Qui se ressemble s’assemble.
Un premier long-métrage signé Kensaku WATANABE, vu dans un petit rôle pour le PISTOL OPERA de Seijun SUZUKI en 2001, et placé sous l’influence très nette de toute la vague japonaise post-Kitanesque.
Un tueur à gage légèrement allumé rencontrant une fille paumée, ou qui se ressemble s’assemble, ça ne fait pas à la base dans la grande originalité, surtout en y rajoutant l’oncle du bonhomme, lui-même tueur et assisté d’un tireur en devenir.
La réalisation choisit alors de dynamiser le sujet par un découpage elliptique, l’utilisation de ralentis, des angles de caméra recherchés, une photographie superbe sublimant des paysages désolés de route solitaire ou de bords de mer incitant à la contemplation et à la mélancolie. Du Kitano plus vrai que nature, l’humour étant là aussi très présent. Mais à ce jeu-là, il faut un minimum de fond et Watanabe semble ne pas maîtriser tous les éléments dont il dispose, d’où la lassitude du spectateur dans la première partie, plus préoccupé par les divers emprunts défilant à l’écran que par le sort des héros. Le pire est atteint avec une courte séquence de gunfight style jeu vidéo:on touche le fond !
Et puis, sans que l’on s’en rende compte, le film décolle, pour ne plus nous lâcher jusqu’au bout. Un rythme soutenu, des personnages qui deviennent consistants, un ton décalé parfaitement adapté aux situations entre onirisme et étrangeté amusée, une histoire qui prend corps et nous intrigue : ce n’est plus simplement un joli exercice de style, mais un vrai moment de cinéma faisant honneur à ses illustres références.
Jusqu’à un final sans réelle surprise mais parfaitement logique..
LOVED GUB bénéficie de très bons acteurs, à commencer par le physique étrange de Ittoku KISHIBE vu dans deux KITANO justement, ZATOICHI et VIOLENT COP. L’impeccable Masatochi NAGASE, le privé étrange du non moins étrange LA FORET SANS NOM de Shinji AOYAMA, mais lui aussi dans PISTOL OPERA et bien sûr MYSTERY TRAIN de Jarmush. Et la magnifique et très bonne comédienne à la carrière déjà longue pour ses vingt ans à peine : Aoi MIYAZAKI, découverte en Europe grâce à EUREKA d’AOYAMA encore. Un casting de choix qui crédibilise les choix du réalisateur.
Un mot sur le score musical, citant par moment Joe HISAISHI mais suffisamment séduisant pour être apprécié pour lui-même. Un certain lyrisme qui rajoute à l’émotion de la dernière partie du film.
LOVED GUN réussit à se détacher du film hype pour branchés, proposant finalement une tentative intéressante de traiter le polar. Il joue sur les clichés pour mieux les modeler à sa façon, et nous donner un résultat peut-être pas parfait mais au-dessus du lot et plein du charme d’un joli coup d’essai.
à voir pour quelques scènes, rares mais intenses 
Oscillant entre le film d'auteur contemplatif et le film barge de clipeur,
Loved Gun a surtout le cul entre deux chaises. Ce qui n'est pas un mal quand l'alchimie fonctionne bien - que le résultat soit parfaitement harmonieux, ou au contraire dissonant - mais en l'occurance la facette posée traine sérieusement la pâte. Et le film finit par être trèèèèèès long (pour ne pas dire chi***).
Mais il est heureusement sauvé par quelques inventions de mise en scènes vraiment réjouissantes, qui sont malheureusement restreintes à quelques scènes isolées. Isolées mais pour certaines mémorables, comme ce duel totalement irréel qui en un seul plan séquence réinvente le split-screen (à voir donc).
