Avis Express
Handicapé dès le départ par des techniques de mise en scène et une structure narrative qui ont toutes deux vingt ans de retard, Ong-Bak II est bien parti pour ne laisser aucune trace dans les esprits d’un point de vue purement cinématographique. Une habitude avec Tony Jaa qui détient ici les pleins pouvoirs. Cette fois-ci il campe le rôle d’un Mowgli athlétique qui, une fois n’est pas coutume, dézingue tout ce qui bouge et qui ne ressemble à rien dans un bordel pas possible : brutes épaisses ou hommes Cro-Magnon, femme-corbeau, ninjas, samouraïs. La bravoure chez Jaa, on la retrouvera dans ses enjambées sur une meute d’éléphants excités, dans un combat à mi-parcours sentant bon l’alcool ou dans l’ultime affrontement à un contre cinquante (mais il y a un éléphant, donc). Le reste n’est qu’idiotie, dramaturgie en toc avec flash-back larmoyants à la clé, et l’on essaiera de comprendre comment ce petit prince est devenu auteur du livre de la jungle. Parce qu’il n’a rien à raconter ou parce qu’il n’est pas assez inspiré pour tenir le souffle des combats sur 90mn, Tony Jaa gave son bébé de séquences inutiles et abreuvées de ralentis où l’on danse pour rien. De plus, le parcours initiatique du petit géni de la latte n’apporte rien de nouveau avec les sempiternelles épreuves jusqu’au dernier pallier apprenant à Jaa à choisir entre la compassion ou la mort. Formidable d’originalité. Non, malgré deux moments à couper le souffle, bien aidés par une accentuation hallucinante des bruitages en post-production, Ong-Bak II est une nouvelle arnaque de la part d’un véritable acrobate à défaut d’être un véritable metteur en scène. Pour ses qualités esthétiques, il faut remercier son chef opérateur. Le reste ne vaut pas un kopeck. A réserver aux fans de la première heure.
La version "occidentale" de Ong Bak 2 est assurément à montrer. Dans toutes les écoles de cinéma. Comme l'exemple d'un échec narratif total. Car c'est bien ce qui ressort avant tout de ce film, malgré ses scènes d'action furieuses. On sort en pestant sur un scénario tellement mal mis en oeuvre qu'il en gâche complètement le film. Tout est raté dramatiquement parlant dans ce Ong Bak 2.
Le scénario est classique, mais se perd en flash back inutiles car ne révélant rien. Un montage linéaire aurait été préférable, et n'aurait rien eu de déshonorant. Mais hélas quand bien même, les coupes de montage sont tellement visibles qu'elles font passer les Direct To Video de RTL9 pour du Kubrick. Honnêtement, ce charcutage est une honte qui nuit gravement au potentiel narratif du film et lui coûtera très cher en nombre d'entrées: les critiques presse sont mauvaises, les critiques du public tout autant. L'exemple du personnage féminin est le meilleur exemple de cette mise à mort: introduit lors de flash back, clairement préparée à un retour avant la fin du film, il réapparaît finalement 3 minutes le temps d'une scène, puis disparaît comme par enchantement. Cette "ellipse" (pour rester gentil) n'est hélas pas la seule. On assiste donc ébahi face à une déconstruction narrative totalement navrante. Et en ayant le meilleur monteur au monde, Ong Bak 2 resterait un film au scénario peut-être ambitieux, mais à la mise en oeuvre manquant cruellement de talent. Jaa est un artiste martiale mais pas un bon acteur. On le savait déjà, il le confirme ici avec un jeu d'une monotonie difficile à rattraper. Son absence total de dialogues pourrait être vue comme un tour de force narratif, mais elle n'est finalement là que pour masquer ses carences d'acteur dramatique. Sans parler d'une conclusion certes osée, mais catastrophique pour l'impression finale.
Tout cela est d'autant plus dommage que techniquement le film est à mille lieux du premier du nom, avec une photographie vraiment sympa et sombre, et des moyens appréciables. Quant aux scènes d'action, si elles virent à nouveau un peu trop à la démonstration d'arts martiaux enchaînés, leur énergie enlève largement la décision. On pourra en effet regretter qu'à l'image de Tom Yun Goon, on enchaîne des techniques diverses et variées pour nous montrer que le Tony, il sait tout faire. Des arts martiaux japonais, chinois, voir même du MMA quelques siècles en avance. Evidemment c'est impressionnant, surtout lors d'un final avec une vraie intensité, mais moins original et typique que ce que Jaa faisait auparavant. Il perd ici un peu de son identité martiale en touchant à tout et n'importe quoi. Heureusement, sa technique et ses aptitudes physiques restent parfois époustouflantes, et ne sont pas remises en doute de toute façon.
Reste que ce film (et son incroyable montage international) ne les met absolument pas en valeur. Six ans se sont écoulés entre le premier opus et cette fausse suite (on passera sur l'arnaque marketing...), et le bilan n'est hélas pas en la faveur de Jaa. Car si le film est techniquement bien supérieur et se montre plus ambitieux au niveau ambiance et scénario, il se révèle paradoxalement bien moins efficace. Martialement, Ong Bak premier du nom est plus marquant car plus novateur. Dramatiquement parlant, et ça fait mal de le dire, il est également supérieur à sa suite dont le montage finit d'achever une histoire mal racontée de bout en bout. On se moque souvent des scénarios sans intérêt des films d'action, mais l'échec de cette suite vient nous rappeler cruellement que même un petit scénario pas passionnant mais correctement troussé n'est pas à la portée de tout le monde. Ong Bak 2 est une leçon de cinéma, mais hélas pas dans le bon sens.
PS: et par pitié, Europe Corp, il faut arrêter de balancer du "Dragon" et une déco chinoise sur le poster de tous vos films d'arts martiaux. C'est tout simplement disrespectueux de la culture du film en question et un procédé marketing miteux. Faut-il que je parle aussi de la chanson du générique de fin?
Ong Bak 2 démarre vraiment mal. Une légende par rapport à l'histoire du pays, une intrigue familiale, des hommes en colère, l'initiation du jeune combattant, tout ça pendant une bonne heure pour un résultat particulièrement gonflant, c'est assez difficile à avaler quand on nous en a parlé comme un spectacle encore plus jouissif que Ong Bak et Tom Yum Goong. L'action 100% muscles et 0% guimauve arrive alors, après une heure, pour un spectacle particulièrement palpitant. Coté action, les castagnes de Tony Jaa sont évidemment toujours impressionnantes : des poings, pieds, sauts, chutes dans tous les sens, on ne sait où donner de la tête et on est toujours surpris par l'inventivité de Tony Jaa dans la chorégraphie. Mais finalement, ces scènes n'apportent pas grand chose de plus par rapport à ce qu'il a déjà fait, mis à part le rôle de l'éléphant qui est également très crédible dans les scènes d'action. Mais ce qui est vraiment impressionnant, c'est la mise en scène de ces moments d'action ; réellement innovante, elle apporte un dynamisme inattendu et très fluide, ce qui a souvent été tenté mais rarement réussi ; pour cela, tony Jaa a su réellement créer une esthétique qui apporte encore plus de lisibilité à l'action, l'accompagnant grâce à des mouvements de caméra absolument incroyables. Tous les mouvements sont millimétrés comme les coups de Tony Jaa, et on a l'impression que le cameraman et Tony Jaa sont complètement en phase.
Si ce film aura mis extrèmement longtemps à se faire, l'attente aura quand même été méritée, tant les idées apportées à la réalisation valent le coup d'oeil. On peut évidemment critiquer le titre du film, qui joue sur le succès international de Ong Bak alors que le film n'a strictement rien à voir en terme de scénario, mais ce serait rabaisser l'intérêt de Ong Bak 2 à ce qu'il n'est pas. La démarche de Tony Jaa est plutôt honnête dans le sens où derrière cet outil marketing, il apporte vraiment de quoi créer la surprise. Dommage que la première soit aussi barbante, car on passe à deux doigts d'un pure chef d'oeuvre du film d'action.
Impossible de croire au film ou de se sentir impliqué ne serait-ce qu'une seconde, outre le fait qu'il n'y ait absolument aucun rapport avec Ong Bak ce qui sent déjà la petite arnaque marketing, Ong Bak 2, c'est Tony Jaa qui tente tant bien que mal de rompre avec son image étriquée de "fighteur" en réalisant son Bangrajan, autrement dit une fresque médiévale et barbare extrêmement ambitieuse qui se plante un peu comme a pu le faire un Seven Swords, d'autant que Tony Jaa n'est pas Tsui Hark, cela va sans dire...
Car derrière une très belle photo, une jolie crasse, de magnifiques décors naturels, des guerriers Conan le barbare-like par camions, de nombreux combats, une noirceur inhabituelle et un long final clairement excellemment troussé, et oui tout ça quand même, les difficultés de production visibles à 20kms embrouillent terriblement une histoire d'une épaisseur microscopique qui réussit l'exploit de se perdre totalement dans une soupe nihiliste indigeste et muette alourdie de flashbacks extrêmement mal sentis. La fin ouverte termine de sceller la perplexité totale là où BangRajan avait su se libérer de ses lourdeurs pour exploser dans une véritable rage guerrière libérant enfin la personnalité de ses héros. Ici, il n'y a que Tony Jaa qui sauve son bébé grâce au personnage Tony Jaa, le seul qui existe vraiment dans le film, et ce en dépit de toutes les qualités de réalisateur qu'on pourra lui allouer.
Par dessus tout, au lieu d'une dose massive de frappes mortelles et de course poursuite effervescentes dont l'énergie primaire faisait vivre les précédents films avec Jaa, ici les combats sont outrageusement portés sur les armes blanches et le résultat constellé de ralentis, même s'il est visuellement assez réussi, est objectivement encore loin des références brutales en la matière et ne peut vivre par ses qualités chorégraphiques et photographiques seules, du reste largement empruntés aux étalons HK. Quels sont les enjeux des trop nombreux adversaires ? Plus encore, où est la puissance de frappe ?? RITTIKRAI Panna manque gravement à nous la projeter en pleine face notamment grâce à ses gros plans d'impacts bestiaux ici aux abonnés absent.
Heureusement que le long final remet avec brio cette puissance sur le tapis où enfin, on redécouvre un Jaa virevoltant et magnifiquement athlétique car non, décidément, Jaa a beau exceller en tant qu'artiste martial, il aura beau montrer d'inédites qualités de metteur en scène, l'ensemble déchiré, boiteux et simplifié à outrance est bien trop pachydermique pour être porté au rang de réussite incontournable.
Il y a pourtant tant de choses qui pourrait ravir dans Ong Bak 2, à commencer par les tronches patibulaires qui s'enchaînent à un rythme effréné, la douce perspective d'un Conan le barbare chorégraphié à la Thailandaise, que je me suis vraiment demandé ce qui ne passait pas. Il est clair au final que l'ambition du projet écrase la crédibilité du film qui se veut dramatique et épique alors qu'il ne réussit véritablement qu'une seule chose : faire revenir le show Tony Jaa à toutes jambes.
Tony Jaa montre beaucoup de qualités insoupçonnées avec son film, mais l'ambition du projet ne pardonne pas les lourdeurs, les approximations et surtout le manque de consistance énorme des personnages. Où est la puissance du récit tant mise en avant tout le long ? Nul part malheureusement.
Mon avis se base sur la version originale Thailandaise et non sur la version internationale.
A se demander encore pourquoi un film comme Ong-Bak 2 a mis autant de temps à se faire,surtout lorsque l'on voit le résultat. Parce qu'à part le dernier quart d'heure,il ne se passe pas grand chose. Le film enchaine peniblement tous les clichés des thèmes sur la vengeance. Oui, car le personnage interprété par Tony Jaa a fermement décidé de se débarasser des assassins de ses parents lâchement exécutés.
La seule bonne idée du film est d'avoir changé d'époque par rapport au film précédent. En effet, pour sa première réalisation, Tony Jaa a voulu voir les choses en grand et ne lésigne pas sur les moyens. Costumes, décors, pirates et éléphants sont au programme. Sans oublier l'étalonnage du film absolument bleuffant.
Le problème est que Ong-Bak 2 ne tient pas toutes ses promesses. Le film manque cruellement de rythme et tout est prétexte à enchainer des séquences de combats ou de démonstrations (plus ou moins molles), sans parler des nombreux flash back assez mal insérés dans le film. Ce qui faisait la force de Ong Bak était son dosage de séquences de combats assez bien équilibré toutes impressionnantes les unes que les autres. Là, il faut attendre jusqu'au dernier quart d'heure pour avoir droit enfin à son lot de castagnes dementielles. Tony Jaa montre enfin ce qu'il sait faire de mieux et profite de l'occasion afin de démontrer qu'il n'est pas un surhomme vu qu'il se fait quand même bien malmené par toute une horde de ninjas bien décidés à lui faire la peau.
Malgré tout, Ong Bak 2 n'est pas un mauvais film mais le premier avait mis la barre tellement haut qu'on pouvait s'attendre à mieux.
Y a pas photo, ça a hachement plus de gueule que le premier. Moins impressionnant d'un strict point de vue athlétique (l'éventail de techniques y est très riche, mais on y trouve plus trop de cascades de dingue), Ong-Bak 2 a au moins le mérite de ressembler à un film. J'irai pas jusqu'à dire qu'il est bien mis en scène (c'est pas le cas) mais y a de l'effort et ça se laisse suivre. Reste une narration décousue pleine d'ellipses pas toujours claires (ça sent le film remonté et/ou charcuté) et qui abuse grossièrement des flash-back.
Mais y a une baston avec des ninjas super top classes de la mort, et là je vais être faible, car j'aime les ninjas super top classes de la mort. Par contre j'aime pas les twist finaux à la con, mais c'est un autre débat.
Un film sans surprise, avec des combats bien faits mais peu excitants. L'histoire n'est pas très prenante, seul le dernier quart d'heure d'action rattrape un peu l'ensemble. Attention le film n'est pas une bouse non plus mais on attendait mieux. Par rapport à ONG BAK 1, BORN TO FIGHT ou L'HONNEUR DU DRAGON, il manque une touche divertissante et de nouvelles trouvailles qui ferait de ONG BAK 2 une vraie réussite, alors qu'il ne reste qu'un film correct.
Tony Jaa a déjà prouvé depuis longtemps qu'il était un athlète émérite, et ses acrobaties ont donné lieu à des scènes des plus spectaculaires. Il m'avait par contre paru avoir plus de mal à se créer une crédibilité d'acteur, peu aidé par des intrigues insipides et des rôles monolithiques.
Avec "Ong Bak 2", Jaa prouve qu'il n'est pas qu'un athlète de plus, mais un véritable artiste, avec une vision et des ambitions véritables. Son jeu d'acteur, sans être inoubliable, témoigne d'une maturité incroyable. Un monde sépare ce film de "lh'onneur du dragon", tant au niveau, du jeu, que des combats et surtout de la réalisation.
Délaissant les classiques environnements urbains, Jaa fait le choix de placer son intrigue quelques siècles avant notre ère et met en avant des paysages naturels magnifiques, qui donnent un souffle particulier à son oeuvre. Traversé par une fureur qui culminera dans un final magnifié une fois de plus par la nature, témoin privilégiée de ce drame humain, son film se révèle aussi épique qu'attachant.
"Ong Bak 2" m'a fait pensé à plusieurs reprises à la première tentative au poste de réalisateur d'un autre grand du cinéma d'arts martiaux, Donnie Yen et son "lengend of the wolf". Même parti pris de placer son récit dans un décor naturel loin des traditionnelles rues bondées, même nostalgie d'un cinéma plus authentique, même envie de créer une ambiance,et d'expérimenter sur le plan visuel, et rythme assez proche. Comme Donnie, Jaa garde le gros de l'action pour un final magnifique.
Les chorégraphies sont bien plus ambitieuses que celles auxquelles nous avait habitué l'acteur. Moins de coups de coudes et de genoux, plus de parades, on se rapproche beaucoup du style Hong Kong. C'est particulièrement flagrant lors d'un combat en milieu de métrage qui fleure bon le kung fu. Et même si Jaa conserve une propension jouissive à briser des mâchoires, il est indéniable que les figures sont nettement plus complexes que dans ses précédents films. On regrettera l'utilisation récurrentes de gros plans dans les affrontements, mais dans l'ensemble, Jaa privilégie les plans larges et sait mettre en valeur ses combats. certaines figures sont tout bonnement incroyables, surtout celles mettant en scène l'éléphant, pour lesquelles on peut réellement parler de jamais vu. Ajoutons quelques chutes qui font très mal, et on tient certainement l'un des filmes d'arts martiaux les plus marquants de ces dernières années. Cela faisait logntemps que l'on n'avait pas eu l'occasion d'apprécier un final de 15 minutes. Et même si celui de "ip man" est magnifique, il nous laissait un peu sur notre faim avec ses 3 minutes de combat.
Si "Ong Bak" et "l'honneur du dragon" n'avait pas pleinement convaincus, malgré quelques passages excellents, "ong Bak 2", bien plus nihiliste et percutant, devrait rassurer tout le monde quant à l'avenir du cinéma d'action.
ATTENTION: Cette critique se réfère à la version ORIGINALE THAILANDAISE et non pas à la version française re-montée par EUROPACORP et privant honteusement le film de sa quintessence et de son génie à vouloir transcender le genre du film martial en liant l'esprit au corps...
Après un relatif décevant "Honneur du Dragon", le dernier film en date de Tony Jaa (ses pubs et caméos dans les deux "Bodyguard" exclus), "Ong Bak 2" était attendu au tournat par ses nombreux fans ET détracteurs…d'autant plus que cette fausse séquelle (elle n'a d'autre lien, que le titre et Jaa dans le rôle principal) est réalisée par Jaa himself, d'après une prorpe idée.
Et la presse à scandale de ces derniers mois laissait entrevoir le pire, en relatant notamment le fait de la disparition subite de sa védette principale, ployant sous le poids des responsabilités et anéanti par des incessants dépassements budgétaires et qui est parti du jour au lendemain méditer au fin fond de la jungle thaïlandaise. Ce n'est donc uniquement que suite à l'enrôlement du mentor de Jaa, Prachiya Pinkaew, que le film ait pu se terminer.
Eh bien, toutes ces craintes s'avèrent totalement infondées à la vision du spectacle époustouflant du film (projection sur grand écran OB-LI-GA-TOIRE pour s'en prendre plein les mirettes). Certes, "Ong Bak 2" est loin d'être exempt de défauts, tant quand la réalisation, que dans sa structure narrative confuse, que dans les chorégraphies pas toujours abouties, mais rien que les vingt dernières minutes enragées font éclater l'incroyable talent de son acteur principal, justifiant à elles seules sa réputation légendaire et l'admission dans le panthéon très fermée des plus grandes vedettes martiales de tous les temps.
La réussite du film est visible dès la magnifique introduction, soit une partie de poursuite à cheval dans une Thaïlande (encore "royaume du Siam") du XVe siècle. Un homme fuit des poursuivants coriaces et intimide finalement un jeune garçon de se cacher dans les fourrées du bas-côté dans un paysage nébuleux. Repartant au galop, la brume s'évapore en un instant pour faire place à une clairière où se tiennent des dizaines d'adversaires à l'allure féroce, leur torse tatoué d'étranges motifs. L'homme poursuivi est victime d'une volée de flèches et s'écroule aux pieds de ses adversaires.
Le garçon est recueilli par ce qui s'avère finalement un marchand d'esclaves, qui le déporte dans un étrange village, là encore peuplé de guerriers à l'allure tout simplement terrifiante. Ce n'est finalement moins l'intrigue principale qu'intéresse Jaa, plutôt que la création d'un univers crédible avec une incroyable galerie de figurants et de personnages secondaires aux trognes uniques et de la crasse jusque sous leurs ongles et des décors criants de vérité. Il est donc moins intéressé par le singulier combat que doit se livrer le pauvre garçon contre un crocodile (pas très convaincant) dans une fosse d'eau boueuse, que de la réaction de l'audience surexcitée, qui va finalement succomber à l'attaque d'un adversaire redoutable.
L'intrigue va à cent à l'heure avec l'apprentissage accéléré du garçonnet, vainqueur du crocodile caoutchouteux pour rapidement arriver à la sublimation de son vrai personnage principal: Tony Jaa, dévoilant son faciès au cours d'un plan aérien en forte contre-plongée pour dévoiler progressivement tout le charisme héroïque de l'acteur / réalisateur mythique.
C'est qu'il a de quoi se vanter le bougre en choisissant d'aller totalement contre l'image lisse et rangée auparavant imposée par ses producteurs en incarnant un guerrier avare en mots (exit donc les tirades ridicules haut-perchées de "Où est mon éléphant"), mais d'autant plus redoutable des poings; un personnage trouble, bon à la base, mais sera perverti au contact des (mauvaises) personnes l'entourant. Curieusement, les images fortes de l'extraordinaire bande-annonce ayant circulé depuis le Marché du Film de Cannes en 2008 seront expédiées en quelques plans et ce sont des combats totalement inédits, qui feront leur apparition. Le rythme est endiablé, prouvant une nouvelle fois l'incroyable maestria de sa mythique vedette principale, qui n'hésite pas à enchaîner des plans uniques en cadrages larges pour prouver l'agilité des principaux combattants exécutant des chorégraphies impeccables – une aubaine dans le genre du film d'action martial totalement usurpé, qui tente de faire illusion en surdécoupant les séquences pour masquer les carences de ses personnages principaux en matière de combat – je pense notamment aux lamentables "Coweb", "Underdog Knight", mais aussi à "Legendary Assassin" ou un "Chocolate", où les cadrages foireux sont légion. Jaa et ses acolytes proposent des chorégraphies sans aucun doute longuement étudiées et rondement exécutées, enchaînant les coups les plus divers et encaissant des coups visiblement portés à même le corps.
Un rythme tellement élevé, que la partie intermédiaire plus calme semble inutilement longue et poussive, en réservant notamment la séquence d'intro et en intégrant une longue scène de danse traditionnelle folklorique surajoutée. Sans aucun doute, que Jaa a voulu trop bien faire au risque de perdre le fil conducteur même de son histoire.
En même temps, ce n'est qu'un court instant de répit avant la monstrueuse séquence finale, où les coups sont distribués à une vitesse totalement stupéfiante par un Jaa totalement survolté, qui ira même par se battre sous, sur et tout autour d'un éléphant d'une patience incroyable (les éléphants sont des animaux assez nerveux pour avoir eu l'occasion de m'en occuper dans le cadre d'un stage au zoo et dont le moindre pas déporte risque d'écraser ou du moins sérieusement blesser un humain). Extraordinaire finale avec un zeste de drame œdipien dans le plus pur style des drames mythologiques jusque dans la franchise des "Star Wars" et qui se termien sur un ultime coup d'éclat: celui d'un fin totalement ouverte, mais qui laisse présager d'une suite ("Ong Bak 3", actuellement déjà en tournage) encore plus sombre et nihiliste…à moins, que ses producteurs décident de "rattraper" un peu la vision particulièrement désespérée de leur poulain, afin de formater à nouveau son image aux "attentes" d'acheteurs internationaux franchement perplexes à la sortie des séances spécialement organisés pour al vente internationale du film – ce qui ne les aura pas empêché de pousser acclamations et hurlement tout au long de la projection – fait assez rare pour être signalé dans un business marqué par le côté totalement "blasé" des principaux négociateurs.
A comparer à la carrière d'autres héritiers directs du mythique Bruce Lee – Jackie Chan encore sous l'égide d'un Lo Wei ou un Jet Li, qui peinait à s'extraire du carcan de sa trilogie "Shaolin-esque", Tony Jaa a une bonne, très bonne longueur d'avance – un fait d'autant plus remarquable dans une cinématographie thaïlandaise bien moins expérimentée, riche et porteuse que l'hongkongaise de la même époque. "Ong Bak 2" est un nouveau pas de géant dans une carrière d'ores et déjà extraordinaire d'un vrai artiste martial, Tony Jaa.
"Ong Bak 2" (qui n'est pas une suite) est, contrairement au premier, autre chose qu'une simple démo du savoir-faire martial de Tony Jaa, une véritable histoire. Lui arrive a braver l'épreuve du temps.
Même dans la version courte d'Europa Corp. (Quelle sale manie, comme si un publique occidental ne pouvait/voulait pas voir un film d'une culture asiatique dans son montage intégral), le métrage laisse transparaître la volonté de ses auteurs : le corps et l'esprit (le nôtre et ceux des autres, celui de la nature) liés nourrissent la capacité de résilience.
Jaa semble fière de montrer, à travers ce récit, cette pensée répandue à juste titre en Extrême-Orient. Niveau mise en scène, Tony Jaa se révèle plutôt doué, filmant son histoire sans faute de goût particulier et rendant l'action des plus lisible.
La qualité des chorégraphies, en ce qui me concerne, manque de punch et d'éclat...jusqu'au dernier tiers du long-métrage assez dément.
La musique est un peu trop souvent emphatique sans que cela gâche l'ensemble.