VincentP | 3.5 | |
Ordell Robbie | 3 | Singe de Reve |
jeffy | 3.25 | Le début de la légende |
Le Pélerinage d'Occident est un classique de la littérature populaire chinoise narrant le voyage accompli en Inde par le moine Hiuan Tsang pour ramener les écritures sacrées du bouddhisme. La version qu'en a offerte Ho Meng Hua, dont the Monkey Goes West est le premier volet, est une des plus célèbres et plus populaires adaptations cinématographiques, bien loin devant la délirante version du mythe par le tandem Jeff Lau/Chow Sing Chi. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur les différences entre le roman originel et sa réécriture par les scénaristes de la Shaw, se reporter au dossier sur le Roi Singe dans Hkmag numéro 12.
A cette époque, Ho Meng Hua est un simple et consciencieux artisan qui n'a pas encore lancé son ascension dans le délire bis. A partir de pérégrinations qui voient le moine faire d'un singe et d'un pourceau ses disciples, il signe un petit bijou de divertissement naif témoignant du savoir faire d'un système de studios. Certes, Ho Meng Hua n'a pas le sens de la théatralité d'un King Hu, le filmage viscéral d'un Chang Cheh ou les audaces de mise en scène d'un Chu Yuan. Il s'agit juste d'un bon réalisateur classique qui sait bien utiliser l'ampleur du format scope mais ici cela suffit amplement parce qu'une mise en scène élaborée aurait peut-etre nui à un film qui semble etre un de ces divertissements datant des débuts du cinéma. Dans l'univers merveilleux de the Monkey Goes West, une tempete peut éclater à tout moment, un singe peut surgir dans chaque coin, se propulser à des kilomètres par les airs, un singe peut grandir jusqu'à pouvoir tenir dans la main un moine à la manière de King Kong, on se bat avec un guerrier grotesque qui parait tout droit échappé de l'Atalantide, un souverain au physique repoussant qui croit que le pouvoir peut lui permettre d'acheter un mariage se retrouve transformé en pourceau, un pourceau s'y retrouve tenté par trois femmes se baignant, pret à trahir son maitre pour pouvoir s'abandonner à la tentation avant de connaitre un douloureux retour sur terre à la Green Snake, un moine se retrouve face à un dinosaure échappé d'un film de la TOHO, un pourceau peut s'y métamorphoser en clown et retrouver par là l'essence du burlesque. Cet aspect naif trouve son prolongement dans la multiplication des passages chantés dont le plus réussi concerne le pourceau épiant avec avidité les nymphettes démoniaques (tous ceux qui concernent le pourceau sont un vrai plaisir pour le spectateur). Quant aux décors, leur aspect carton pate, bien loin de donner un coté cheap au film, participent de sa poésie douce: il n'y a qu'à voir les magnifiques décors sous-marins du final du film porteurs d'émerveillement.
Seuls petits bémols: l'humour parfois lourd ainsi que le coté sommaire des chorégraphies des combats, le coté cheap des effets spéciaux n'étant pas un défaut et faisant partie du charme kitsch du film. Mais pour le reste ce premier volet remplit assez bien son contrat de divertissement pur et inscrit Ho Meng Hua comme un de ces bons yes men qui ont aussi droit à leur petit chapitre dans l'histoire du cinéma.