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3 critiques: 1.25/5

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17 critiques: 1.54/5



Anel 2.5
Xavier Chanoine 1.25 Vrilles narratives en pagaille et traitement indigne : un Tsui Hark raté
Ordell Robbie 0 Scénarisé avec les pieds, formellement indigne du cinéaste.
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Vrilles narratives en pagaille et traitement indigne : un Tsui Hark raté

Avant même d'avoir définitivement bouclé son projet Nu Ren Bu Huai (littéralement Les femmes ne sont pas mauvaises), Tsui Hark sort Missing, un thriller fantastique mêlant un peu tout et n'importe quoi, présenté à Cannes cette année au Marché du film. On peut se demander après la vision de la bête ce qui s'est passé dans la tête de Tsui Hark. Le film, embrouillé, est une accumulation de flash-back dans l'optique de comprendre l'étrange décès de Dave Chen, un photographe spécialisé dans la photo sous-marine découvert décapité après une exploration dans la cité de Yonaguni. Gao Jin s'est soudainement sentie concernée par l'affaire après avoir visité l'exposition de photos de Dave lors d'une soirée hype. Invitée par sa patiente, Xiao Kai, qui n'est autre que la soeur de Dave, elle est une des dernières personnes à l'avoir vu avant que celui-ci ne soit retrouvé décapité. Gao Jin organisera les funérailles de Dave avant que sa soeur ne débarque pour lui crier son mécontentement. A la cérémonie, un psychologue adepte de l'hypnose décide de rencontrer Gao Jin pour une thérapie particulière. C'est aussi là que les choses fâchent, pour le spectateur, Tsui Hark délaissant complètement sa trame pour partir dans tous les sens et embrouiller son spectateur comme jamais par l'accumulation de flash-back flous qui seront contredis aux trois-quarts du film. Grossière erreur de style, comme si le cinéaste se moquait de son spectateur en lui faisant bien comprendre qu'il a été mené en bateau depuis une heure. Pour déboucher à quoi, finalement? A rien. Ou si, à quelque chose une nouvelle fois incompréhensible, les personnages que l'on pensait possédés ne découlent que de l'imaginaire de Gao Jin. Tous ces fantômes, à quoi ont-ils servi? A étirer le film et à permettre à son cinéaste une incursion complètement ratée du thriller fantastique? A copier les mêmes qualités et défauts de ses collègues Pang? Dommage, car avant que le film ne subisse un revirement de situation complet, Tsui Hark instaure une ambiance travaillée, plombée de temps en temps par des aberrations idiotes à peine dignes d'un faux pas de jeune cinéaste (le poisson qui explose l'aquarium, le maquillage grotesque de Isabella Leong) mais dont l'idiotie paraît touchante.

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Tsui Hark y croit dur comme fer, tandis que le spectateur est déjà perdu entre les personnages qui apparaissent et disparaissent à vitesse grand V (la palme revenant à un Tony Leung Ka-Fai dont la mort n'a rarement été aussi injustifiée) sans que l'on s'y attende pour autant. Le traitement de ces derniers laisse aussi à désirer, notamment le personnage de Simon interprété par Chang Chen, sorte d'autiste cabotin capable de voir les morts. La séquence où il se débat avec une femme fantôme est tellement outrancière dans l'interprétation que l'on se prend à douter des talents d'acteur du bonhomme. Grotesque, la narration étale les contradictions comme on enfile des perles. Tsui Hark perd le fil de son scénario en passant plus qu'il n'en faut du coq à l'âne aussi bien dans le fond que la forme : intrigue embrouillée (ça, on l'a déjà dit), tentative de créer une ambiance vraiment dark souvent contredite par l'apparition d'une chanson en mandarin atroce à peine digne des romances Hongkongaises du début des années 90, véritable enquête posée et étudiée d'une Gao Jin qui alterne thérapies et cabrioles au dessus d'un balcon. Démentiel car complètement incohérent, Tsui Hark déstructure ses fondations car la narration lui échappe. Et quoi de mieux lorsqu'on ne sait plus quoi faire à mi-film? Faire disparaître les personnages, essayer de donner un semblant d'empathie à l'encontre du docteur Gao qui se retrouve malgré elle patiente (et au spectateur d'avaler de travers), oublier toutes ces histoires de fantôme qui versaient dans le mélodrame insupportable comme les retrouvailles entre Dave Chen/Guo Dong et Gao Jin littéralement tout feux tout flammes, filmer la mer et délaisser le message "sauvons nos océans" évoqué en début de métrage pour faire joli et concerné. Le film marche par étapes, par séquences, et si chacune n'a rien à voir avec l'autre rien n'est grave, c'est Tsui Hark, le maître du cinéma HK, donc c'est hype. Bien qu'atroce à la première approche, Missing arrive à se faire apprécié si on le prend au second degré. Les ultimes séquences au bord de la mer avec Isabella Leong sont tellement ringardes et hors propos qu'elles feraient passer Linger pour un classique instantané du mélodrame poignant. Et cette horrible chanson qui revient régulièrement...

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Comment Tsui Hark a pu laisser passer cela, lui, le cinéaste de l'inégal mais furieux Seven Swords bourré de qualités au niveau narratif et formel? Pas grand chose ici ne laisse penser que l'on à affaire à un film du maître, à peine quelques focales sur des objets (un verre d'eau, un livre...), des travellings avants et arrières pour dynamiser un ensemble très plat et exempt de toutes recherches formelles. On n'a pas non plus l'ampleur du scope qu'il maîtrise tant, la photo de Sakamoto Zensho alterne banalité hors du commun (les séquences d'appartement) et ambiance plus chaude (le cabanon en face de la mer en fin de métrage, là où la belle Angelica Lee finira ses jours...). Reste que cette série B du thriller flirte trop avec le nanar pour paraître définitivement sincère. Missing est même un vrai mensonge, un truc pas net sorti de l'esprit d'un cinéaste qui donna ses lettres de noblesse au cinéma Hongkongais et qui fonctionne ici par une ou deux scènes sympathiquement exécutées (le camion fantôme qui démolit l'appartement de Gao Jin, SOS Fantômes powa!). Reste que, complètement perdu, le spectateur aura intérêt à bien s'accrocher pour donner une signification au dernier quart d'heure qui ne sert tout simplement à rien. Attachant mais complètement raté et inutile, Missing est le paradoxe du cinéma actuel de Tsui Hark : des fulgurances minimes mais un traitement affligeant faisant de la narration qu'un élément second à la réussite d'un film.



07 août 2008
par Xavier Chanoine


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