Le lundi, c'est permis... 
Grosse, grosse déception. Tout était pourtant réuni pour être un chef  d’œuvre avec tous les thèmes de Nakahira : la liberté (sexuelle) en  dehors des normes et au delà des tabous, la confrontation des points de  vues, portrait féminin, arrière fond social, la musique "when the saints  go marching in" (qu'il glisse régulièrement dans ses films)... Et la première séquence est éblouissante avec une caméra  tremblante (la shaky cam ne date pas d'hier) où l'on suit Yuka évoluer  dans un night club plongé dans une quasi totale obscurité, perdue au  milieu de silhouettes alors tandis que des clients évoquent en voix off  sa personnalité et son caractère. Elle apparait donc littéralement comme  quelqu'un d'insaisissable, complexe, fuyante, qu'on ne peut résumer  facilement.
Et puis, très rapidement, ça devient insupportable. C'est clairement sous influence godardienne notamment 
Vivre sa vie  (outre le sujet de la prostitution, Mariko Kaga prend vraiment des air à  Anna Karina). C'est vraiment le genre de film "nouvelle vague" dans ce  que ça peut proposer de plus stérile, vain, déconnectée de toute  vraisemblance psychologique et terriblement froid.
Les traits de Yuka  sont tellement poussés à l'extrême qu'il est impossible de s'identifier  à elle ou de comprendre ses motivations. Sa candeur est trop symbolique  et schématique pour qu'on y croit, ses relations avec les hommes trop  artificiels, son traumatisme trop ridicule (elle refuse d'embrasser les  hommes car quand elle était enfant un prêtre lui a fait un sermon  violent alors qu'elle épiait un couple s'embrasser... Du plus comme  l'homme était noir, elle a développée une fixation sur l'Afrique  )... Alors oui, Mariko Kaga est d'une beauté époustouflante mais il  m'en faut quand même plus. Et puis la mise en scène ne fait rien pour  arranger les choses avec ses plan fixes à l'esthétisme surligné et une  narration par à-coups.
Mes épaules ont dû se soulever plusieurs fois  durant la séance en signe d'incompréhension spontanée qui culmine dans  la dernière séquence que j'ai trouvé d'un ridicule achevé. J'avoue même  être sorti en colère contre Nakahira de prendre une direction aussi  "autheurisante" alors qu'il a su faire tellement de films personnels,  intelligents (parfois drôles) et grand public sans pour autant renier de  vrais ambitions formalistes, presque expérimentale par moment avec des  sujets par forcément commerciaux.