Cruel, authentique et émouvant, voici un très beau film…
« Lorsqu’on est la mère d’un enfant handicapé, on lui consacre toute sa vie ». Telle est, à peu près en ces mots, l’ouverture de Plus fort que le silence, qui traite d’un sujet à la fois grave et cruel, la vie familiale avec un enfant dit différent. Le personnage interprétée par GONG Li a mis au monde un enfant sourd mais qui, grâce à une prothèse et une intelligence développée, réussit à parler même s’il a des difficultés à articuler correctement. Seul problème : l’intégration parmi les autres enfants ne se fait pas. Tout d’abord à cause de l’éducation nationale chinoise qui le refuse sur les bancs de l’école faute à un examen d’entrée discutable, ensuite parce que les centres d’accueil spécialisés ne sont pas adaptés à son cas, enfin parce qu’il est sujet aux moqueries des autres enfants qui, on le sait, peuvent être d’une méchanceté redoutable entre eux. C’est d’ailleurs à la suite d’une bagarre que le gosse va casser sa prothèse, prothèse SIEMENS valant la bagatelle d’un an de salaire… Pas le choix, il faut bien la remplacer, et c’est ce que sa mère va s’efforcer de faire « au biceps » comme on dit…
A travers une histoire simple, un drame microscopique à l’échelle de la société chinoise mais ô combien essentiel dans la survie de cette famille monoparentale (j’ai oublié de dire que le père a abandonné sa femme et son gosse quand il s’est rendu compte des difficultés qu’impliquerait ce handicap…) et qui nous concerne tous plus ou moins directement, Sun Zhou décrit sans complaisance la vie plus que difficile de cette femme qui se doit de consacrer entièrement sa vie à son fils au point de démissionner de son emploi de contremaître, afin de lui faire découvrir tous les sons du monde et de lui apprendre à parler correctement. Devant tant de générosité et de simplicité, choses qui se perdent un peu de vue dans nos contrées, on ne peut qu’acquiescer…
Mais ce à quoi j’ai été le plus sensible, c’est cette force de narration, ces rebondissements réguliers et cette qualité d’interprétation (Gong Li est totalement convaincante) qui font entrer dans le film avec une facilité déconcertante, qui donnent envie d’apporter tout le soutien possible au combat de cette femme qui pourrait bien être un jour la nôtre, et qui font oublier l’espace d’un court instant que l’on se trouve dans une salle de cinéma. On est projeté dans un autre monde, et c’est bien là tout ce qu’on demande au cinéma.
émouvant
Malade ce film, ceux qui croyait que seul Kaige et Yi-mou pouvait faire du cinéma en Chine un petit nouveau crève de talent et nous l'a démontré avec la superbe Gong Li avec un rôle très loin de ses concubines et se rapprochant plus des interprètations de Vivre et Red Sorghm.
un peu decu.
On s'incline
Dans la catégorie rôle sur mesure prisé en vue d'un quelconque prix d'interprétation, Gong Li, cabotine "au poil" dans ce chef-d’oeuvre mievreux made in china. Du mélo fabriqué en usine pour amateur de catalogue IKEA en manque de romance lourdingue. Du sentiment, du sacrifice dosé et re-dosé selon un savant calcul maladroit et cliché. Suivre le parcours de cette jeune mère divorcée, qui seule contre tous se bat pour que son fils atteint de surdité puisse s'intégrer socialement "comme les autres" à l'école, dans la vie, nécessite autant de courage que cette même mère. L'on oscille bizarrement entre des parties tournées brutes et naturalistes et d'autres, clairement empruntées sauvagement à une esthétique de mauvais téléfilm. Le contraste débauche le film vers le néant total. Où tout paraît décidément programmé et destiné à nous faire verser la larme idéale. Cette mauvaise recette pure soupe passée au hachoir du pays de toutes les libertés individuelles, ne laisse pas même entrevoir le goût d'une oeuvre qui sans la censure aurait pris de la consistance. Non, on s'ennuie ferme, on s'exaspère d'un tel produit calibré sur mesure dans la démesure, où l'émotion est un boulet de canon.