Romantic Island c’est du cinéma inoffensif, mais ça tout le monde le sait dès la lecture d’un pitch aussi mignon qu’un coucher de soleil entre amoureux et aussi doux qu’un cocktail à la fraise au bar du coin. Cette vision idyllique et stéréotypée des vacances à la mer se ressent à chaque plan du film du cinéaste Kang Cheol-Wu encore loin de se faire un nom dans l’industrie du cinéma coréen. Encore loin aussi de prétendre à apporter quelque chose de cinématographiquement intéressant dans un univers où les bons sentiments règnent par-dessus tout. Ils ont même le monopole sur tout, annihilant en un sourire Ulzzang les rares élans dramatiques potentiels : dans cet océan de légèreté, les funérailles rassemblant Kang et sa sœur auraient pu déboucher sur bien autre chose, le contrat posé sur la tête de Joong-Sik ou encore l’image de la pop-star (Kim Yu-Jin) fatiguée du stress médiatique auraient pu faire de Romantic Island un melting-pot de genres assez fameux mais tout reste à l’état d’insignifiant. La légèreté du film est paradoxalement son plus gros poids, l’empêchant ainsi d’être autre chose qu’une variante sage du film de vacances où l’on suit le destin de trois « couples » de la Corée du Sud aux Philippines. Il manque le piquant et les vannes sous la ceinture de la comédie californienne pour tenter ne serait-ce que la comparaison avec les « rois » du film en tongs, dans Romantic Island on évite tout ce qui ressemble de près ou de loin à des câlins ou à des échauffourées sentimentales, à des révoltes, dans un pur souci de « the world is beautiful ».
Le film porte en fait particulièrement bien son nom, on reste à l’état de romantisme, on lit Platon avant l’écriture du script et l’on se frotte par-dessus le fut’, c’est tellement plus excitant. Non, en fait on se serre juste les mains ou l'on se jette un regard complice. Mais le film est tellement « fin » qu’il évapore le moindre doute grâce à des sous-entendus qui plairont clairement aux adolescent(e)s, comme cet épilogue entre Kang et la virevoltante Soo-Jin à coups de jeux complices annonçant clairement quelque chose de plus concret entre les deux, bien plus que ce que la poignée de main ne laisse sous-entendre. Le manque d’implication dramatique dans Romantic Island nuit gravement à sa crédibilité. Ceci est criant dans la relation entre la chanteuse pop Ga-Young et le looser Jung-Hwan où la moindre complication n’est en fait « pas si grave », où les moindres caprices de la star ou les envois de photos personnelles de Jung-Hwan posant avec elle n’entraînent finalement rien de bien important, ils finiront par se faire des guili-guili et plus encore. Une des évidences du film, tant qu’on en parle, c’est l’image : à l’époque où le phénomène débile Ulzzang (ou Uhljjang) est déjà bien implanté, Kang Cheol-Wu en rajoute une couche dans la démonstration de "qui fait de son visage le plus beau/parfait/trognon" lors des nombreuses séquences photos du film impliquant les actrices Kim Yu-Jin (ou Eugene), Lee Su-Gyeong et l’acteur Lee Min-Ki. En résulte alors des séquences de shooting d’une niaiserie pas possible n’aidant pas vraiment ces héros sans talent. Seule Lee Su-Gyeong et son partenaire d’un temps réussissent à tirer leur épingle du jeu avec leurs profiles diamétralement opposés les rendant finalement attachants.
Pourtant s’il n’apporte rien de plus à la comédie romantique ensoleillée, Romantic Island reste agréable et distrayant de bout en bout. On se demande encore comment puisque rien ne ressort du film, pas même un scénario tenant sur des rails, pas même cette mise en scène sans géni, pas même ses mécanismes qui l’enferme dans ses propres facilités. Le fait que le film s’intéresse à trois couples différents en quasi temps réel apporte sans doute cette légèreté de ton et une certaine liberté dans la narration, affichant une étiquette claire sur chaque personnage pour mieux les identifier et les connaître davantage (mais dans le genre, le britannique Love Actually est mieux joué et mieux filmé). Malgré ses défauts et le niveau aléatoire de son intrigue, Romantic Island réussit donc le pari d’être amusant et léger le temps d’une soirée un peu triste. C’est déjà ça de pris.
Romantic Island, c'est tout d'abord un titre qui fait peur avant même de mettre la galette dans le lecteur DVD. Ensuite, c'est un film qui sent bon les arôme de cinéma coréen bien commercial, avec son image léchée et ses musiques complètement dans le ton de la comédie romantique, ce qui, nous allons le voir, n'est absolument pas contradictoire avec la suite du film. On suit donc les aventures de six Coréens qui se retrouvent, chacun pour une raison bien différente, à voyager aux Philippines, du vieux couple qui part en vacances à la chanteuse qui fuit le star system, en passant par le type qui va aux funérailles de son père. Pour rester tout à fait honnête, même si les personnages son stéréotypés à mort et que globalement, le scénario n'apporte strictement d'original ou d'inattendu, le tout marche plutôt bien. On reprochera ce coté compartimenté dans lequel les trois couples ne se croisent jamais, mais on se réjouira d'un première demi heure (après l'installation) très amusante pour sa part d'auto-dérision, dépeignant le touriste coréen plutôt fidèlement.
Coté décor, puisque le film est censé se dérouler aux Philippines, si l'on apprécie les décors naturels, on déplore néanmoins les nombreuses scènes tournées en studio devant un fond dont le contraste avec le premier plan suréclairé renforce l'aspect statique. De même, il est dommage de ne voir quasiment aucune intéraction avec des habitants locaux, l'histoire ne se passant qu'entre Coréens (même les personnage secondaires sont coréens), mise à part la partie de l'assassin, qui assure le semblant de suspense du film. Les acteurs, quant à eux, ne sont pas vraiment bousculés dans leurs stéréotypes, ne jouant strictement que ce qu'ils ont l'habitude de faire : Lee Seon-gyun en homme d'affaire sérieux, Lee Min-gi en jeune plutôt maladroit mais sentimental, et Lee Mun-shik en comique de service au destin tragique.
Au final, un comédie qui se laisse regarder mais qui n'est pas sans souffrir de gros défauts, comme un scénario totalement prévisible et des acteurs qui ne cherche pas à se dépasser. Et encore, sans parler de la grosse pub pour Naver qui tâche bien en fin de film.