Elise | 4.5 | C'est poignant et ca m'a touche profondement |
Ghost Dog | 3.75 | Hiver, hiver, hiver, hiver et... printemps |
Tanuki | 3 | Sympathique mais sans plus |
Astec | 3 | Intéressant mais pas concluant |
Au delà du bouddhisme, le film met en valeur les liens familiaux entre frères et sœurs, et pour faire contre poids avec la critique d’Astec (pas gratuitement évidemment), je trouve que ça ressort énormément. Certes les allusions à leur misère sont rares, mais ne parait-elle pas claire pour autant ? Et même d’un point de vue scénaristique, il semble marquant que cette misère ne soit dévoilée que progressivement, cela permet de poser une certaine légèreté qui est bienvenue, ce qui rendent sympathiques les facéties de Gilson. Et ensuite on ne voit évidemment pas du même œil le film si on est adulte ou enfant ; c’est sans doute pas évident pour un enfant de 7 ans de faire la part des choses entre mystique et symbolique, et pour moi la scène finale se rapporte moins au bouddhisme qu’à la famille. Je comprends bien qu’on puisse y voir juste un symbole de la religion mais ça ne me parait personnellement pas si prédominant.
Pour passer à autre chose, côté dessin c’est plutôt joli ; malgré les personnages simplifiés au maximum (on se croirait dans un épisode de Now and Then, Here and There), les décors sont plutôt bien réussis bien que j’imaginais voir des paysages somptueux et précis ; là il sont relativement beau mais ne collent pas forcement avec le genre d’ambiance que le film impose. Mais l’animation vient sauver le tout en posant de temps en temps des effets 3D, accompagné d’une musique ou d’un fond sonore très poignant, tout cela ne me laissant pas indifférent au contexte général des dites scènes. La musique étant également très bien choisie, elle s’intègre parfaitement et la musique finale à l’air vraiment triste (si seulement je pouvais comprendre les paroles).
Bref j’ai pleuré, et quand je pleure devant un film c’est qu’il est vraiment très bien ; en plus l’animation et la musique donne de la profondeur au film et je suis vraiment réjoui d’avoir pu connaître ce merveilleux film.
Autant le dire tout de suite, Oseam est une petite merveille de l’animation en provenance d’un pays qui explose sur la scène cinématographique internationale. Comparé au Tombeau des Lucioles pour ses personnages centraux, une sœur aveugle et son petit frère tous 2 orphelins et livrés à eux-mêmes, la thématique se rapproche plus du récent film de Kim Ki-Duk Printemps, été,… qui abordait les thèmes du bouddhisme et de la vie avec une maestria étonnante. L’histoire, adaptée d’une légende coréenne, est centrée sur Gilson, le petit frère turbulent de 5 ans qui, recueilli par des moines, accéda à l’illumination dans un temple reculé de la montagne, en plein hiver.
Outre les graphismes et la musique incontestablement splendides malgré le faible budget, le débat tourne surtout autour du propos général d’ Oseam : alors, prosélytisme bouddhique ou ode à la famille ? A mon sens, c’est la famille qui est le vrai thème central, et plusieurs points viennent m’en persuader. En effet, le réalisateur n’essaye à aucun moment d’emprunter la voie du conte initiatique : lorsque Gilson décide de suivre le moine passer l’hiver reclus dans un temple, c’est moins pour méditer que pour apprendre à voir les yeux fermés, dans l’unique but d’apercevoir sa mère décédée et de transmettre cet héritage à sa sœur aveugle. Peu intéressé par la position du lotus, il casse volontiers tout ce qu’il trouve dans la chapelle où méditent les moines, ou fait remarquer à son « Maître » que si c’était pour rester planter devant un mur, le voyage dans la montagne n’en valait pas le coup. Au contraire, il s’attache à montrer que c’est le parcours personnel de Gilson qui l’amène de lui-même à la méditation, sans aucun intermédiaire, par sa simple volonté et sincérité ; à côté, les moines pratiquant depuis des années sont relégués au rang d’amateurs : celui qui prie dans une eau glaciale en sort tout frileux pleurant après sa tenue volée, et celui ayant accompagné Gilson dans son périple n’a pas la volonté nécessaire pour le rejoindre en pleine tempête de neige.
C’est cette dimension affichée du bouddhisme qui est intéressante ici : l’expérience de la vie semble être à la base de l’atteinte du nirvana, telle l’expérience du Bouddha lui-même, sorti de son palais doré pour découvrir la cruelle réalité du monde – une vision que l’on retrouve dans Samsara ou Printemps, été… . Psychothérapie d’une douleur intérieure qui paraît insurmontable dans le cœur d’un enfant, Oseam est un grand petit film.
Basé sur une légende coréenne dont personnellement je n'avais jamais entendu parler, ce qui, dans un sens, est assez normal, Oseam s'adresse clairement à un public très jeune même si certaines choses paraîtront sans doute plus claires aux adultes. Le film reste cependant très regardable (une fois ?). Le choix des couleurs automnales est particulièrement bien fait et associé à un chara-design très agréable, on obtient de jolies compositions visuelles. Cela reste à mes yeux l'un des points forts du film qui fait oublier pas mal des longueurs du scénario.
Quasiment toute l'histoire se déroule de manière gentillette entre douceur de Gami, la grande sœur, et turbulence de Gilson, entrecoupée de temps à autres par les hurlements et larmes des enfants dont la douleur face à la vie a eu bien du mal à me toucher. Finalement, ce qui fait le plus réagir, c'est le personnage de Gilson, auteur d'un grand nombre de bêtises lourdes mais drôles qui font mouche quasiment à chaque fois. Heureusement traité avec intelligence, ce personnage échappe à un certain nombre de claques qui aurait pu rencontrer sa joue s'il n'avait pas été aussi sympathique (les moines doivent être plus zen que moi :). Certaines scènes sont cependant un peu trop exagérées comme la course du moine après Gilson en mode accéléré ou les grimaces du garçonnet. Ça tranche trop avec le reste. Certaines transitions entre les scènes et notamment vers les flash-backs auraient pu aussi être mieux gérées.
En fait, il n'y a pas grand chose à dire d'Oseam en dehors de "c'est gentil, joli et souvent marrant". Je passe volontairement sur les thèmes bouddhiques abordés dans le film, intéressants mais qui pourraient l'être encore plus dans un autre contexte. S'il n'y avait pas eu cette fin assez inattendue pour un film pour enfant et qu'a priori seuls les adultes sont censés comprendre, le film serait sans doute tombé dans les oubliettes de la "quelconquitude".
Inspiré d’un conte local du même nom publié en 1983, Oseam est un petit film d’animation coréen aux ambitions bien ciblées dont la première est son propos très ancré dans la culture coréenne. Lors de son avant-première française aux Forum des Images, pendant le week-end consacrée à l’animation coréenne, le réalisateur Jeon Chae-Bong a précisé –en substance- qu’il ne fallait pas s’arrêter au contexte bouddhique de l’histoire mais plutôt aux sentiments qu’elle véhiculait... Il reste au final que si le destin des deux orphelins touche effectivement la fibre familiale et humaniste en chacun de nous, c’est le propos religieux qui semble l’emporter.
Pour toucher à une universalité autre que « mystique » il aurait fallu que le scénario s’attache un peu plus à l’histoire de la misère des deux orphelins dont le malheur qui les frappe est succinctement évoqué dans deux flash back. En l’absence d’un minimum de mise en perspective de la situation de Gilson et de sa sœur aveugle, leur misère apparaît un peu comme « gratuite ». « Dé-contextualisée » et manquant d’encrage dans un quotidien autre que celui de l’environnement bouddhique, Oseam reste surtout le récit d’une illumination mystique fondatrice d’un temple. Donc intéressant pour sa valeur culturelle plutôt que « pédagogique », si on pense à un public enfant auquel le film (dont toute l’histoire véhicule le thème de la mort) paraît avant tout destiné. A cet égard le petit échange, en fin de projection, avec les enfants présents dans la salle fût plutôt instructif en ce qu’il indiquait que sortie de l’explication du sens immédiat des évènements montrés, la difficile question que pose le final d’Oseam est celle de la croyance... (« Et elle existe la dame du tableau ? » en référence à une représentation religieuse).
Graphiquement le film de Jeon offre quelques moments plutôt agréables, surtout dans des décors aux couleurs travaillées et utilisant avec parcimonie des effets 3D (les feuilles, la neige, certains mouvements de caméra). Mais il n’est pas question de débauche graphique dans Oseam, là ne sont pas les arguments de cette petite production en comparaison des standards internationaux du moment. Ainsi l’ensemble du film ne se distingue pas par le niveau de son animation et la mise en scène n’arrive que trop rarement à dépasser cet écueil technique. Un film intéressant, parfois émouvant mais pas concluant... d’un point de vue adulte.
Note : ma fille (5 ans et demi) a trouvé ça « plutôt bien »... A méditer.