau a pu pondre un tel scénario et on en viendrait presque à penser que son récent Chinese Oddissey 2002 a été scénarisé et tourné par Wong Kar Wai dans son dos. Parce qu'ici le scénario ne fait qu'enchainer un passage de mauvais James Bond à des scènes d'intérieur niveau téléfilm, des retrouvailles amoureuses plus fleur qui pue la niaiserie que fleur bleue à une scène d'étreinte sous la pluie pubeuse bientot interrompue par l'action. Mais bon, ce n'est pas le scénario qui décroche le pompon, c'est la musique et son mélange insupportable de Hans Zimmer, new age, saxos années 80, pianos mielleux, R'N'B vomitif, mauvaise musique de mélodrame et eurodance. Et meme lorsque le film passe un grand morceau (en l'ocurrence They Long to Be Close to You, un des sommets d'un des plus grands songwriters du siècle passé, Burt Bacharach, déjà utilisé lors de la scène d'anthologie de la braguette de Mary A Tout Prix par les Farelly Brothers) cela ne fonctionne pas parce le morceau ne cadre pas avec les scènes d'action.
Et ensuite il y a la réalisation de Corey Yuen: réalisation qui balaye mal l'espace sans chercher à accumuler tous les détails de l'action comme le fait Tsui Hark, faisant un usage malvenu de caméras portées qui donnent une impression de brouillon, son usage gratuit des cadrages penchés et des angles de vue plongeants, sans compter une compilation de clichés visuels hk dénaturés ou made in le pire d'Hollywood (les deux précautions valent mieux qu'une, les vols planés matrixiens, l'accumulation lourdingue d'effets spéciaux et de gadgets high tech à la Mission Impossible), une scène totalement floue (!!!), un flash back noir et blanc accéléré. Le montage des scènes de combat est très mauvais, soit trop ralenti, soit illisible. Et meme lorsque le scénario a une bonne idée -le combat au sabre final- il la gache avec ses caméras portées soulantes qui ne sont là que pour l'épate. Si le Bad Guy du final a une vraie présence, beaucoup d'acteurs masculins ont la présence physique d'une tortue. Et mesdames? Elles font ce qu'elles peuvent avec le scénario navrant en restant toujours propres sur elles tout en oubliant pas d'agiter des cheveux qui restent miraculeusement en place lors des combats. Vu leurs personnages, on n'en voudra pas au trio pas héroique du tout de ne pas offrir de performances d'actrices dignes de ce nom. Du coup, on a envie que Shu Qi retourne fissa chez Hou Hsiao Hsien plutot que d'incarner sans conviction un personnage consternant de niaiserie.
Au final, le seul mérite de So Close est d'etre une réclame de deux heures contre la mauvaise utilisation des capitaux étrangers par le cinéma hongkongais. C'est mauvais mais d'une médiocrité formatée qui fait qu'on y perd le charme category III que peut parfois avoir ce genre-dépotoir qu'est le Guns and Babes.
Déçu, oui j’ai été déçu par car ce film est mou, long, ennuyeux, mièvre. Je savais qu’il y avait un « trou » au milieu du film, mais à ce point, ce n’est plus un trou mais un abyme.
Après une mise en bouche rythmée et agréable pour nos petits yeux friands de zolies actrices bastonneuses, rien, le néant, une romance à 2 balles, avec des pseudos beaux gosses, chiante à mourir. Ajoutez à cela une technologie high tech omniprésente lassante car ridicule (je préfère celle de nos « amis » rapist de Raped by an Angel 4 beaucoup plus drôle), les 1h30 qui suivent l’intro sont difficiles à supporter. Puis vient le final, ce fameux final censé rattraper l’ensemble du film à lui tout seul. Certes, il est d’une durée honorable et les fights sont sympas cependant il ne comporte rien d’extraordinaire. Ça castagne eeeenfin un temps soit peu, mais là encore frustration et énervement sont de mise : trop d’effets numériques douteux. Trop d’effet tue l’effet : le plus marquant est cette volonté quasi obscescionelle de briser le maximum de vitre, vitre numérique bien sûr… attention l’overdose !
Alors bien sûr les filles sont belles, zooms et gros plans sur les décolletés, fessiers et jolis visages de nos 3 héroïnes (, HSU Chi et Karen MOK Man-Wai) sont légions, si seulement ce n’était pas si creux. De jolis minois ne remplaceront jamais un bon scénario ou de l’action en pagaille (ou les 2 à la fois, soyons fou). Corey YUEN Kwai devrait se contenter d’être chorégraphe (comme l’est actuellement YUEN Woo-Ping) et de bien sélectionner ses projets plutôt que de faire des réalisations de ce type. En ce qui concerne sa comparaison avec Naked Weapon, comme le dit ma môman, il ne faut pas confondre les torchons et les serviettes. Les quelques temps morts de Naked paraissent dérisoires par rapport à ceux de So Close, et le scénario est bien plus débile (ce qui est une qualité ici ^__^’).
Si vous êtes prêts à vous taper un trou d’1h30 entre 2 scènes de combat, So Close est pour vous ; pour tous les autres, louez le ou faîtes le vous prêter, matez le début et la fin, et n’oubliez pas de le rendre à son propriétaire ;-).
Un petit actioner hong-kongais qui se réclame de la veine Charlie’s Angels, ça fait déjà peur sur le papier, et ça se confirme malheureusement lors de la vision. Son atout principal et quasi unique se nomme Shu Qi dont la beauté pourtant fatale fait tout juste tenir le coup jusqu’à la fin, ses partenaires étant largement marginalisées : Zhao Wei est bien terne malgré son joli minois, et Karen Mok est bien plus spectaculaire avec une perruque blonde…
Corey Yuen n’a pas su trancher sur son public cible, voulant semble-t-il satisfaire tout le monde sans y parvenir : on a ainsi droit pour les mecs à des plans de jolies filles qui balancent leurs cheveux comme dans une pub ou à un zoom sur une petite culotte blanche, et pour les filles à une intrigue cul-cul la praline et archi-lourdingue… Bonjour le niveau et la considération !
Premier "Girls with Guns" de 2002 juste avant le Naked Weapon de Ching Siu-Tung, So Close est l'occasion de retrouver un des réalisateurs phares du genre à la baguette. Avec ses Yes Madam ! et She shoots straight, Corey Yuen a déjà prouvé qu'il savait faire des GwG ultra-efficace. So Close se rapproche du second en cela qu'il est assez sérieux et essaie d'apporter un peu de substance au scénario. Hélas il est aussi beaucoup plus déséquilibré.
Première lacune évident, le rythme. Le début est très laborieux, les scènes d'action sont un peu rares et surtout mal rythmées. La faute à une réalisation et un montage peu inspirés. On sait bien que Corey Yuen est un bon faiseur, mais ni un Yuen Woo-Ping, ni un Ching Siu-Tung. De plus, il n'est pas aussi à l'aise que ce dernier pour rendre crédibles des acteurs sans grosse formation martiale. Résultat, Hsu Chi ne paraît pas très crédible en tueuse professionnelle, la réalisation faisant plus dans le clip de mode sexy (combien de plans sur les jambes et le petit derrière de ces 3 demoiselles?) que dans le GwG. Les combats sont filmés de trop près, mal découpés, bref, on n'y comprend pas grand chose. Autre facteur ne favorisant pas le rythme, la musique qui souffre du même symptôme que le reste: c'est bien fait, mais le rythme n'y est tout simplement pas du tout. Les scènes d'action sont souvent accompagnées d'une musique qui ne colle pas, même si elle n'est pas mauvaise. La première moitié du film est ainsi plombée par tout ces facteurs.
Ajoutons à ça un doublage assez plat pour Vicky Zhao et Hsu Chi si vous regarder le film en cantonais, ainsi qu'un scénario mielleux et convenu (bonjour les dialogues plats, les flashbacks de série TV), et des effets spéciaux parfois mal faits, je vous laisse imaginer l'impression de départ. Bref, So Close devient rapidement très proche du changement de DVD pour un autre film plus rythmé.
Heureusement, avec une telle équipe, Jeff Lau au scénario, les bons vieux Kurata Yasuaki et Ben Lam, Corey Yuen aux combats, on se disait que tout ne pouvait pas être raté. Et en effet, tout ne l'est pas. Jeff Lau est un bon scénariste, et ici il essaye de faire un She Shoots Straight bis, càd un actioner à contenu dramatique. Les personnages ne sont hélas pas assez écrits pour être pleinement convainquants, mais le contenu s'étoffe au fur et à mesure. Et même si on sait en gros comment le film va se terminer, le scénario révèle quelques surprises suffisamment osées mais pas déplacées dans un film HK. On peut aussi trouver de l'intérêt dans le contenu technologique, pourtant assez risible au début. Quiconque a fait un peu d'informatique sait que les technologies employées sont complètement fantaisistes. Mais le final devient nettement plus amusant avec ses personnages virtuels, et Jeff Lau introduit un peu de fond sur le thème récurrent de l'image et de la mémoire, avec en point d'orgue une belle scène dans le cimetière.
On peut aussi en profiter pour se rincer l'oeil allègrement, chacun choisissant son petit lapin préféré, et croyez moi que Corey Yuen les filme sous toutes les coutures. De plus lorsque le scénario devient plus sérieux, les actrices peuvent suivre et apportent en jeu dramatique ce qu'elles ne peuvent pas martialement. Et puis évidemment, le film s'emballe sur la fin et commence à délivrer les scènes d'action attendues. Même si on n'atteint pas le meilleur niveau des films de bastonneuses, la dernière scène est étonnamment longue et bien rythmée, en opposition complète avec le début plus mal foutu. Ben Lam et Kurata Yasuaki sont dans la place, on retrouve des mouvements bien impressionnants dérivés de ceux de Yes Madam et She Shoots Straight. Bref, le spectateur reçoit enfin ce qu'il attendait.
Au final, il faut accepter de subir la première moitié du film peu inspirée, choisir le doublage mandarin qui rendra les dialogues bien plus réussis et s'amuser de la seconde moitié du film beaucoup plus réussie. So Close est un GwG beaucoup plus ambitieux que Naked Weapon, hélas il ne réussit pas sur tous les tableaux. On n'égale jamais les films avec des vraies artistes martiales, mais quelques idées viennent remonter un peu la sauce.
Et encore, tiens, ça vaut même pas ça.
En l’espace de quelques mois on aura donc eu le plaisir de visionner deux « girl’s with guts » comme le veut l’expression consacrée. Si par rapport aux films des décennies passées So Close et Naked Weapon présentent d’indéniables atouts techniques et -allez on va pas chipoter- artistiques, il reste que les actrices choisies le plus souvent pour leurs agréables plastiques ne possèdent pas la même « intensité physique » que leurs « prédécesseuses » : elles ne savent pas se battre quoi.
Une fois cette limite dans les limites établies, le film perd forcément, dès le départ, quelques points au classement « ATP » de cinemasie. La question est donc : comment le chorégraphe (parce qu’il est si peu question de scénario dans ce type de produit, ce qui n’est pas forcément péjoratif hein !), en l’occurrence un Corey Yuen auréolé de ses participations à différentes grosses productions occidentales récentes, s’en sort-il pour rendre tous cela non pas crédible (étymologiquement on s’en fout) mais plastiquement agréable à regarder, donc pas ennuyeux ?
Et ben moyen, moyen ils s’en sort Corey. Si la première grande scène d’introduction toute entière consacrée à Hsu Qi est d’un niveau technique « international » (comme le reste du film) pour faire concis, le choix musical et les performances de la dame ne sont pas convaincants. D’autant plus que que Corey Yuen, contrairement à Ching Siu Tung, n’est pas capable de faire « combattre des gens sans combattre » de façon spectaculaire. Déjà que ses chorégraphies, notamment depuis le milieu des 90 et en particulier dans l'utilisation des câbles, souffrent d’une petite tendance au « flottement » qui rend les figures plus artificielles que chez la concurrence (les autres chorégraphes)... Donc pour que le bonhomme s’exprime un minimum, il lui faut quand même des acteurs capables d’enchaîner un ou deux coups de pieds d’affilée, ce qui est loin d’être le cas du casting. Les scènes de combats entre Shu Qi et Karen Mok souffrent aussi de ce double handicap cumulé : jamais elles n’arrivent à nous tenir en haleine par les performances des actrices (qui ne ménagent pas leurs peine), ni par celles du chorégraphe qui fait ce qu’il peut avec ce qu’il a (de jolies sfx, sissi).
Heureusement que la grande scène de fin rattrape un peu les choses, grâce aussi à la présence de Kurata Yasuaki qui donne un peu plus d’intensité à l’action. Mais tout ce qui précède est pour le moins soporifique, malgré la très bonne tenue technique (sfx et photo style MTV) encore une fois. Mais ne soyons pas complètement négatifs, outre le plaisir de voir les trois dames têtes d’affiche dans différentes tenues et situations (sans atteindre la « coquinerie » de Naked Weapon) avec des bandes noires au-dessus et en dessous de l’écran, il y a quand même une surprise scénaristique qui réveille un peu vers les 2/3 du film, et un plan de fin qui a fait jaser à HK (si seulement le film avait vraiment exploré cette piste d’ailleurs). Juste de quoi mettre une note un chouïa au-dessus de la moyenne...
Attention,spoilers...
Ah, So Close… Une belle jaquette très accrocheuse qui mériterait presque l’achat du film rien que pour ça mais heureusement, le film qui est sur le disque ne dépareille pas par rapport à la première impression.
Etant vendu comme un blockbuster (qui paradoxalement, n’a rien cassé du tout box-office local), il ne faut même pas trente secondes pour remarquer et mettre à l’honneur la grande qualité générale de la production (un facteur qui a même parfois été absent des tentatives de blockbuster HK genre Gen-X Cops). Mais surtout ce qui attire l’attention, c’est qu’il s’agit de Corey Yuen aux commandes, on pourrait suggérer la corrélation entre le budget confortable et la réalisation de haute tenue mais en toute sincérité, on a peine à croire qu’il s’agit du même réalisateur qui donna plus de quinze auparavant Yes Madam tant le gouffre artistique est énorme (et ce n’est pas seulement une question d’âge). Dire que Corey Yuen a enfin appris à mettre en scène et en valeur correctement ses plans est peu exagéré car même avec l’excuse du manque de moyens, l’absence de talent technique de ses premiers films est à fustiger. Il d’ailleurs assez amusant de constater les clins d’œil qu’il fait entres les combats finals de So Close et Yes Madam, réactualisant lui-même sa propre cinématographie. Ceci dit, on peut émettre un énorme doute quand à sa participation complète au film car les plus attentifs d’entre vous auront remarqué que ce cher David Lai a fait office de réalisateur de seconde équipe sur le film : on ne saura sans doute jamais qu’elle a été sa part d’implication mais ses talents personnels ayant déjà grandement contribué à rendre Saviour Of The Soul anthologique (pour ceux qui en douteraient, je ne saurais que trop conseiller son méconnu Tian Di qui est un vrai plaisir de cinéma à part entière), on peut émettre l’hypothèse d’une influence sur le travail final.
Concrètement, la réalisation est très versatile, s’imprégnant de l’ambiance à part de chaque scène que pour mieux les mettre en valeur : l’exemple le plus récurent est sans aucun doute la différence à tout point de vue entre les scènes d’actions dans le gratte-ciel au début et à la fin du métrage, a côté de ça, on pourra saluer l’utilisation des images satellites à la trame de la course-poursuite en voiture de même que le montage alterné avec la gunfight impliquant Shu Qi mais surtout où la réalisation excelle c’est dans la mise en scène de sa scène finale qui est un vrai modèle de visibilité et de gestion de l’espace contrairement au sur-découpage (et médiocrité de cadrage)du même type de séquence dans Yes Madam. Aussi pour en rester toujours à ce fameux gratte-ciel, il est assez intéressant d’un point de vue cinématographique car peu de plans le définissent de l’extérieur hormis un vague plan de synthèse au début, le fait est surtout qu’inconsciemment il représente un deuxième monde à part dans le film en lui-même, un endroit inaccessible pour le commun des mortels : de l’intérieur les effets spéciaux créent lors de nombreuses vues plongeantes une tour sans sol visible où les différents étages créent un point de fuite dont on ne connaît pas le rattachement à la terre, pour tout dire (et c’est sûrement dans cette optique que son visuel est ainsi) il constitue ce qu’il est commun d’appeler le "final stage" en jeu vidéo (ce qui fait que pour tout gamer, la progression finale des personnages au sein de ce building est assez commune du fait de leurs expériences).
Vendu comme un héritage de la tradition Girls&Guns, So Close sait faire honneur à son public en se rattachant à la grande et vénérable école de Clarence Ford, celle du chic et du toc sans complexes qui n’a pas peur de sublimer ses héroïnes de toutes les façons possibles et au dépit de toute vraisemblance. En cela, l’introduction avec Shu Qi est un vrai cadeau pour les amateurs de plaisirs éphémères : pour caricaturer on pourra toujours qualifier la scène de longue pub pour l’Oréal mais le public potentiel étant essentiellement composé de mâles, les préoccupations au premier abord ne sont pas de disserter sur le féminisme au 21ème siècle mais de dépeindre ses modèles féminins comme des icônes du sexe opposé et ce avec dignité, loin de la vision tordue des productions Wong Jing dont Naked Weapon était le concurrent direct cette année-là (d’ailleurs petite parenthèse : les deux films se valent, possèdent leurs propres qualités/défauts, on en retire un plaisir différent de chacun). D’ailleurs, le film semble même jouer de sa propre superficialité : soit en montrant nos héroïnes jouant en tenue légère dans leur salle de bain ou révélant une partie de leur poitrine lors d’un combat soit de façon beaucoup plus insidieuse en se représentant comme un monde virtuel à part, seulement régulé par le pouvoir des images (le hacking des caméras, la DV de Vicky, la reconnaissance de criminels par Karen Mok, etc …). D’ailleurs tout cet aspect technologique a un double-emploi dans le film. Première utilité pour le scénario évidemment mais la seconde utilité est plus pertinente car via cet élan de modernité, les lieux se retrouvent dépossédés de leur identité. Hong-Kong est ici dépourvu de tous ses éléments caractéristiques (tout au plus avons-nous droit au début à une plan classique de la baie la nuit) qui pourrait déterminer l’endroit aux yeux du spectateur non prévenu mais ici la ville se retrouve transfigurée et l’imagination faisant le reste, il s’agit bien plus d’une riche métropole, prospère et à l’avenir radieux (Tokyo, Séoul ou New York aurait tout aussi bien pu servir pour le tournage). On pourrait même citer en point de comparaison la courte séquence se déroulant dans le même immeuble résidentiel que Time And Tide : là où Tsui Hark en exploitait tous les recoins (cages d’escaliers, etc), Corey Yuen s’en attache uniquement à son élément le plus moderne qu’est l’ascenseur, comme pour fuir ces couloirs vus mille fois tout au long de la cinématographie hongkongaise.
En tant que production asiatique dans le sens le plus large du terme, il était tout naturel que la production vienne chatouiller les pieds de la Corée du sud en intégrant l’un de ses acteurs représentatifs, Song Heung-Sun. Apparaissant entre autre dans Calla, c’est surtout dans la série télé Autumn Tales qu’il se fit connaître, son visage inoffensif amène au film sa part de romance anodine mais quasiment calqué sur les modèles coréens (et même d’ailleurs vraisemblablement tourné sur place si on en juge de la présence des brise-flots caractéristiques en arrière-plan). Se crée alors un important déséquilibre de ton entre la cinématographie des deux pays, comme des bouts de pellicules greffés à la va-vite sur les bobines de So Close. Certes, on pourra toujours dire que le changement de ton et le mélange de genres ont souvent été la marque de fabrique du ciné HK mais ici, il s’agit bien plus d’un choc des cultures handicapant que d’autre chose. Ceci dit, la rapidité d’exécution du script empêche à cette partie mineure du récit de parasiter le métrage dans sa fluidité et son rythme. A l’inverse, l’intégration du vieil acteur japonais Yasuaki Kurata est bien plus pertinente. Il n’a peut-être qu’une seule scène (et 2-3 apparitions dans d’autres) mais le film lui délivre son moment de gloire à part entière dans le duel avec Vicky Zhao et Karen Mok : incarnant à merveille toute la force tranquille du chambara et de son cinéma d’origine, il apporte la meilleure conclusion que l’on pouvait donner aux quinze minutes d’action qui ont précédées. Mais là où cela devient plus intéressant dans ce panorama asiatique, c’est le fait que la version originale est en mandarin, la culture hongkongaise étant définitivement gommée du métrage, il constitue en avant-goût de la digestion progressive de Hong-Kong par la Chine : le choix d’ailleurs de recentrer le films sur Vicky Zhao qui incarne parfaitement l’idée du renouveau chinois, d’une seconde ère qui apportera la prospérité au plus grand pays du monde au travers de l’image de cette jeune actrice modèle (qui ne manqua d’ailleurs pas de clamer bien fort à la presse son adhésion au parti) qui cristallise les espoirs de son pays.
Après la grosse intro d’action de rigueur, le script adopte la forme classique de la première heure de développement où chaque rouage de l’histoire se met en place pour tout faire éclater dans la deuxième heure. Le procédé peut paraître très formaté à l’américaine aux regards des standards HK mais la saga Young&Dangerous adoptait aussi cette structure qui a déjà fait largement ses preuves au niveau attachement émotionnel aux personnages (même si dans le cas présent, il y’en a que peu qui soient vraiment mis avant). Toutefois cette première heure passe assez vite car les scènes s’enchaînent assez vite et les sentiments qu’elles véhiculent varient suffisamment que pour la lassitude ou l’ennui ne s’installe pas chez le spectateur. Mais ce qui est s’avère finalement le plus attachant dans ce film, c’est le potentiel qu’a essayé de donner Jeff Lau à son histoire, disséminant ci et là bien des éléments singuliers par rapport à la volonté de spectacle total…
La désormais image culte de Shu Qi habillée complètement d’un blanc immaculé lors de notre fameuse scène l’Oréal s’avère trompeuse et révèle une fois de plus la thématique de l’apparence (déjà desservie par la réalisation et le côté high-tec) dans le film. Comme elle le dit plus tard, c’est son esprit qui est entachée par le sang, le poids de la culpabilité de ses actes et de son métier de tueuse, une chose qu’elle veut éviter à sa sœur malgré le fait que toutes les deux ont assisté à la mort de leurs parents et qu’elles auraient dû en toute logique suivre une orientation commune. La relation entre ces deux sœurs est inhabituelle car elle révèle un aspect maître/élève, voire mère/fille et c’est surtout dans cette optique que se justifie la construction du scénario en deux temps. Premier temps avec Shu Qi comme point central de l’intrigue, second temps où Vicky prend au fur et à mesure de la présence à l’écran pour relayer sa sœur et c’est l’un des aspects les moins développés au premier degré par So Close mais qui justifie la trame générale car en poussant le raisonnement jusqu’au bout, So Close s’avère être dans le fond un pur film "coming of age", l’étape à laquelle chaque personne finit par devenir adulte, grandir d’une manière ou d’une autre et dans le cas présent , cette étape se fera via les larmes et le sang. L’insouciance de Vicky au début du film laisse place au fur et à mesure à l’étouffement qu’elle éprouve du fait du protectionnisme de sa sœur-mère et on sent poindre chez elle un début de rébellion contre elle son choix de couple avec Song Heung-Sun : ce rejet se retrouve d’ailleurs assez bien dans l’attirance grandissante qu’elle éprouve pour Karen Mok, sa sexualité différente constitue pour elle une sorte d’émancipation par rapport au modèle qu’est sa sœur. Mais c’est réellement lors de la mort de Shu Qi, que le film prend son envol émotionnellement, il ne reste plus qu’à Vicky de s’affirmer elle-même en allant dessouder les bad guys de service et avouer son amour à Karen. Après être devenue une femme à part entière, elle quitte l’immeuble de la même façon que sa sœur mais ici, entachée de sang et de toute l’histoire et les sentiments qu’elle véhicule : le côté fashion du début vole en éclats pour laisser place à l’être humain plutôt qu’à la figure héroïque et ça c’est ce qui élève So Close au-delà du simple blockbuster de base.