Comédie crade et délirante. Une autre facette du cinéaste.
Miike démontre une fois de plus toute sa polyvalence dans le domaine du cinéma, pour le marché vidéo ou pour des productions plus sérieuses et ambitieuses. Ambitieux n'est pas Osaka Tough Guys, sérieux non plus, mais sa volonté de faire dans le comique de situation carrément décomplexé est notable et ce pour plusieurs raisons. Sa volonté de montrer au grand jour le ridicule de tout clan yakuza en y montrant leurs pires combines du pauvre pour se faire le moindre yen (ventes douteuses, parties de jambes en l'air avec dettes à la clé, rackets, etc...), une démarche étonnante de la part du cinéaste surtout quand on connaît l'étroitesse de ses liens avec les véritables yakuzas du quartier Shinjuku à Tokyo. Des yakuzas réduits ici à l'état de simple pervers déjantés, roublards mais terriblement bêtes, menés de main de maître par un boss désespérant et des sous-fifres ringards, comme le gros Daimon (officiellement pervers, officieusement yakuza) ou le naïf Sabu plus lâche que jamais. Ces deux sbires vont en effet entraîner Makoto et Eiji dans une spirale de l'échec -frénétique- au lieu de les initier comme il se doit aux rites et coutumes yakuzas. On est tout de même loin des yakuzas à la Suzuki ou Fukusaku.
Mais le plus intéressant dans Osaka Tough Guys c'est cette sidérante facilité à produire du gag bien lourd et particulièrement grassouillet, une démarche quelque peu inédite dans la filmographie de Miike Takashi, dont il faudra attendre au moins six longues années afin de retrouver cette même vision décalée du cinéma à l'origine "sérieux" avec The Happiness of the Katakuris, parodie déjantée de la comédie noire The Quiet Family. Ozaka Tough Guys est donc la version light et crade du yakuza eiga traditionnel à la Fukusaku (on entend par là guerre de gangs et rivalité, avec un fond social), attachante par ses séquences destroy et de mauvais goût ultime (de belles séances de dégobillage, masturbations et pains envoyés sur une pauvre fille Kawai obèse), qui ne brillent pas par leur originalité, mais la dynamique du film fait que l'on ne s'ennuie pratiquement jamais. On reprochera par contre une mise en scène approximative et un scénario prétexte à l'enchaînement de gags scatos, mais la mayonnaise finit toujours par prendre. On se sentirait presque honteux de rire devant un spectacle si affligeant...mais rire n'est pas un crime, non?
Comédie bouffonne
A voir le nouveau titre DVD d’Artsmagic, Osaka Tough Guys, sorti directement en vidéo au Japon en 1995, on se dit que l’éditeur US fait les fonds de tiroir à défaut d’avoir les moyens de se payer une production locale qui a au moins fait un peu parler d’elle. Et effectivement, cette comédie grasse ne vole pas bien haut et ne semble sortir du lot que grâce au nom de Miike au générique. Elle raconte sans grande surprise l’histoire de 2 jeunes adultes paumés qui font le dur apprentissage de la yakuza en accumulant les gaffes de mauvais goût avec des mafieux plus que douteux : vomi sur la tête du copain, grosse fille à couettes immonde qui réclame le mariage, combines débiles comme celle consistant à vendre des sous-vêtements féminins portés en les faisant passer pour ceux de stars du porno, vrai-faux bâton de dynamite, ou encore tournage porno qui tourne à l’affrontement entre gangs… Les fans du Getting Any? de Kitano évolueront en terrain connu, car c’est le même type d’humour bête et méchant, vulgaire certes mais finalement plutôt amusant. Et au final, même si le produit est assez bas de gamme, on ne peut pas dire que l’on s’est réellement ennuyé… ce qui n’arrive pas si souvent devant un Miike !