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Snow in Spring

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2 critiques: 3.25/5

visiteurnote
Mounir 3
Bastian Meiresonne 3.5


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Se mettre son père à dos...

Définitivement le meilleur film de Hiroshi TODA à ce jour, le réalisateur réussit à mêler adroitement un scénario malicieux avec des souvenirs personnels et expériences professionnelles psychiatriques formant un vibrant hommage à son père. Une œuvre qui mérite d'être découverte de par le monde. Suite à son retour à la réalisation avec sa réussie comédie dramatique 6 Jizo, TODA enchaîne avec un projet plus personnel. Coécrit avec son fidèle acteur et co-scénariste Katsuhiro YAMAMURA (Wayajan), il s'appuie autant sur ses expériences professionnelles en psychiatrie que sur des souvenirs personnels pour imaginer le douloureux drame familial. Ressemblant à s'y méprendre au célèbre conte de La Ballade de Narayama, TODA se défend d'avoir voulu en réaliser une libre adaptation mais plutôt avoir voulu rendre hommage à son défunt père. Atteint d'une paralysie en fin de vie, TODA avait pour habitude de porter son père sur son dos. Ce dernier avait alors dit en plaisantant, qu'il tenait là sa juste revanche sur les nombreuses heures qu'il avait passé à tenir son enfant dans les bras quand il n'était encore qu'un bébé. Le réalisateur injecte un autre élément autobiographique au scénario. Après l'abandon du père dans la forêt, le personnage de YAMAMURA se retrouve alors dans une étrange maison dans laquelle prendront place d'horribles événements. Constituant un second revirement totalement inattendu dans une intrigue décidemment riche en rebondissements, TODA renoue avec un surréalisme surtout présent dans ses premiers métrages. Sans lien aucun avec le restant du métrage, la clé de cette séquence ne pouvait être donnée que par les explications du réalisateur. Cherchant à créer des films avant tout porté sur le ressenti, le cinéaste a voulu souligner par une séquence particulièrement forte les tourments de l'esprit de son personnage principal. En écrivant le scénario, le cinéaste s'est souvenu d'un repas avec des membres de sa famille qu'il n'avait jamais encore rencontrés auparavant. N'étant qu'un enfant, il avait ressenti un profond malaise en présence des adultes qui se disaient proches, mais ne lui étaient pas moins totalement étrangers. L’abandon du père abandonné au milieu d'une forêt lui évoquait ce profond malaise du repas de famille et lui inspirait l'idée de la séquence onirique dans la maison perdue dans la forêt. Inattendue et néanmoins désarçonnante, l’atmosphère particulière de la scène réussit à retranscrire l'effet voulu et de contribuer à la réussite du film. Puisant dans ses expériences professionnelles dans la psychiatrie, TODA retranscrit parfaitement l'état de sénilité du personnage du père. Dans son premier rôle (tout court), Shoji YAMADA compose un personnage criant de vérité. Ayant depuis toujours rêvé de faire l'acteur, il s'est documenté sur la sénilité et a longuement observé de vieilles personnes. Son interprétation force l'admiration, tant il fait oublier qu'il ne s'agit que d'une interprétation. Sans artifices, la mise en scène dépouillée de TODA rend parfaitement justice à cette incroyable performance d'acteur. Ses années de travail dans des hôpitaux psychiatriques lui ont permis de prendre le recul nécessaire pour filmer sans aucune complaisance et avec une froideur clinique l’état de sénilité du père de YAMAMURA. La scène où le vieil homme frappe violemment sa petite-fille pour pouvoir manger l'écorce d'une orange à même la poubelle est une véritable leçon dans l'art de créer une véritable tension difficilement supportable. Dans le difficile rôle du fils, l'acteur et co-scénariste de nombreux films de TODA, Katsuhiro YAMAMURA, est également convaincant. Tout en retenue, il semble traverser la première partie du film comme dans un rêve éveillé, jusqu'à la séquence onirique dans la maison dans la forêt qui agit comme un électrochoc sur lui. Pour la première fois conscient de ses actes, il trouve le courage de s'assumer et de prendre sa vie en mains. "Snow in Spring" commence – à raison – à faire l'objet de nombreuses sélections dans de Festivals européens. Dès les premières images, l'attention est entièrement captée par le difficile portrait de la sénilité du père de YAMAMURA; la suite riche en rebondissements ne fera jamais retomber cet état de fait. Une magistrale fable sur le difficile problème de la vieillesse – plus que jamais d'actualité. (Critique extraite du dossier consacré au réalisateur sous : le site EIGAGOGO )

26 avril 2006
par Bastian Meiresonne


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