Ordell Robbie | 1 | Hong Kong 1 Japon 0 |
Elise | 3 | Idée peu originale mais film agréable |
Alain | 2.75 |
Certes, le manga dont est tiré Ping Pong date de 1996. Néanmoins, on ne peut s'empecher de voir dans son adaptation au cinéma une tentative de l'industrie cinématographique japonaise de répondre au succès de Shaolin Soccer: meme idée du sport comme moyen de revanche et de l'entraineur qui a des comptes à régler avec son passé. Si d'un point de vue financier l'objectif a été atteint au moins à l'intérieur des frontières du pays du soleil levant, il en est tout autrement d'un point de vue artistique. Le film n'est pas non plus la catastrophe totale à la Volcano High: il y a relativement peu de scènes filmées de façon clippeuse (grande tentation des adaptations live de manga), Takenaka Naoto joue assez bien son personnage de coach et la réalisation hors des scènes sportives est le plus souvent plate mais pas catastrophique. Mais pour le reste, le film souffre principalement de sa lenteur rythmique: déjà que le sujet n'est pas palpitant, le rythme n'aide dès lors pas à se sentir concerné par le récit et du coup le film n'est meme pas divertissant. Les quelques tentatives de gags tombent à l'eau et à la fin du film le potentiel dramatique du fait qu'un des participants joue blessé n'est meme pas exploité. Le film comporte beaucoup trop de dialogues longs et inutiles. La lenteur de la réalisation ote aux scènes d'entrainement tout dynamisme. Quant à la plupart des acteurs, ils ne sont capables que d'alterner grimaces et expressivité d'un tank. Sur ce dernier point, mention spéciale aux acteurs jouant l'équipe de ping pong composée de sosies de Franck Leboeuf. Dès lors, les personnages de Peco et Smile ne sont que les clichés de l'adolescent grande gueule et du timide parce que le jeu des acteurs les prive d'épaisseur psychologique. Mais venons-en à la mise en scène des scènes sportives: là, la réalisation ne sait plus sur quel pied danser, hésite entre trop de lenteur, abus de ralentis, filmage plus dynamique mais confus et le découpage rythmique des matches est catastrophique. En outre, les effets sonores sont très lourds. Au rayon de la mauvaise épate visuelle, on a le filmage ultramaniériste des scènes sur le pont ainsi que l'usage d'hideux filtres verts lors des scènes en flash back. Et le film est porté par un score musical qui nous ramène aux pires heures de l'eurodance. Le seul mérite de ce film où il ne se passe rien est d'etre bon pour la part de marché du cinéma japonais à domicile. Et s'il est moins mauvais qu'un Volcano High dans l'esprit "manga live", cet anésthésiant ne fait pas oublier le feu d'artifice signé Chow Sing Chi.
Avec une idée à la base peu originale, on pouvait s'attendre à un film convenu comme la plupart des films sur le sport. Celui-ci ne déroge d'ailleurs pas à la règle ; sa seule originalité étant qu'il se situe dans le monde du ping-pong, ce qui est particulièrement rare. Concernant le schéma scénaristique, il ressemble à n'importe quel autre film ; en effet, plusieurs écoles rentrent dans une compétition inter-école, et les deux personnages principaux, de la même école, sont un jeune excité bon au jeu mais pas tant que ca et son ami blasé qui joue juste pour le plaisir et laisse les autres gagner pour ne pas les décevoir. Ainsi le premier passe pour le bouffon qui se prend une grosse désillusion qui va le décourager pour reprendre confiance ensuite et se surpasser, et le deuxième va devoir prendre goût à la victoire pour vraiment montrer ses talents sur la table.
Comme on s'attend à voir toutes ces choses dans un film de sport, et que les plâtres du genre ont été essuyé depuis longtemps, on a le droit a un film qui essaie d'éviter les erreurs stupides comme les grandes phrases philosophiques bidons, utilisant des formules plus sobres pour faire passer la beauté du jeu avant l'esprit de compétition. Par contre, on peut se demander comment le blasé change d'opinion sur le sport et rentre de pleins pieds dans la compétition car ce n'est pas vraiment très bien amené. En outre, on a le droit au cliché du vieil entraîneur-je-sais-tout-je-l'ai-fait-avant qui raconte une histoire ; histoire se répétant évidemment au jeune sportif qu'il entraîne.
D'un point de vu technique, c'est très bien mis en oeuvre, la difficulté étant de filmer un match de ping-pong de manière à ce qu'il apparaisse réaliste et rapide. Comme on peut très logiquement douter que les acteurs ne sont pas nécessairement des pros de ping-pong, on peut imaginer qu'avec un peu d'entraînement, ils ont pu négocier eux-mêmes certains passages, mais tous ceux où on voit la table entière et où les balles défilent à très grandes vitesse ont du nécessiter de bonnes images de synthèse, et également une bonne concordance des gestes entre les acteurs ; et au final, on croirait vraiment qu'ils jouent (peut-être qu'ils jouent vraiment, alors je serais très impressionné). Toujours au niveau des matchs, certains effets visuels sont vraiment jolis, l'image, au dessus de la table, changeant de sens à chaque rebond, rendant les matchs très vivants, où encore l'unique plan ralenti sur les picots de la raquette se mouvant au contact de la balle est vraiment très bien placé.
Les acteurs, par ailleurs sont plutôt bons ; ils rentrent chacun bien dans le stéréotype (cités plus haut) qui correspond à leur personnage, comme Kubozuka Yôsuke, que j'ai mis du temps à reconnaître tellement sa prestation change de Go et Laundry. Par contre, déception pour Takenaka Naoto qui reprend quasiment le même rôle que dans Swing Girls, troquant le saxo contre la raquette de ping-pong.
Enfin, malgré le scénario sans grande originalité pour un film sur le sport, la réalisation très rythmée et les matchs très bien rendus font de ce film un spectacle agréable.