Route moyenne
Au rayon des films où la Corée du Sud revisite la face noire de son histoire récente, The Road Taken a le mérite d'éviter les pièges de la lourdeur et du manichéisme comme celui de la dénonciation trop timorée des errements de son pouvoir politique. Son scénario décrit ainsi sans lourdeur, parfois de façon frontale, parfois de façon suggestive le prix qu'ont eu à payer ces prisonniers pour conserver leur liberté de conscience. Et ce sans idéaliser ni diaboliser ceux qui eurent à appliquer les ordres gouvernementaux. Les personnages campés par Kim Jung-gi et Ahn Seok-hwan se retrouvent ainsi séparés par le contexte politique de la Corée du Sud de leur temps alors qu'on sent entre eux l'amitié possible. Ce dernier point évoque bien évidemment Joint Security Area. Pour autant, The Road Taken n'arrive pas à égaler ce film-là. Tout simplement parce que si des acteurs en état de grâce tiraient le film de Park Chan Wook vers le haut aucun élément n'arrive ici à rendre le film un minimum mémorable. La limite du film, c'est le parti pris d'ensemble de sobriété choisi par Hong Ki Sun. Et entre sobriété et retenue trop froide la frontière est mince, frontière allègrement franchie par le film. La mise en scène offre en effet un minimum syndical de sobriété classique pas aussi renversant qu'aurait pu l'être une épure extrême ou une stylisation flamboyante. Le film manque en outre de rythme. Quant aux acteurs, ils jouent bien dans un registre retenu mais ils ne sont pas assez poignants dans cette retenue pour rendre le film un minimum émouvant. Le score est quant à lui peu inspiré, parfois quelconque, parfois trop mièvre. D'où une oeuvre qui reste très en deçà du potentiel de son scénario. Dommage...