L'amour givré. Un film d'une poésie rare
Pour son premier long métrage, Shunji Iwai nous a bien bluffé. Son Love Letter représente la consécration de son talent, jusque là réduit à la création de moyen métrages d'une durée avoisinant les 50 minutes. Il est de ceux qui arrivent, sans trop de problèmes, à capter l'attention pendant deux heures par le biais d'une histoire romantico-dramatique où deux jeunes femmes racontent leur souvenir d'un homme, Fuji Itsuku, l'un durant son enfance, l'autre durant la vie de tous les jours. Comme il est décrit sur ce site, le pitch est d'une simplicité mais pourtant d'une originalité déroutante. L'originalité se situe evidemment dans ce double rôle que tient la belle Miho Nakayama et dans la narration générale où tout y passe : flash-back, parallèle entre les deux jeunes femmes, moments graves ou amusants, dans un univers aussi glaçant que reposant.
Love Letter est un pur objet fantastique dans tous les sens du terme. Fantastique dans son approche de nous raconter une histoire, fantastique dans son aspect purement formel, on se croirait par moment dans un autre monde à la pureté saisissante. Les longues recherches d'Hiroko et son ami nous font ainsi découvrir des paysages formidables d'un japon définitivement rural.
Filmé avec une douceur presque mélancolique (souvenirs de jeunesse), comme si Shunji Iwai avait peur de froisser les personnages qu'il met en scène, Love Letter est un film tout simplement beau. Les teintes sont douces, la mise en scène est en sans cesse mouvement captant la moindre émotion des protagonistes. Saluons l'énorme prestation de Nakayama Miho, tour à tour touchante, rigolote et nostalgique, rôle ô combien plus difficile dans la mesure où elle incarne deux personnages différents. Pour terminer, le score de Remedios fait culminer le film vers de magnifiques sommets. Une oeuvre précieuse démontrant l'importance de Iwai au sein du paysage cinématographique nippon.
la magnifique confirmation sur la longueur d'un grand talent
Love Letter confirme toutes les promesses des moyens métrages d’Iwai. Ce film est un enchantement. Au travers du récit de la correspondance de deux femmes qui ont aimé le meme homme décédé, Shunji Iwai réussit un monument de romantisme adolescent. La première bonne idée d’Iwai est d’avoir fait jouer les deux femmes par la même actrice, une Miho Nakayama impériale dans ses deux roles : elles représentent ainsi les deux faces d’une même femme, l’extraversion de l’une contre la timidité de l’autre. Le film est baigné dans une nostalgie adolescente et, au travers de leur correspondance, les deux femmes redécouvrent leur propre passé et se découvrent.
Mais surtout Iwai réussit à faire de son film une expérience visuelle et sonore unique. L’ambiance nostalgique du film est renforcée par son décor enneigé. Surtout, meme si Iwai vient du vidéoclip, il ne fait pas un film clippeux. Il utilise son passé dans ce métier de façon positive : les mouvements brusques de caméra sont là pour marquer un ressenti des événements plus rapides. Et ils tranchent ainsi avec le rythme plus lent des autres scènes du film en accord avec des personnages à la recherche du temps perdu (dont un exemplaire sert d’ailleurs de passage de témoin entre les deux femmes). La caméra portée n’est pas utilisée de façon tapageuse : elle sert à scander les pas des personnages dans le neige ou bien à souligner un changement dans la perception des choses des personnages. Chaque plan captive le spectateur par sa beauté et un sens inouï du cadre. Au niveau de la photographie, elle est stylisée (tons de bleus, de rouge orangé) sans être criarde. Le travail sur le son est remarquable et tout le film semble baigner dans bruit de vent en sourdine. Les arrangements de cordes classiques du superbe score musical du film sont pour beaucoup dans sa capacité à toucher le spectateur. Même si les univers des deux cinéastes sont très différents, Love Letter a en commun avec les films de Wong Kar Wai la capacité à utiliser tout l’attirail formel et sonore du cinéma moderne pour nous faire partager au plus près ce que ressentent ses personnages.
Surtout, il prouvait avec cette entrée en matière apaisée qu’il était bien plus qu’un cinéaste de l’air du temps (ce que pouvaient laisser craindre ses moyens métrages malgré leur réussite).
Conte d'hiver
Dès l'introduction du dvd, on est tout de suite submergé par l'ambiance du film et c'est avec une certaine impatience qu'on lance le film car tout comme l'héroïne, on aimerait à se coucher tranquillement dans la neige et faire le vide, empli par une douce musique qui berce nos oreilles. Et c'est avec un certain délice qu'on découvre l'histoire d'Hiroko Watanabe, qui n'ayant pas su se remettre de la mort de son fiancé, lui envoie une lettre qui sera le point de départ d'une grand récit sur le deuil d'un proche et les amours qui ne s'oublient pas. Car tout comme Hiroko Watanabe ne peut admettre la mort de son fiancé, Fuji Itsuku garde au fond d'elle toute la tristesse liée à la mort de son père quelques années auparavant. La mort de ces deux personnes a créé un certain manque dans la vie de ces deux jeunes femmes et cela s'en ressent dans leur vies de tous les jours et c'est un plaisir que de voir ces femmes évoluer au cours du film, se remettant peu à peu de leurs blessures du passé. Aussi, pour Fuji Itsuku, c'est l'occasion via cette correspondance de se rappeler sa singulière et déroutante histoire d'amour avec l'autre Fuji Itusku et on est rapidement happé par la chaleur humaine de ce film, qui fait énormément de bien au coeur.
A l'instar de La Double Vie De Véronique et Hold you tight, le film est littéralement traversé par la grâce de son actrice principale jouant deux rôles à la fois, Miho Nakayama, qui arrive en une simple expression à faire passer beaucoup d'émotion et le reste du casting n'est pas en reste, avec une mention spéciale pour celui qui joue le rôle du grand-père de Fuji Itsuku. Aussi, ce qui frappe au premier regard est l'incroyable beauté du Japon enneigé que nous présente Shunji Iwaï via une réalisation ample et majestueuse, utilisant un budget assez confortable pour transcender son histoire, aidé en-celà par la musique envoûtante de Remedios. Love Letter est tout à fait le genre de films à posséder dans sa vidéothèque car ce qu'il apporte au spectateur est inestimable.
"Love Letter" est un chef d'oeuvre.
Love Letter est un chef d'oeuvre.
Iwai Shunji est un metteur en scène doué, il nous l'avait démontré avec "Undo" ; il était normal qu'au top de sa forme, il fasse un grand film et devienne par la même un grand cinéaste. Non ?
Dans le cas de Love Letter, pour ma part, j'ai rarement vu aussi beau ; c'est bien simple ce film a tout, il a tout simplement tout : une photo magnifique (qui en fait dès la première séquence une oeuvre d'art à part entière), une bande originale superbe (sobre et intense), un montage et une réa viscéraux, pensés, maîtrisés, passionnés; son scénario, s'il n'a rien d'original mis à part son petit plot de départ, apporte à sa simplicité la beauté profonde qui nous touche, servi par des dialogues transparents et saisissants (pas de réplique en vers qui tue, juste plein de petits mots qui mènent à la grandeur), et des personnages vivants, gauches et attachants, surprenants et bouleversants (du personnage du grand père à celui de la camarade de classe); et son actrice principale, que dire... beaucoup d'actrices japonaises sont kawaii :) Miho Nakayama, elle, est grande. Jusqu'au bout; et le reste du casting ne démérite pas, de Etsushi Toyokawa (qui joue l'ami de Hiroko, rôle plutôt carré s'avérant malgré tout assez intense) à Miki Sakai (qui joue le rôle de Itsuki jeune, épatante de naturel; et devenue actrice renommée depuis), en passant par Katsuyuki Shinohara (le grand père, acteur qui a plutôt bien vieilli, et qui joue là merveilleusement même en faisant trop quand on l'a connu dans d'autres rôles antérieurs). Tous sont généreux. Tous sont vivants.
Mais mises de côté ces considérations techniques, il reste le plus saisissant à mon avis : la perfection naturelle avec laquelle s'enchaînent les scènes magnifiques, comme si la vie était aussi simplement belle, et aussi simplement riche. Une fois la première heure passée, aucun repos nous est accordé, et on assiste à une nouvelle heure de pure poésie ordinaire et réservée mais dense, massive, puissante, qui, sur les relents de la musique somptueuse de Remedios, atteint la lumière, et sur le cut au noir final, a fini d'imposer l'oeuvre de Iwai aux yeux du spectateur muet.
Et ce ne seront sûrement pas les quelques petites fautes de frappe comme la scène du "O genki desuka" répété 10 fois (peut-être quelque peu artificiel mais si sincère et beau à voir/écouter) qui viendront troubler l'émerveillement.
Les heures passées après le film, des séquences nous traversent encore l'esprit pour s'y ballader, des séquences d'une grâce rarement égalée dans le cinéma actuel, comme celle où la jeune Fuji Itsuki court sous la neige et s'arrête devant une libellule prise dans la glace, symbole à ses yeux de la mort de son père... des instants de cinéma de ce genre rappellent les dessins animés américains quasi muets des années 50-60, où la musique classique et les expressions des personnages faisaient mieux passer une émotion aux yeux d'un enfant que les plus beaux discours du monde...
Love Letter est un des plus grands films simples que le cinéma ait engendré.
All you need is love, Ta ta ta tatan...
Love letter est un film d'une grande douceur nous immergeant avec grâce dans un magnifique Japon enneigé où deux jeunes femmes apprennent à surmonter leur deuil douloureux...Love letter parle de la mort sans jamais être plombant, bien au contraire on en ressort avec un sentiment de légèreté et de plénitude. Shunji Iwai nous délivre tout simplement une magnifique leçon de vie et prouve qu'il est possible d'aimer quelqu'un après sa mort tout en restant, soi même, "vivant".
En plus d'être une magnifique comédie dramatique à la fois légère et profondément émouvante (difficile de ne pas avoir les larmes aux yeux lorsque le grand père décide d'affronter la neige pour sauver sa petite fille et, ainsi, se racheter de l'erreur ayant conduite à la mort de son propre fils), Love letter est un film d'une rare maîtrise, tant narrative (on passe sans cesse d'un personnage à l'autre, d'une époque à une autre sans jamais être perdu) que visuelle (la photo est à tomber tandis que quelques effets, hérités du passé "clippesque" de Iwai, renforcent l'intensité de nombreuses scènes sans jamais être pesants).
Love letter, dans ses nombreuses scènes de flash back, est aussi une attachante chronique adolescente sur un amour que personne ne veut s'avouer, un amour issu du passé qui se répercutera sur le présent des deux personnages principaux et ce notamment lors d'un final, simple mais poignant, où l'une des deux jeunes femmes, plusieurs années après son adolescence, finit par assumer cet amour d'antan.
D'ailleurs tout le film tourne autour de la recherche d'un amour: que ce soit par l'exploration du passé de l'être aimé et décédé ( et ainsi ajouter aux moments que l'on a vécu avec lui ceux que l'on a pas pu vivre...) ou par l'exploration de son propre passé.
Bref, Love letter est un film qui, sous une apparente légèreté, sans jamais tomber dans le gros mélo ou la "niaiserie" pour midinettes, s'impose comme une oeuvre essentielle (d'une grande richesse) sur l'amour, la mémoire et la mort...Rien que ça !
Enfin j'aimerais souligner l'incroyable composition de la magnifique Nakayama Miho qui alterne, avec crédibilité, deux rôles de femmes complètement opposés.
Charmant
Idée interressante, ambiance très agréable, jolis paysages, bons acteurs principaux (euh....le jeu d'acteur du grand père ets cependant très étrange...es-ce fait volontairement? le réalisateur a t il voulut introiduire du burlesque? quoi qu'il en soit cela surprend et fait rire).
Un bon film!!!!
un chef d'oeuvre
Si un jour on me demande " O genki desu ka?" je ne pourrait plus jamais repondre par "o genki desu". Cette phrase n'a plus de signification pour moi. Love letter y donne un tel sens que plus jamais je ne la verrais parreil. Il est rare de nos jours d'être saisi d'émotion à l'écoute d'une phrase aussi simple. Et pourtant, ce film renverse nos sentiments. On ne peut que ressortir la goerge nouée et la larme à l'oeil de ce film. Prêt à pleurer ou à rire, mais definitivement marqué par tant de beauté. Ce film est une succession de moment de vie. Contrairement aux films classiques qui se divisent en scènes, ici, il n'existe pas de temps, on enchaine dans un même plan deux scènes, on change d'espace temps en deux secondes avec tous ces gens qui apparraissent dans un rue vide l'espace d'un instant. On s'abandonne dans les rues enneigées, d'un blanc si pur. Bref, on vit dans un rêve.
La réalisation est épatante, ingénieuse et très changeante. Les plans sont sompteux. On enchaine plein de bonnes idées de réa, avec ces plans à l'épaule en pleine rue, ou ces tilt haut-bas durant un dialogue, ou bien encore des champs contre-champs dans deux endroits à la fois. Je n'ai pas vu une telle maitrise depuis déjà trop longtemps. Pourquoi tous les films ne sont pas comme cela ?
Le scénario qui à la base semble un peu lourd et niait, permet de faire d'une idée simple, un echainement de moments de pur bonheur. On suit avec envie les aventures pas du tout mouvementés de ces fille charmantes. C'est simple et efficaces. C'est superbement interprété. Et la musique est douce, sobre, chaleureuse mais aussi triste, emplie d'emotion comme tout le reste du film. Dommage que les cut soit trop brut par moment car toute cette beauté se stoppe trop vite.
Au final, je dirait que ce film doit être vu par tous. Il permet de sortir de son monde pourri et de voyager par dela les nuages vers un endroit enneigé qui s'appel mémoire.
un mélo réussi....
on compare ce film avec le travail d'un wong kar wai...je ne suis pas d'accord.
ce film est je trouve beaucoup plus subtil et moins tape a l'oeil qu'un "chunking express"
pour moi iwai renoue avec la tradition du beau film de sentiments japonais a la mizogushi tout en utilisant la grammaire cinématographique moderne....
quelques effets sont en trop,mais ne boudons pas notre plaisir
Maginifique correspondance.
"Love letter" s'inscrit dans le cinéma classique, c'est un vrai mélo mais il n'oublie pas les sourires et les cocasseries que peut réserver la vie.
L'histoire de cette correspondance entre deux inconnues est une idée de départ vraiment épatante,mais l'émotion est de plus en plus présente au fil des images.
Et puis cette oeuvre est d'une constante splendeur visuelle.Le Japon sous le neige,les intérieurs feutrés,tout cela concourt à renforcer la qualité du sujet.Quant à la musique, d'un absolu classicisme ,elle est bien plus qu'un simple accompagnement.
Miho Nakayama porte elle-aussi le film par son talent, sa beauté toute nippone,ses mimiques et sa fragilité.Crédible dans les deux roles, elle est entourée d'une jolie bande de comédiens qui jouent juste,sans cabotiner comme le sujet aurait pu le faire craindre.
Car ce film est traversé par la grace,pas un instant il n'est cucul,au contraire la gravité s'installe petit à petit meme si des clins d'oeil tendres ou amusés allègent l'atmosphère.Et s'il fallait définir par un mot "Love letter", je choisirais celui de pudeur.Que ce soit les amours passées du lycée,les états d'ame actuels des adultes qui portent difficilement le deuil d'un proche, tout est traité avec retenue.
A l'image de la vie,cet échange de lettres (et ce qui tourne autour),montre les joies,les doutes,les espoirs et les déceptions que nous rencontrons tous,et aussi ces révélations tardives qui font envisager sous un jour nouveau un évènement que l'on pensait rangé au rayon des poussiéreux souvenirs.La dernière scène est magnifique à ce titre.
On est vraiment trés loin des soit-disantes "comédies romantiques américaines" de ces dernières années,tournées à la hate et stéréotypées."Love letter",si japonais, démontre une parfaite maitrise dans l'art de nous conter une histoire originale et touchante, sans sombrer dans le larmoyant factice.Un autre monde quoi...
Comme c'est beau, snifff :)
Un melo lacrimal qui va en faire larmoyer plus d'un !
Très bien ficelé, avec une histoire certes assez classique, et reprenant des procédés connus comme la correspondance par lettre entre les deux jeunes femmes (
Il Mare et bien d'autres) ; enfin au final on se laisse prendre au jeu de la romance toute douce et délicate, vraiment touchante.
Genki desu !
Avec un scénario qui n'a rien de très exceptionnel, Iwai réalise un film génial, magique.
La beauté des images fait rêver dès la première scène ; les acteurs sont tous très bons - notamment les scènes qui se passent à l'époque du lycée, scènes où le filme accède à une justesse hors du commun, et un ton vraiment très humain.
A aucun moment l'on ne s'ennuie, le rythme est bien plus agréable que les comédies et les drames sentimentaux habituels - le talent du cinéaste fait ici une grande différence !
De plus le film est en grande partie porté par l'actrice principale, ainsi que par la musique simple et minimaliste de Remedios, qui enveloppe cette
Love Letter de tendresse et de chaleur.
Love Letter a le charme, la saveur, et le style de ce qu'on peut trouver de mieux dans les shojo manga, ou les anime.
Shunji Iwai est sans doute l'auteur du Septième Art sur lequel les 9ème et 10ème Arts japonais pourraient le mieux prendre exemple, tant sa sensibilité d'artiste s'en rapporche. Peut-être est-ce une des raisons pour lesquelles il a joué dans un film de
Hideaki Anno...
poésie à l'état pur
la beauté de ce conte porté par une photo et une musique envoûtantes en fait un film à ne pas manquer
Formellement solide.
Difficile de faire un bon mélo. Ou plutôt, difficile de faire un bon mélo pour celui qui n'est pas particulièrement sensible au genre. Love Letter s'inscrit dans le même genre que Failan, à savoir un mélo joliment réalisé mais où le vernis de l'ensemble pose une limite à l'explosion des sentiments. Tout est trop lisse et la musique, en adéquation avec les images, me semblerait relativement inaudible sortie de son cadre.
Nous sommes loin des ponts du comté de Madison... tellement plus matures.
Une Lettre en Hiver
Tout simplement magistral! Un scénario très bien ficelé et des acteurs attachants du début jusqu'à la fin.
Shunji AWAI nous tétanise par son savoir faire et arrive à nous guider dans un torrent de simplicité au
combien juste et crédible. Une mention spécial au chef opérateur SHINODA Noboru qui signe là une
photo splendide. Bravo!
encore un tour de force magistral
décidément, Shunji IWAI est plus que doué. sur LOVE LETTER qui pourrait être qu'une comédie sentimentale de plus, il nous livre un film délicatement ciselé du début à la fin, alternant allègrement le romantisme et le drame (il s'agit quand même d'un film sur le travail du deuil), la légéreté sentimentale et l'humour fin, tous cela s'intégrant parfaitement et donnant un film magnifique, évitant l'ennui et le nian nian de mise dans ce genre de films traités à Hollywood.
La psychologie des personnages est finement retranscrite, l'esthétisme est bien sans être aussi scotchant que LILY CHOUCHOU, et finalement ce film au sujet dur (le deuil je le répète) est très ancré dans la réalité, LOVE LETTER c'est la vie tout simplement, et ce film est encore un chef d'oeuvre, juste une petite plume d'oiseau en dessous de PICNIC , SWALLOWTAIL BUTTERFLY et ALL ABOUT LILY CHOU CHOU.
Je ne cesserai de le répèter: Shunji IWAI est un des réalisateurs les plus talentueux de sa génération, jouant avec les codes des différents genres de cinéma, et se les appropriant à merveille pour notre plus grand bonheur.
Ceux qui n'auront vu qu'un drame sentimental de plus seront passé à côté de la substance du film
Cœurs en hiver
Œuvre la plus connue et appréciée de Shunji Iwai (à qui l'on doit des films aussi personnels et intéressants que
Picnic,
Swallowtail Butterfly,
April Story ou dans une moindre mesure
All About Lily Chou-Chou),
Love Letter réussit à envoûter avec le minimum d'application, avec un naturel tout primesautier, laissant sa tendre et nostalgique histoire d'amour et d'amitié par correspondance faire gentiment effet sur nous. Il est vrai qu'au départ, et ce malgré le très beau générique bercé par les mélodies de Remedios, on regarde tout ceci de loin, les personnages ne nous paraissent pas immédiatement attachants et le filmage caméra à l'épaule déconcerte un peu. Mais une fois la glace brisée entre nos deux épistolières, on déclare bien vite forfait devant les moments de grâce qui défilent, par le biais de flashbacks ou de simples paroles évocatrices. On s'éprend d'Hiroko qui n'a pas encore mis un terme à son deuil et d'Itsuki qui verra que les apparences du passé peuvent être trompeuses (magnifique Miho Nakayama dans un double-rôle à la hauteur de son talent), puis on découvre peu à peu l'autre Itsuki, ce garçon taciturne et vulnérable dont la présence n'est jamais aussi forte que lorsqu'il fait l'objet de ces échanges de lettres ou des souvenirs partagés par ses proches (la poignante scène du cottage où un ami raconte ses derniers instants lors de l'excursion qui lui a causé la mort). S'apparentant davantage à un conte doux-amer qu'à un mélo tire-larmes,
Love Letter nous fait naviguer entre joie, tristesse, galères et petits riens dans un style à la fois apaisé et kaléidoscopique. Un bien beau film.
Ode à ados (ou Ado à dos)
Dans son genre (à savoir la comédie romantique pour ados) "Love Letter" est incontestablement un bel exemple de réussite, finement observé, joliment raconté et parfaitement mis en scène avec une histoire approfondie, des personnages fouillis et racontée avec une retenue exemplaire. Le film est d'ailleurs parsemé de véritables éclairs de génie, jusque dans son ultime plan, finalement assez prévisible, mais d'une beauté toute simple, qui devrait toucher le cœur le plus endurci (et a réussi à faire pleurer votre serviteur à chaudes larmes – mais c'est un cœur d'artichaut).
Maintenant, je dois avouer m'être attendu à la huitième merveille du monde après les critiques jubilatoires fusant de toutes parts – et avoue avoir été un peu déçu. La faute à un début un brin poussif durant la première heure, quelques scènes – à mon humble avis – totalement superflus, comme le détour par la montagne pour "exorciser" le spectre de la mort et des personnages moins réussis que d'autres…Finalement, c'est davantage dans les scènes de flashbacks, que j'ai été totalement conquis par l'extrême justesse du regard du réalisateur sur la jeunesse et le jeu absolument parfait des jeunes comédiens.
Néanmoins un film, qui mériterait de servir de cas d'école à la ribambelle de comédies romantiques (américaines) dégoulinantes à polluer les écrans chaque année.
Outre le fait que "Love Letter" se distingue de ses contrefaçons mièvro-fantastiques par des idées scénaristiques se révélant au final parfaitement crédibles, c'est surtout en terme de montage qu'Iwai Shunji a fait des prouesses, obtenant un rythme soutenu via un découpage aussi virtuose que sensitif ; à l'aise aussi bien dans les longs flashbacks nostalgiques que dans les courts moments d'intense angoisse.
Coup de cœur
"Love Letter" aborde un sujet sensible avec tact et retenue. Émouvant et même parfois drôle, le scénario se montre original, ingénieux d'un point de vue narratif (j'ai quand même eu du mal à comprendre certaines choses mais au fur et à mesure du métrage tout est rentré dans l'ordre) et prenant (malgré peut être un rythme relativement lent auquel on peut s'attendre). Le casting est formidable de justesse, Miho Nakayama (incarnant Hiroko) passe d'un sentiment à l'autre avec un naturel assez sensationnel.
27 janvier 2020
par
A-b-a