La horde sauvage
Pondu en 1989, Shogun’s Shadow est au chambara ce que La horde sauvage fut au western américain, à savoir un chant du cygne(*) doublé d'un baroud d’honneur ultra violent. Aux mastodontes Ken Ogata et Sonny Chiba de succéder, un peu plus à l’est, aux icônes William Holden et Robert Ryan. Et à la construction du film de révéler d'autres similitudes, avec un affrontement homérique d’entrée de jeu (de massacre), et une boucherie sans espoir à la fin. Sans atteindre la maestria de la mise en scène du grand Sam, Yasuo Furuhata s’en sort avec les honneurs. Sa narration est inspirée. Elle sait être ample pour les scènes d'extérieur, et plus intime pour les conversations serrées, qu'il s'agisse d'échanges verbaux ou de passes d'armes, d'ailleurs. Et les quelques ralentis proposés sont des plus pertinents. C’est notamment le cas lors d’explosions bruyantes (à la dynamite !), ou lorsque les chevaux s’en prennent plein la crinière, assurant des cascades dignes de thaïlandais suicidaires. Ils se gaufrent d’un pont, s’étalent comme des m….. dans les rochers, et glissent, ridicules, sur un piège de bambous, pour se ramasser comme des clowns en bout de patinoire. On a mal pour eux. Ces ralentis ne sont toutefois pas de mise pour les superbes duels aux sabres, rapides comme on les aime et intelligemment fusionnels avec les excès typiques du manga. Entendez par là que les combats sont gorgés de cabrioles et autres traversées de toits et murs pour faire durer le plaisir. Et plaisir il y a, car tous les personnages existent, les enjeux sont concrets, et la dramatisation de chaque coup d’épée réussie. Ceci en guise de spéciale dédicace aux kitamurasseries actuellement en cours au pays du rideau fermé sur le soleil levant.
Malgré des défauts bien présents: une action parfois un peu « too much », un effet spécial méga foireux pour illustrer la traversée d’un ravin, et, surtout, l’incrustation débile d’un morceau rock à la Bon Jovi en plein milieu d'une scène de bataille furieuse (arghl !), le métrage assure le show tout du long. La musique de Masaru Sato (Goyokin, Le sabre du mal) est une tuerie de tous les instants, les passages gores abondent (œil transpercé en gros plan par un javelot, bras disséminés au grés du décor…), un mercenaire shaolin nous fait une démonstration jouissive de son art… bref, ça ventile, ça disperse, sans que le film n’oublie pour autant de ménager quelques temps calmes. Ainsi, il est difficile de rester insensible devant la scène de luge entre le ronin joué par Ken Ogata et le jeune fils du Shogun. Le vieil homme en fuite y sacrifie de son précieux temps pour divertir le jeune garçon, et en profite, en passant, pour lui apprendre un ou deux rudiments de la vie. Et à nos héros, l'espace de quelques minutes, de se comporter comme des mômes. Cette scène est belle à en pleurer. Comme le film.
HK Video nous avait sorti sa VHS il y a une dizaine d’années maintenant (aïe, déjà ?), et c’est une excellente nouvelle de voir enfin arriver ce monument bourrin en DVD. Au suivant.
(*) A ne pas confondre avec le "champs du signe", celui de Mel Gibson, où des racailles d'extraterrestres font des tags à même la terre. Ah les sagouins!
Euh... petite La horde alors hein, petite, petite.
D'emblée, la touche téléfilm (grain trop propre sur lui, mise en scène ultra banal) calme bien les ardeurs. Ensuite, Shogun's Shadow est plus un film de cascadeurs qu'autre chose, pas vraiment Thaïlandais, plutôt Bartabas ou Rémi Julienne à vrai dire. Les chevaux eux, sont peut-être thaïlandais vu qu'on se demande vraiment si ils ont survécu à certaines chutes. Quant à Peckinpah, il en reste l'idée du groupe de mercenaires qui tient à protéger le prince innocent contre l'armée entière du Shogun et contre toute logique cartésienne, quelques ralentis davantage "Agence tout risque" que "la horde sauvage" et la scène du pont qui s'écroule plagié au plan près.
Pour le reste, le scénario est minimal, le cast se la coule douce hormis quelques gueules plus expérimentées qui sauvent un peu l'ensemble et les personnages sont très peu approfondis. Un bon milieu du film consiste à une interminable poursuite à cheval égayée d'un titre pop rock qui ne va pas du tout, telle une réminiscence des BO 80's bisseuses du genre chambara San Ku Kai à la
Shogun Ninja, lui-même bien plus blindé en action pour sa défense, mais beaucoup plus risible aussi. On a tout de même droit a quelques beaux mannequins en mousse en supplément dont un cheval en carton explosif, un prince balloté la tête à l'envers et un mec qui brûle qui porte en fait un masque du mec qui brûle (bien rigolo celui-là) et finalement la scène d'intro reste aussi la plus réussie chorégraphiquement parlant.
Bref, c'est du B nippon tenu de justesse par une trame sérieuse, pas inintéressante à la base, mais trop light, avec de l'action violente à bonne dose certe, un peu de fun mais surtout un ensemble assez creux et peu impliquant, maladroitement mis en scène, interprété sans grande conviction et bien loin derrière les réussites du passé qui revisitaient aussi le chambara, comme l'excellent Shogun's Samourai de Fukasaku par exemple. Heureusement qu'il est dans le même coffret HK Video d'ailleurs...
ps : ah oui, et le coup du mec qui se fait transpercer l'oeil par un javelot, mouahah, trucage bisseux déjà vu dans Life of ninja qui consiste à insérer très brièvement un plan montrant une photo de la victime en gros plan (dans la même position que le plan précédent) subitement transpercée au niveau de l'oeil par une aiguille à tricoter. Mais là, c'est beaucoup mieux fait, ne soyons pas chiche. ;)
tres tres bon chambara
c'est un des premiers films de sabre japonnais que j'ai vu et bien j'ai pas été decu .c'est tout bonnement remarquable. des combats epiques et une intensité tout au long du film font de shogun's shadow est tres tres bon film. a voir absolument.
23 décembre 2002
par
jeff
Ca n’arrête jamais !
Un film de sabre avec une action intense : on ne se lasse jamais.
Les combats sont beaux, on a même le droit au bâton ivre ! Les personnages principaux sont des samourais n'ayant peur de rien.
Le scénario est des plus simple, mais il habille bien ce festival d'action.
A voir pour se divertir !
Du fun, et pas grand chose d'autre.
"Shogun's Shadow", c'est un peu l'antithèse du chambara classique. Ici, on discute peu et on attend pas 2 heures pour se fritter.
Niveau scénario, c'est très basique : d'un côté, un méchant Shogun qui a renié son tout jeune fils et qui veut le tuer, ainsi que ses accolytes (dont le charismatique Sonny Chiba) ; d'un autre côté, un groupe de gentils combattants (emmenés par Ogata Ken) qui va récupérer le gosse et s'enfuir avec. Le reste, c'est donc la poursuite entre les méchants et les gentils. Voilà, en schématisant au maximum, ça donne ça.
"Shogun's Shadow" est à prendre avant toute chose comme un divertissement. Les scènes de combat font plus penser à un Wu Xia chinois qu'à un Jidai-geki, avec des personnages dotés de différentes aptitudes martiales, arrivant souvent à défier les lois de la gravité, un combat dans une forêt de bambous, etc... Ca donne donc des scènes très fun, mais parfois un peu brouillonnes dans leur execution.
Et il y a aussi des cascades... Le film revêt d'ailleurs un cachet "aventure" à un moment, lorsque le groupe de gentils va devoir traverser une étendue d'eau située une dizaine de mètres en contrebas, en se glissant le long d'une corde accrochée à l'horizontale entre deux arbres. Sauf que par manque de moyens, la scène est bâclée avec de fréquents gros plans sur des incrustations de personnages mal faites, et sa longueur excessive finit par exaspérer.
Mais le film se rattrape lors de quelques scènes spectaculaires mieux mises en valeur, comme par exemple dans la grande bataille du dernier tiers du film, lorsqu'un cavalier se met le feu avant de se lancer à l'assaut, et se jette sur ses adversaires avant que son cheval n'explose (oui oui, il explose, le cheval).
On l'aura compris, "Shogun's Shadow" est un film qui ne se prend pas au sérieux, mélangeant plus ou moins habilement le divertissement à la hongkongaise avec un univers et un contexte de Jidai-geki. Un film qu'on trouvera génial ou très limité, c'est au choix.