Paroles, paroles, paroles…
…ou si peu dans ce véritable ovni cinématographique indonésien, qui est malheureusement très difficilement visible en raison de son extrême spécificité, qui lui a valu de ne jamais se faire distribuer ni en VCD ou en DVD…Seule chance de le voir, c'est dans les circuits festivaliers ou à la Cinémathèque indonésienne. Fort dommage, car il s'agit d'un chef-d'œuvre en puissance, comme rarement on en aura vu. Quand on et sensible à un certain cinéma expérimental, extrêmement lent et qui s'adresse finalement uniquement aux cinq sens.
A commencer par ce magnifique prologue d'un plan fixe sur le lent défilement de nuages cotonneux dans un ciel bleu azur; alors que l'ennui guette ou que l'on soit totalement absorbé par la beauté très simple de ce phénomène tout naturel, un soudain crépitement dans l'image, comme parasitée, met tous les sens en éveil ! On sait, que l'image n'est pastelle, qu'on le perçoit, qu'on est livrée à la merci d'un Dieu Tout-Puissant du film, le réalisateur en personne et que le film risque de surprendre…Œil et esprit sont avertis, tous les sens aiguisés avant de se faire endormir à nouveau par les hypnotiques chants de la magnifique Asih, diva de soir pour les villageois, alors qu'elle masse les pieds de son mari / homme du jour dans son étrange demeure. Des métaphores (la soumission de la femme dans le carcan familial indonésien), le film en regorge, jusque dans ces ultimes séquences, mettant cette fois à contribution le cerveau en faisant directement appel à la situation politique si particulière du pays (et de tant d'autres): au lieu de véritables solutions, le gouvernement n'envoie que de nouvelles paroles et promesses pour s'assurer les prochaines élections…Se faire élire sur des promesses d'un temps meilleur, voilà ce qui est inédit. Magnifique !!