Bon drame social par une des maîtres du genre
Le style Ann Hui, c'est un peu du Wong Kar-Wai social. Moins glamour, centré sur des histoires à conotation politique ou historique. Moins flamboyant et musical également. Alors pourquoi évoquer Wong Kar-Wai ? Ann Hui partage avec lui un certain flair pour les cadrages, elle sait où poser sa caméra pour devenir témoin d'une scène qu'on pourrait croire documentaire. Ici c'est typiquement le cas, et elle s'appuie sur un scénario assez dense et un casting de grande qualité. Il manque cependant au film du rythme et une cohérence narrative. Ceux qui s'intéressent à l'histoire de HK et sa culture en général y trouveront du grain à moudre, les autres risquent de ne pas trop saisir où va le film.
Car il est évident qu'ici le but est d'approcher le docu-drama, en utilisant parfois des images d'archives (ou en retouchant des prises de vue pour leur donner un aspect vieillot), et en se basant sur une histoire vraie. Résultat, il n'y a rien de flamboyant dans ce récit, c'est "juste" un document sur une époque et la vie d'un groupe de personnes. Il n'y a pas de morale à en retirer, de message politique ou idéologique martelé au marteau (quoique Anthony Wong qui joue l'Internationale à la guitare, ça va en convertir un paquet). Ce genre de récit ne fait jamais l'unanimité, certains le trouveront mortellement ennuyeux, d'autres trouveront ça brillant. Tout dépend de ce que le spectateur cherche dans un film.
Autrement, on peut donner beaucoup de crédit à Ann Hui et à ses acteurs pour avoir réussi à dépeindre un univers très réaliste. Ceux qui souhaitent en savoir un peu plus sur l'histoire de HK et la vie de ses habitants y trouveront un document de grande qualité et très proche de la réalité à mon avis. Les acteurs débutants sont aussi convainquants que les vieux de la vieille. Rachel Lee trouve ici probablement le meilleur rôle de sa carrière, et parvient à paraître 20 ans alors qu'elle devait en avoir 10 de plus. Le jeune Lee Kan-Sheng, habitué de Tsai Min-Lang, rappelle Leslie Cheung jeune et apporte son expérience pour ce genre de rôle. Enfin comment ne pas parler d'Anthony Wong, qui en impose à nouveau en prêtre d'origine italienne. Encore une performance de choix dans une carrière impressionnante de diversité.
Quant à la réalisation d'Ann Hui, on retrouve ici son flair pour les plans séquences et les cadrages judicieux. D'un autre côté, le défaut que je trouve récurrent dans ses films est également là, il y a une faiblesse au niveau narration, avec un rythme parfois trop lent et un certain flou dans la direction pris par le récit. Cela laisse aussi au spectateur une certaine liberté de compréhension, mais je n'accroche pas totalement à ce concept.
Ordinary Heroes ne convaincra donc pas tous les spectateurs. Ce qui veulent que le cinéma fasse autre chose que du documentaire s'endormiront. Ceux qui ont aimé Cageman ou qui veulent en apprendre plus sur l'histoire de Hong-Kong trouveront le film attachant. J'imagine que les HKgais témoins de cet époque et membres de ce milieu social doivent avoir encore plus d'affection pour ce film engagé que des occidentaux pourraient en avoir.
Témoignage intéressant
Ann Hui n'est jamais aussi à son aise que lorsqu'elle arrive à inscrire une histoire individuelle dans dans un contexte social et politique déterminé. Si Ordinary Heroes répond potentiellement à ce critère, l'imbrication de la petite histoire et de la grande n'est cependant pas parfaite. Le reproche que je ferais au film est de traiter trop allégoriquement l'histoire du pseudo-couple Tung/Sow qui en vient à manquer d'humanité. Certes, le film est avant tout basé sur l'observation d'une population marginale à la fois politiquement et économiquement, mais ce manque dans liant entre histoire individuelle et collective est en partie responsable des passages à vide que peut contenir le film. Attention, ce bémol ne doit absolument pas faire passer à coté de ce film à la saveur si particulière, quelque fois magnifiquement filmé comme les scènes de harangue et de déclamation du théatre de rue. Malgré la relative distance que Ann hui prend avec ses personnages, et qui confère au film un caractère documentaire assez marqué, Anthony Wong livre une fois de plus une performance mémorable. Un film au final instructif et relativement objectif sur un aspect de Hong-Kong que l'on n'a pas l'habitude de voir.
21 décembre 2005
par
jeffy
Manifeste
Hui n'est jamais aussi bon, que lorsqu'elle raconte des histoires propres à "son cher pays", Hong Kong…La voilà racontant le soulèvement des boat people (déjà source inspiratrice de ses meilleurs longs-métrages) contre le gouvernement et une très libre adaptation (cachée) du Père Franco Mella.
Hui aime à mettre en scène certains épisodes politiques; mais n'est pas une artiste très engagée. Elle évite donc toute polémique et n'appuie pas là, où ça aurait pu faire mal.
Et elle a très certainement perdu de al virulence de ses débuts.
Si bien que cette histoire oscille constamment entre une réinterprétation édulcorée des véritables faits et une simple fiction de quelques personnages sur fonds des manifestations – et l'historie des quatre amis n'est assurément pas des plus passionnantes.
Un produit gentillet, sans doute ambitieux pour la cinématographie de l'ex-colonie mais qui aurait pu être tellement "plus"…
ZZZzzz...
Mi film, mi doc, traitant d'un sujet intéressant : Contexte politico-social à HK des années 80.
Un genre de films qui change donc de ce qu'on a l'habitude de voir à HK, mais hélas il m'a profondemment ennuyé, je me suis endormi au bout de quelques minutes... surement à cause des images volontairement travaillées dans le style "archives", de cette ambiance "doc de milieu d'aprèm" qui nous plonge dans le sommeil profond.
Un autre visionnage s'impose donc, car pour l'instant je n'en retiens qu'une piqûre soporifique.