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Mê Thảo - Il fut un temps
les avis de Cinemasie
2 critiques: 2.5/5
vos avis
2 critiques: 3/5
Le tout petit salon de musique
A mi-chemin entre
Le salon de musique et
Anna et le Roi,
Me Thâo utilise le contexte historique de l’ère coloniale française au Viêt-Nam pour entrecroiser 3 histoires d’amour impossibles et décrire la fin d’un monde, la décadence bourgeoise des petits propriétaires de domaine employant quantité de domestiques et se pavanant dans leur costume de prince. Malheureusement, les acteurs (y compris Don Duong, déjà vu dans
Nous étions soldats face à Mel Gibson), l’intrigue linéaire sans rebondissements, la photographie et la mise en scène sont loin d’être du niveau du travail d’un Luis Bunuel ou d’un Satyajit Ray. Trop timide,
Me Thâo ne parvient jamais à susciter les passions et cultive certains clichés de manière un peu grotesque, à l’image des 2 soldats français aux répliques ridicules (et je pèse mes mots…) qui font construire un chemin de fer dans la joie et la bonne humeur (vive le travail forcé !).
Au-delà de ces défauts patents, on retiendra tout de même quelques bonnes idées, comme cette introduction brute dans un train qui rappelle combien il est chargé d’histoire, cette poupée gonflable en bois qui rend les nuits du seigneur un peu plus douces, cette servante muette jalouse de la statue en bois et qui se venge à sa manière, ou encore ces 2 scènes chantées par une jolie actrice émouvante. On aura cependant du mal à s’en contenter.
La morte dans la peau
Curieux, que ce film profondément vietnamien ait été cofinancé avec des moyens français, l'histoire raillant profondément la douloureuse période historique de la colonisation française; car vétéran Viet Linh ne prend le roman originel dont est adapté "Me Thao" que comme le point de départ d'une réflexion approfondie de l'introduction forcée de la modernisation au sein du traditionnel Vietnam.
Le Vietnam, plus encore que la Thaïlande, est un pays qui peut se targuer d'avoir su retenir ses profondes culture et traditions, malgré ses longues périodes d'occupation par des étrangers foncièrement différents. Ayant su résister au colonialisme français, le Vietnam s'est tout autant remis de son occupation américaine; le pays n'en a pas moins absorbé de larges aspects de ces cultures. C'est exactement l'histoire de "Me Thao": la fiancée est morte dans un accident de voiture, symbole suprême de l'arrivée de la modernité. Le bourgeois Nguyen va dès lors se débarrasser de tout signe extérieur de modernité et obliger ses sujets d'en faire d'autant; sauf qu'il sera finalement un cas isolé: en reprenant "conscience" de al vie qui l'entoure, il découvre ses congénères s'investir activement dans la construction du chemin de fer.
En vivant dans le regret des choses passées, on manque le présent et passe à côté de l'avènement de l'avenir…Et comment participer intelligemment à cet avènement incontournable, en se réfugiant dans le doux souvenir nostalgique du passé?
Viet Linh n'en néglige pas pour autant la profonde culture vietnamienne. Outre la musique de chambre vieille de mille ans, le réalisateur recrée également une magnifique séquence de lâcher de lanternes aériennes en hommage à un ancien rite ancestral pour espérer prospérité et bonheur.
La partie introductive un brin académique n'est en rien représentatif de la humble suite à venir. Tel Nguyen, le film se débarrasse rapidement de ses influences occidentales pour voler de ses propres ailes patriotiques. Dommage seulement, que le rythme languissant et le mélodrame trop appuyé viennent gâcher quelque peu des vrais moments de pur bonheur cinématographique, telles ces inoubliables images de la poupée de paille consolant le veuf éploré; les vers de soie écrasés; les séquences fort poignantes de la "muette" ou encore les scènes de sexe à peine dissimulées entre le bourgeois et…une figurine en bois. Une œuvre très forte pour du cinéma vietnamien!