Sublime, émouvant, j'aime...
Difficile de croire que Lost in translation est un film qui capte autant l'attention. On suit tout bêtement la vie de Bob (Bill Murray) dans cette immense ville qu'est Tokyo, qui même si colorée de partout, grouillante de monde et où la communication prime sur tout, ce dernier ne comprend pourtant rien de ce qui l'entoure. Un peu comme le touriste blasé moyen. Jusqu'au jour où à force de descendre whisky sur whisky dans la partie bar de l'hotêl, il rencontre Charlotte (Scarlett Johansson). La naîssance d'une complicité et d'une grande amitié verra alors le jour. Comme c'est zoli.
Les deux personnages, simples d'aspect mais finalement terriblement complexes sont tout ce qu'il y a de plus classique. Cela pourrait être vous et moi, durant nos vacances ou lors d'un voyage d'affaire. Et c'est pour cela qu'on s'attache immédiatement à eux deux, boulversants et d'une grande sensibilité Bill Murray est égal à lui même, avec sa bonne bouille des grands jours, sa classe et son caractère relax' qu'on lui connait bien. Scarlett Johansson, incroyable de beauté, nous ouvre ses bras pour qu'on s'y refugie. Elle donne réellement envie d'aimer, de se sentir bien et de se laisser aller. En témoignent les chevauchées nocturnes dans ce fascinant Tokyo illuminé, le soir quand il n'ya rien à faire à l'hôtel. Une virée dans un centre d'arcade? Dans une boîte tendance et épurée de strip-tease? Ou alors au restaurant de sushi du coin?
Fait de simplicité, Lost in translation captive, passione, pourtant muni d'un pitch tout bête, tout simple. Presque un road-movie urbain teinté de poésie, de grande émotion et de sensibilité. Et si c'était ça le secret d'une réussite? La simplicité et l'émotion.
Tourisme chic.
Lost in translation est, à sa manière, un film héritier des années 80. Comme dans certains des plus intéréssants films dérivés de l’esthétique années 80, il y est avant tout question d’atmosphère. La lumière, le montage, le cadre et les choix musicaux
de bon goût font baigner les personnages dans une ambiance jet lag comme ils faisaient baigner ceux de
The Virgin Suicides dans une atmosphère éthérée. L’atmosphère, cette chose qui renvoie aussi bien à un cinéma sensoriel et
moderne qu’à une publicité pour parfum. Cela tombe bien : Sofia COPPOLA est de par sa formation entre deux univers. Son environnement familial l’a faite baigner dans la cinéphilie tandis qu’elle a aussi travaillé dans la mode, la publicité et le vidéoclip. La cinéphilie, elle est là au travers d’un scénario vaguement antonionien, vaguement wongkarwaien, vaguement fellinien. Il est question comme chez ANTONIONI d’êtres s’ennuyant dans leur couple, le pessimisme de l’Italien en moins. Le caractère platonique de la rencontre entre Bob Harris et Charlotte donne au film des airs d’
In the mood for love déglamourisé. On y cite
La Dolce Vita, on veut se moquer de la superficialité des milieux people et branchés mais cela vole beaucoup moins haut que la satire fellinienne de la jet set.
Lost in translation, c’est aussi un film de touriste, au propre comme au figuré. Ses personnages ne s’y aventurent jamais au-delà du Tokyo des guides touristiques. Là où les choses coincent, c’est dans le regard assez arrogant de la cinéaste sur le Japon et les Japonais. La chose est cependant rendue digeste par le génie comique de Bill MURRAY qui transforme des situations de choc culturel dignes sur le papier d'une mauvaise comédie hexagonale en réservoirs de gags. C’est d’ailleurs souvent le talent de l’acteur et celui de Scarlett JOHANSSON qui donnent au film le genre de charme qu’avaient les LELOUCH du milieu des années 60 et du début des années 70, ceux d’avant l’impasse chorale : le charme de l’accidentel, de l’improvisation heureuse, du moment de liberté qui peut donner à une scène un supplément d’humanité. C’est grâce à eux deux que l’on savoure la célèbre scène du karaoké, une scène pourtant filmée et montée avec les pieds. C’est grâce à eux deux que les adieux de fin de film ont le même parfum de regret que le baiser Jackie BROWN/Max CHERRY chez TARANTINO.
Une grâce pas toujours au rendez-vous et des tentatives caméra à l’épaule brouillonnes empêchent le film d’être aussi réussi que
The Virgin Suicides. Mais, en sus de se distinguer dans le morne paysage de la comédie romantique contemporaine,
Lost in translation a dans ses meilleurs moments du charme (le sien propre, celui de l'air du temps qu'il reflète). Chose que l’on ne saurait dire des films suivants de la cinéaste.
En apesanteur
N’ayant pas du tout accroché au destin des 5 petites garces blondes suicidaires de son précédent film, je n’attendais rien de spécial de Lost in Translation. Pourtant, grâce à une histoire d’amour toute simple entre 2 êtres paumés en plein Tokyo, j’ai été transporté. La photo est somptueuse – Tokyo a-t-il déjà été filmé comme ça par un local ? -, la bande son planante, et surtout l’alchimie fonctionne parfaitement entre Bill Murray, quinquagénaire tête de chien battu à la recherche d’un second souffle, et Scarlett Johansson, magnifique de sensibilité. Qualité supplémentaire : Sophia Coppola ne se prend pas au sérieux, notamment lorsqu’elle multiplie les clichés sur le Japon vu par un étranger pour mieux s’en amuser. Dans le making-of accompagnant le film, on peut d’ailleurs découvrir une personnalité éminemment sympathique, tout excitée qu’elle est de faire jouer le grand Bill dans son œuvre…
Le charme de Lost in Translation vient sans doute de son côté « vacances d’enfants », où 2 adultes retombent dans leur jeune âge et se prennent par la main pour courir dans les rues profiter de la vie, se donnent rendez-vous sur rendez-vous avant que survienne le fatal moment de la séparation. Une œuvre constamment sur la corde raide entre émotion et comédie, qui marque les esprits par l’atmosphère sereine qu’elle réussit à dégager.
Comment j'ai tué mon père par Sofia Coppola...
[Attention, légers spoilers]
Lars von Trier avait créé avec Europa un film sous hypnose. Le Requiem for a Dream de Darren Aronofsky posait les bases d’un cinéma sous héroïne. Quant à lui, le deuxième essai cinématographique de Sofia Coppola constitue sans doute la première œuvre sous décalage horaire.
Ainsi, plus encore que dans Virgin Suicides où le spleen était pourtant déjà prégnant, le temps semble suspendu et tout paraît être en flottement dans Lost in Translation. Dans un Tokyo qu’ils trouvent trop froid, trop différent, trop incompréhensible, Bob Harris (Bill Murray) et Charlotte (Scarlett Johansson) s’ennuient et se morfondent dans la mélancolie qu’occasionnent leurs solitudes respectives. Lui est un acteur à la carrière déclinante qui vient faire un gros cachet en tournant une pub pour un whisky local, Elle est la jeune épouse cultivée et désoeuvrée d’un photographe branché et visiblement pas extrêmement fin, venu tiré des clichés promotionnels d’un groupe de rock local. Lui est cinquantenaire et en pleine crise conjugale, Elle n’affiche pas beaucoup plus de vingt ans (Scarlett Johansson avait dix-huit ans au moment du tournage).
Tous les deux sont plus ou moins perdus entre jet lag, néons tokyoïtes, fossés (gouffres ?) culturels et linguistiques… En résulte deux attitudes différentes (Bob est cynique, il se moque des autochtones tandis que Charlotte fond en larme, remet en question son couple) qui cache sans doute le même spleen. Comme ils partagent d’interminables insomnies, ces deux « héros » se rapprochent pour mieux faire passer le temps. A deux on est plus fort, ce disent ils sans doute alors que leur relation au pays du soleil levant est à un stade proche de l’adversité. Ainsi, Bob et Charlotte vont-ils commencer à sortir et écumer les soirées, sans négliger le moindre « passage obligé » du touriste occidental au Japon : sushi-bars, karaokés, temples bouddhistes… De ces pérégrinations va naître une relation équivoque, indéfinissable entre les deux personnages. A quoi faut il croire quand, dans une scène sublime, Bob s’installe aux côté de Charlotte sur le lit de cette dernière, sans faire pour autant le moindre geste tendancieux vers elle ? Du paternalisme, du désir refoulé, une amitié de commodité qui transcende la frontière des âges ?
Comme chez Wong Kar-Wai (Lost in Translation évoque furieusement Chungking Express et à un degré moindre In the Mood for Love), il est impossible, même au terme du film, de répondre avec certitude à cette question. Les rapports des personnages resteront toujours dans une profonde ambiguïté dont ils semblent se satisfaire jusqu’au dernier instant quand ils se quittent pour sans doute ne jamais se revoir au terme d’une séquence admirable. Les promesses callipyges du très beau premier plan ne seront pas tenues, et c’est sans doute un bien car cela procure au film toute sa finesse en présentant une anti-love story à mille lieux des canons hollywoodiens.
Si sur le fond, Lost in Translation n’est pas très loin de Virgin Suicides (plus par son atmosphère élégiaque que par sa thématique), la forme diffère grandement. Alors que Virgin Suicides (ab)usait d’effets caractéristiques du clip et d’un montage qui frôlait le surdécoupage, ce second film montre une grande spontanéité dans son filmage. Et si ce choix est sans doute à l’origine des quelques scories que l’on pourra relever dans la mise en image, si le style de la cinéaste n’est pas d’une éclatante originalité, l’œuvre dans sa globalité n’en est que plus légère, et sans doute plus sincère.
Enfin, se pose la question du regard que Sofia Coppola pose sur le Japon. De prime abord, on serait tenté de crier au scandale devant ce que certains n’hésiteront pas à considérer comme une satire tissée de clichés qui tourne en dérision les Japonais et leur pays en ne les présentant qu’à travers le regard perclus de poncifs du touriste occidental. Du karaoké (qui donne pourtant lieu à une magnifique scène) aux salles d’arcades électroniques en passant par les scènes avec la call-girl ou le photographe qui font la part belle à la prononciation toute relative de l’anglais par les Japonais, on assiste à une succession de vignettes-truismes qui prêtent le plus souvent à rire.
Mais à y regarder de plus près, on comprend vite que la satire n’est pas unilatérale, loin de là. On dénombre ainsi plusieurs personnages tout ce qu’il y a de plus américains qui n’ont d’autre fonction dans le film que de se rendre ridicules (la starlette et son petit ami rappeur, le mari photographe branchouille, le crooner du bar…). En allant plus loin, on ne peut que constater que le personnage interprété par Bill Murray (aussi brillant que sa partenaire Scarlett Johansson, ce qui n’est pas peu dire…), sous ses dehors cyniques et pince-sans-rire est finalement tout à fait risible. Avec la jeune Charlotte, il tourne en dérision les Japonais, se moque sans cesse de leurs faits et gestes, leurs coutumes, leur anglais, mais qui s’en soucie réellement ? Qui cela fait il rire ? Personne et surtout pas lui-même. En un sens, il est plus ridicule encore que les Japonais qu’il singe, et ne tarde d’ailleurs pas à s’en apercevoir en regardant son pantomime grotesque dans une émission animée par un présentateur aussi exubérant que peroxydé qui n’est pas sans rappeler Kitano Takeshi dans ses œuvres télévisuelles. Et même quand il parvient (à l’hôpital) à provoquer l’hilarité de quelques autochtones, on peine à déterminer si ce n’est pas de lui qu’on se gausse. Conscient de sa condition en définitive assez pitoyable, Bob Harris n’esquissera donc pas le moindre souvenir avant le final émouvant où il comprendra qu’après avoir rêvé de le fuir, il ne veut plus quitter le Japon.
Film aussi drôle et léger que touchant et mélancolique, Lost in Translation apporte donc la confirmation de l'immense talent qu’on ne pouvait que soupçonner dans Virgin Suicides. Avec maestria, Sofia Coppola se sera donc fait un prénom en deux films à peine. Deux merveilles qui laissent augurer une longue et fructueuse carrière.
Très bon, mais je n'ai personnellement pas trop accroché
Une chose est sûre, les deux acteurs principaux jouent leur rôle à merveille. surtout Bill Murray, d'un caustique sans pareil. Toutefois l'impression que retransmet le film et qui est celle ressentie par les deux personnages ne me convient pas du tout. Tout au long du film, par le biais de la musique un peu cinglante, on n'a l'impression d'être à quatre heures du matin après une sortie sans fin et un besoin de dormir pressant. En fait s'est tout à fait la situation dans laquelle se rencontrent les protagonistes. Ils n'ont pas supporté le décalage horaire et arrivent dans une ville étrangère voir imperméable. Je dois avouer avoir attendu la fin du film.
Autre que cette question de goût qui ne m'a que modérément plu, j'ai été assez déçu par l'image que l'on voit du Japon. A part quelques clichés connus de presque tous on n'en vois pas grand chose: karaoké, jeux-vidéo,... On entrevoit certes un temple et un groupe de femmes taillant des plantes, mais ça reste bien trop superflu.
??????
Lost in translation se laisse regarder avant tout pour le jeu époustouflant de Bill Murray qui est vraiment exceptionnel dans le rôle de cet acteur "perdu" dans une ville où tous lui échappe, où les moeurs, coutumes, traditions et la manière de vivre lui sont complètement opposés . Il est drôle et touchant, et il fait passer moult émotions . Cependant, le film qui dure presque deux heures semble interminable par moment . Bien que bon, Lost in translation est infèrieur au précédent film de Sofia Copolla, Virgin Suicide, il n'a pas la même puissance émotive et narrative de ce dernier, on passe tout de même un agréable moment .
Pour faire taire les stupide commentaires negatifs sur le film:
Il ne se moque pas des coutumes japonaises, au contraire il donne envie d'aller vivre là-bas!
Bobo's movie
Tout commence par un superbe plan sur une raie des fesses vue par transparence.
La suite est plus classique :
Les japonais sont petits, les japonais ne savent pas prononcer les "r" des langues occidentales, dans les restaurants japonais tout est pareil sur la carte, la télé japonaise est débile,...
Pour se donner bonne conscience on singe aussi sur Hollywood ou les starlettes sont des victimes de la mode en quête de spiritualité au rabais, les artistes branchés ont des têtes d'ahuris et ne savent pas communiquer, les agents artistiques vous font faire n'importe quoi...
Au milieu de tous ces clichés, deux personnages en plein doute (donc des héros), Charlotte et Bob, qui tournent en rond dans leurs petites vies de riches américains et accessoirement dans la piscine de l'hôtel.
Avec d'aussi grosses ficelles, le film ne m'a pas convaincu, jamais les personnages n'essayent de s'intéresser à l'étranger, à l'inconnu.
Restent Tokyo, ville fascinante, Kyoto, Scarlett Johansson charmante avec sa voix rauque et Bill Murray.
Sofia Coppola sait choisir ses interprètes et ses musiques de film, pour le reste on attendra son prochain film branché.
très beau film...
voici le film dont on parle en ce début d'année...
1) oui sofia copolla est "hype"...
oui,elle a des amis "hype",elle choisit des sujets "hypes",elle a meme son magasin a elle (un magasin branché evidemment...)
2) parfois,la publicité sur ce film est peut etre un peu "too much"...
3) oui, a premiere vu,"lost in translation" c'est l'histoire de deux "bobos" en transit dans un japon branché et de carte postal...
seulement voila,"lost in translation" est surtout bien plus que ca.
et pourtant,il ne se passe si peu de chose!
une rencontre....une amitié...un amour naissant...et c'est tout!
mais-et dans la médiocrité de la prod actuelle-c'est finalement bien essenciel!
en fait,le film tient a une alchimie fragile,à un fil ténu qui nous relie aux personnages de facon directe....
cette fragile alchimie tient bien evidemment au regard de la cinéaste,mais aussi a deux formidables comédiens(johansonn craquante et l'immense bill murray)
certaines crtiques négatives ont essenciellemnt reproché au film sa vision caricaturale de tokyo.
c'est vrai,c'est le japon vue par la copolla,j'imagine,sans y etre allé moi meme que sa vision en est forcément réductrice...mais c'est une vision,et surtout ce n'est finalement qu'accéssoire....le décor est en "transit" comme les personnages.
le personnage de murray est un gaijin,il voit tokyo comme tel.
et puis depuis quand as-t-on besoin d'une vision forcément réaliste?
on a reproché a kurosawa de dépeindre les bas-fonds selon sa vision et non comme la réalité?
oui et alors?kurosawa ne voulais pas faire du rosselini ou du de sica.
copolla non plus...
personne n'a donc été en jet lag une fois dans sa vie?
tout le monde peut comprendre cette vision.Moi la 1ere vision de new york,c'était une vision de touriste,time square,les lumieres,les taxis foncant a toute allure,les clichés de base sur les states....
Tout ca pour dire que copolla n'est pas japonaise et "lost in translation" n'est pas un doc sur tokyo.
j'imagine que la vision de la réal ai pu déranger les connaisseurs,mais moi ca ne me gène pas plus que de voir ds les films l'image des francais avec le béret et la baguette de pain....
alors film surévalué?
non.A ma connaissance personne n'a dit que c'était le film du siecle;"lost in translation" ne propose pas une reflexion quelquonque sur le couple,sur la vieillesse ou sur le déracinement(faut-il le déplorer?),mais raconte juste l'histoire d'une rencontre,avec ses moments de drolerie(certaines blagues font mouches),de mélancolie et de grace....point.
en fait je peux comprendre la déception si on n'a pas accroché avec les personnages,si ne s'établie pas un lien intime avec le film puisque justemnt le film repose essenciellemnt selonmoi sur cette sensation....
dommage,moi en tout cas ca m'a touché(a titre personnel,cela m'a rappellé une histoire un peu similaire qui m'est arrivé il y a quelque temps à l'étranger) et c'est pour ca que ce film m'a plu.
ce qui fait aussi le charme de ce film,c'est justement qu'il donne le temps au temps...enfin une romance a l'écran ou l'on a pas le droit a une rencontre/amour/sexe/dispute/reconciliation finale tout ca en a peine 1h30!
ici,les persos avancent doucement;ils sont prudents comme le film,de peur de casser le fil qui les réunis....
le "elle et lui" de ce début de millénaire....
Le film à sensation
Film très attendu: Echo enthousiaste de Venise, carton aux USA, critiques dithyrambiques en France. Dès les premières images, la peur d'être déçu s'efface pour faire place à un émerveillement qui ne me lâchera plus. J'avais pas mal aimé "Virgin Suicides", film à l'atmosphère envoutante (super BO) mais "Lost in Translation" c'est le calibre au dessus. Un coup de maitre. La quintessence de la comédie dramatique. Peut-être le meilleur film américain des 30 dernières années.
La réalisation, la photo et les acteurs sont parfaits (confirmation du talent de Bill Murray et révélation de Johannson). Et que dire de la musique (qui surpasse celle de Kill Bill). Surtout j'ai retrouvé cette ambiance unique d'un grand hotel de Tokyo.
Un film comme un rêve.
Voila Sofia Coppola parachuté nouvelle égérie du cinéma indépendant US non sans raison.
Pour Bill Murray
Voilà une comédie romantique à des années lumière de la production récurrente américaine.Pas de Meg Ryan ni de Ben Affleck, ouf!
Des vrais personnages, des situations crédibles, et... une ballade hallucinée dans le Japon actuel.Le scénario se résume d'ailleurs à cette déambulation nocturne, sans véritable fil rouge sinon le spleen des deux protagonistes.Sofia Coppola réussit donc un film beaucoup léger et périssable que le sombre "Virgin suicide", mais on reste loin d'un chef-d'oeuvre.D'abord par son côté hype un peu agaçant, l'héroine passe beaucoup de temps en petite culotte,c'est joli mais on se croirait dans une publicité pour les sacs Vuitton ou autres accessoires de luxe.Bien sûr qu'elle glande dans sa chambre d'hôtel et que sa tenue est justifiée , mais Coppola choisit des plans trop porno-chic pour rester honnête.On a bien sûr droit au parcours obligé dans le Tokyo by night.Faire appel au trés photogénique chef de bande de "Bullet ballet" est cependant une bonne idée, prototype du japonais hype et branché.Cet univers est celui de la réalisatrice, rendons-lui grâce de savoir filmer son milieu, et aussi d'en voir les travers et la superficialité, c'est déjà bien.
Et la Karaoké-partie est à elle seule un morceau d'anthologie.
Mais la seconde moitié du film est un peu lassante et tourne en rond avant d'amener la trés bonne scène finale, pudique et émouvante.Bill Murray est, il est vrai ,d'un autre calibre que tous les jolis nigauds embauchés habituellement pour la circonstance:c'est sur sa performance que repose effectivement le projet, et il assure un maximum dans ce rôle de (riche) paumé.Dur pour Scarlett Johansson d'exister face à lui, elle y parvient pourtant.
Restent quelques beaux plans du Japon, une vision amusée de l'incommunicabilité,une nouvelle déclinaison de l'"ultra-moderne solitude" citadine déjà vue souvent et surtout chez les réalisateurs asiatiques,une bande sonore et musicale parfaitement adaptée (et hype là-encore) avec cette extraordinaire séquence du karaoké.Un mélange sympathique, trés agréable à suivre dans sa première partie surtout,mais jamais de choc émotionnel ou l'impression que le film décolle vraiment.Dommage car la mélancolie sous-jacente aurait mérité plus de développement: à force de styliser ses plans et de trop vouloir suggérer,la fille Coppola passe à côté d'un grand film.Sofia n'est pas Wong Kar Wai et encore moins Kitano!
"Lost in translation" s'élève donc au-dessus de la production courante ,c'est certain, mais pas jusqu'au panthéon de la comédie romantique.
Alors là non quoi !!!
Déja que je n'étais pas un fan de Bill Murray, mais là je trouve qu'il a touché le fond du fond.
Je n'arrive pas à entrevoir dans ce film la moindre once de ressemblance avec la réalité au Japon. Quand les réalisateurs occidentaux cesseront-ils les vieux a prioris et idées réçues du monde asiatique?
D'ailleurs, en parlant Sofia COPPOLA, je ne comprend même pas comment on peut en arriver là après un si bon
Virgin Suicide. C'est à se méprendre.
Lost in Translation est à 100 lieues de son premier succès, complètement impersonnel et quelconque.
A vrai dire, Lost in Translation n'est d'après moi qu'un semblant de vieux cliché "humoristique" entretenu par un scénario vide de tout intérêt et très mal orchestré qui plus est.
Les blagues de Bill Murray sur les coutumes japonaises sont à la hauteur de l'esprit du film. C'est pitoyable. Bref, si il y a bien un film dont on se serait bien passé, c'est bien celui-là !
(comment mettre 5€ dans un film médiocre)
Romance colorée
Film romantique à Tokyo. Les lumières des néons, la musique pop... la forme du film est plaisante. Qu'en est-il du fond ? Bon début, bon milieu mais fin d'histoire un peu faiblarde... Les acteurs principaux sont sympas. Le scénario est un peu creux mais le film reste agréable.
Y gagner en (se) perdant
Je crois que voir Lost in Translation, c'est un peu se parler à soi-même, au cours d'une promenade sauvage et solitaire, où à l'occasion on attrape au vol un bonheur qui descend dans sa vie; c'est se retrouver entre des choses absurdes et tendres; on se sent étranger, à demi-artiste, à demi-oiseau, sur la pointe des pieds à la manière d'un bon danseur, chatouillé d'un rayon lumineux de bonheur, faisant un pied de nez à la réalité pour accrocher une bouffonerie sur le dos des vérités absolues, autant dire faire paradoxalement preuve d'un esprit de poids, de gravité...
La force de Lost in Translation ne serait-elle pas simplement de faire résonner en nous notre nature d'énigme, notre sagesse toujours plus profonde, plus soupconneuse, plus douloureuse? Ne sommes-nous pas confrontés à la dérive des sentiments et la mise en doute du langage? Je veux dire, quelle communication pour une époque où la logique de flux emporte tout sur son passage? Et quelle place pour le cinéma, art du ponctuel, du mouvement et du temps, dès lors "perdu dans sa traduction"? Quelle issue pour un art confronté à son négatif télévisuel ou encore à la simplification des images opérée par la publicité (mémorables scènes où Bill Murray est confronté à ses auto-fictions)? Y-a-t-il encore la nécessité et l'envie de filmer (la source) ainsi que l'envie de voir (le récepteur)? Singulier, quasiment auto-suffisant, Lost in Translation efface ces considérations, souligne ainsi la perte mais garde la "translation" en proposant la plus belle des réponses et accessoirement une douce ivresse de cinéphile; ce plan d'ouverture, la silhouette de Scarlett Johansson, deux fesses à croquer, où se lover, champ d'une virginité ouvrant sur les fantasmes du XXIe siècle, les beautés fatales de Kill Bill, les déesses de Wong Kar Wai, et de belles histoires...
Lost in Tokyo
Lost in translation est un film ultra chic que Sofia Coppola filme avec le regard d’une jeune femme au goût très sûr, pointu et résolument moderne. Film mode ou film de pub, histoire d’amitié ou d’amour, empire des sens ou des signes, son film est toujours entre, au milieu, à une mesure infinie décimale où l’émotion naît de manière fugace, fugitive, poignante et lacrymale.
Lost in translation c’est la traduction impossible d’un sentiment entre deux étrangers. C’est Bob (Bill Murray), comédien vaguement sur le déclin, venu à Tokyo pour une improbable campagne de pub pour un whisky japonais auquel il prête son image. Et Charlotte (Scarlet Johansson), jeune mariée un peu désabusée à un quelconque photographe ultra branché de L.A. (Giovanni Ribisi). Ils ont en commun de loger dans le même hôtel à Tokyo, un quatre ou cinq étoiles de rêve, où d’ascenseur, couloirs et bar ils vont finir par se croiser et se lier d’amitié. L’un accuse la quarantaine avec difficulté, l’autre à tout juste vingt cinq ans. Entre eux il y a un écart, un monde, un pays. Ils partagent un certain sentiment de solitude, d’égarement, d’isolement dans un pays auquel ils ne comprennent rien. Un pays et une culture qui leur est étranger, dont la langue et les signes leurs font barrage et qui pourtant va les unir le temps d’un voyage, quelques jours à peine où en silence vont se murmurer lentement, doucement, les mots impossibles à traduire d’une émotion et d’un sentiment qu’ils ne pourront vivre au-delà de cet espace insulaire et bref de bonheur.
Bob et Charlotte partagent une recherche du sens dans des directions opposées. Elle, jeune et à peine sortie d’études de philosophie, erre et cherche un sens à sa vie. Dans ses déambulations, entre les couloirs de l’hôtel, les rues de Shibuya, Harajuku où lors d’un bref voyage à Kyoto, elle porte un regard sur le monde où elle ne cesse de tenter de comprendre. Charlotte est curieuse, se cherche, pratique une méditation bidon en sachant à quoi s’en tenir, elle n’est pas hermétique, ne rejette pas ce qu’elle traverse, elle est lucide et pourtant se pose des questions. Le Japon glisse sur elle, c’est une surface sur laquelle elle se laisse aller en tentant de la comprendre sans vraiment l’interroger, elle se laisse pénétrer à distance. Charlotte cherche la traduction de cette étrangeté sans l’analyser. Elle apprend. De sa post adolescence de jeune américaine, Charlotte retrouve quelque chose de l’enfance dans ce voyage. Les signes du monde devenu anonymes et quasiment neufs, elle pratique un espace où son regard et sa vie son mis en crise d’éducation et où la non-reconnaissance force à l’interrogation. De son coté Bob est sur l’autre versant de la pente. En pleine « mid-life crisis » (crise de la quarantaine) comme se plaît à plaisanter avec lui Charlotte, terroriser par son rôle d’époux et de père irresponsable, il frise la dépression. Bob est blasé, il ne veut plus chercher à assimiler et comprendre le sens de ce qui l’entoure. Tout dans ce voyage ou presque montre de lui une incapacité à vouloir tenter de comprendre. Ne subsistent que des malentendus, une incompréhension totale entre lui et les autres. D’une séance photo pour sa campagne de pub, où un photographe japonais zélé tente de lui donner des indications sur une idée déjà faite, préconçus de ce qu’il peut et doit représenter (et dont Bob comprend rapidement là où il veut en venir, des clichés), à quelques rencontre avec la population locale, Bob et les autres, c’est impossible. D’un coté comme de l’autre la traduction est impénétrable.
Pour réunir sans unir son couple, Sofia Coppola préfère plus souvent filmer la bizarrerie de l’autre plus que son étrangeté. Si le Japon est le trait d’union entre Charlotte et Bob, il l’est parce qu’il solidarise ce couple incompossible dans son statut d’étranger au monde et aux autres. Si Sofia Coppola veut nous faire adopter les points de vues de ses personnages, nous faire comprendre que c’est avant tout leur propre perception de ce monde qui définit sa manière de nous le montrer, il y a malgré tout chez elle une certaine récurrence un peu paresseuse de planter ses personnages seuls contre tous. A l’exception de leur première sortie nocturne avec des amis japonais de Charlotte, où enfin les barrières se brisent, où les problèmes de traduction s’efface dans un anglicisme universel qui pourtant montre comment chacun se définit (la grande scène du Karaoké), le Japon et les autres sont pour Bob et Charlotte la condition de leur solitude et le pas qui les rapproche. Sofia Coppola n’évite pas nombreux clichés, et en use et en abuse même parfois. Elle porte un regard qui sans en débusquer la finesse peut à première vue passer pour l’illustration parfois un peu touristique et hermétique à cet autre monde que peut représenter le Japon pour un occidental.
Mais qu’est-ce que c’est Tokyo sinon l’hyper modernité absolue ? Un monde de surface où le fantasme et la fiction se sont traduits dans la réalité. Dans cet univers d’ultra fiction où la ville même semble avoir caché son passé dans le présent, le monde est une vertigineuse plaque de signes dont il devient presque inutile de chercher à comprendre le sens. Pour Charlotte et Bob, le voyage comme Tokyo sont l’évanescence et l’immanence de ce qui ne se dit pas. Ils traduisent une émotion, un sentiment qui se taît, que l’on a sur le bout des lèvres mais dont on sait d’avance qu’il n’a pas d’avenir. C’est une solitude qui se brise, se craquèle tout en conservant ses propriétés. Et Sofia Coppola possède un talent inouï pour capter avec finesse et justesse ces moments fugaces de solitude et l’entre deux.. Son sens incroyable du découpage et du montage, qui fragmente ces moments d’égarement où Scarlet Johansson s’ennuie et médite seule dans sa chambre, illustre avec une profonde sensibilité cette sensation d’errance. Véritable cut up d’images se confondant avec la forme parcellaire du souvenir, elle sait capter cette solitude à la hauteur de ses personnages et leur donner une consistance infiniment touchante. Elle sait incroyablement donner une présence à la femme, ou plutôt la jeune femme, dans toute sa quintessence et sa modernité. Elle enregistre, par des gestes, quelques mots, une pose, un regard ou encore la garde robe de Scarlet Johansson, la particularité toute spécifique qui à la fois la définit et la tient à une distance profondément inaccessible, insaisissable. Jeune femme belle, simple et naturelle, Charlotte est presque à l’image du monde dans lequel elle erre. Comme dessinée dans le patron d’un jeune créateur ultra branché et confidentiel des ruelles d’Harajuku, elle est l’étudiante, l’adolescente dans toute sa dimension moderne qui fait écho aux définitions déjà lisible chez Dostoïevski ou Gombrowicz, comme à tout un pan de la jeunesse japonaise. Aussi évanescente et à la recherche de quelque chose, elle est à l’image de l’univers mode et très chic japonais que Sofia Coppola partage jusqu’à en définir son style. Micro pub au sein du récit, certaines scènes comme celle de Kyoto, montre comment l’écho entre le monde du dehors et sa captation par les personnages se confond dans le style même de Sofia Coppola. Lumière, montage sont à deux doigts d’une publicité pour Kenzo tout en s’en détachant et en conservant leurs propriétés intrinsèques au sein du récit. Mais son ton branché, ses allures très chic qui façonne si bien le monde de Lost in translation et Charlotte, ne perd non plus jamais de vue Bob et sa solitude. Systématiquement à sa hauteur, Coppola nous montre avec justesse et émotion l’usure de ce quadragénaire paumé qui retrouve de la fraîcheur et de l’imprévisible à la rencontre de Charlotte. Et puis cette histoire, c’est aussi celle de Bill Murray, acteur génial et improbable dont on sait si peu, et dont on voit ici le visage fatigué, quelques rides se dessinées sur son visage formulant malgré elles déjà du souvenir, et un regard triste comme un clown se posant sur une Scarlet Johansson sublime et en pleine ascension.
Gosse de riche Sofia Coppola ? Si son regard et ses vicissitudes font preuves d’un souci et d’interrogations où l’ennuie dans un quatre étoiles japonais très luxe laisse sous-entendre que depuis longtemps elle gravite autour de quelques sphères dorées, et que son œil s’y est forgé (il y a bien quelque chose d’elle dans Charlotte), peu importe. La force avec laquelle elle sait nous raconter et filmer cette histoire d’amour (ou d’amitié) fugace qui ne se dit pas, ne se réalise pas au-delà de quelques enlacements trop brefs, de gestes à peine esquissés, de baisers à peine murmurés, de quelque chose qu’on chuchote, et qui font écho à un sens très japonais du dévoilement, est profondément touchante. Peu importe encore qu’elle n'ait peut-être pas plus filmée l’étrangeté, et qu’elle en confortera certains dans quelques préjugés exotiques, Lost in translation arrive à capter un souffle unique, la brièveté sourde et secrète du voyage et de la rencontre. Tout comme ces plans volés dans la foule à Shibuya, à la station de métro Omotesando ou encore du pont près de Daiba, les images fugitives de la ville et de Bob et Charlotte qui s’y perdent, sont à l’image et se confondent avec le souvenir de leur histoire. Grand film sur l’impossibilité à être et comprendre le présent dans un Tokyo qui sous la surface de cet hyper présent cache son passé, les images de Lost in translation sont les bribes d’une rencontre dont nous avons été les témoins et que seule notre mémoire immortalisera. Film à l'émotion aussi intense que le grisement royale d'une coupe de champagne dans un palace ou un restaurant que se plait à fréquenter l'underground, il est aussi l'émergence ultra réaliste de la nostalgie et la mélancolie en leur sein. Lost in translation c'est la naissance de l'amour entre quatre yeux étoilés de doutes par le temps. La partition déstructurée pour deux âmes perdues dans une ville sur laquelle veille la fée électricité, et où dans les coins règne calme et sérénité pour ceux qui veulent s'y reposer. Entre accélération, ivresse et ennuie, Sofia Coppola capte peut-être avec simplicité, confiance dans ses comédiens qui lui donne tout, mais elle joue aussi d'un instrument à la musique moderne et sensuelle, qui dans son éclatement d'images et son récit parallèle isolant chacun pour mieux les réunir psychiquement, nous donne la voie vers l'émotion ténue et retenue d'un regard qui se donne, se dévoile tout en s"échappant au même instant. Tour à tour Bob et Charlotte nous sommes l'homme et la jeune femme, la fille perdue et jeune mariée comme le mari désabusé transi par la jeunesse. Nous sommes les étrangers un peu forcés de quelques caricatures, qui pourtant s'étiolent lorsque les cartes postales se déchirent au milieu du récit. La musique est facile, on connaît les morceaux, et les jouer sur les néons de Tokyo grise vite et naïvement. Mais peu importe. Laissons nous transporter par My Bloody Valentine, que la musique souligne ou nous donne l'indication à suivre à quoi bon ? Le cœur des villes à besoin de la musique, c'est elle qui sublime ses images et leur donne leurs profondes vibrations entre mélancolie et vitesse de défilement hallucinogène, la musique est la drogue des capitales. Celle de Lost in translation rend palpable et complète une ambiance tout en universalisant nos ivresses urbaines. Elle communique aux personnages en les enveloppant dans sa bulle pop un monde qui tisse cette atmosphère définissant autant leurs états d'âme que le sentiment qui les condamne. Playlist connu qui se réalise dans cet univers fantastique entre réel et cinéma, les plages s'enchaînent comme autant de chansons souvenirs, de morceaux dont on se souvient lorsque l'autre absent, pour un temps ou toujours, nous manque, et dont les quelques notes donnent une dimension émotionnelle palpable, identifiable à la mémoire. De l'écriture mentale où les partitions prennent en charge le temps pour y faire déplier nos émotions dans les cryptes secrètes de nos narcisses aux larmes singulières.
Lost in translation ne durera peut être qu'un temps, tout comme son histoire, la dernière mode à Tokyo, ou peu importe. Qu'il ne dure, il ne faudrait pas lui en vouloir, car c'est notre friandise acidulée, un bonbon qui fabrique sa propre saveur, ses propres images. Sofia Coppola crée un parfum de et pour les jeunes filles de son temps. Aussi longtemps qu'aura duré la beauté presque intolérable, trop sublime, de Scarlett Johansson à l'écran, là est ce qu'il nous restera de précieux. Que nous ayons emmené son image avec nous, qu'elle soit notre grande frustration comme notre secret d'amoureux transi les yeux dans le noir face à son visage illuminé par la projection, c'est notre tragédie comme le plus grand bonheur. Nous étions à Tokyo ensemble, avec Bob nous n'avons pas dormis, le séjour était trop court. C'était telle année, ça n'a pas duré, depuis les choses ont changé. Tant mieux. Sofia Coppola réalise l'un de ces films merveilleux parce qu'encore plus qu'il colle à la peau de son époque, il est à l'image de ce qui fait que quelque chose à pu donner l'idée qu'on pourrait définir une époque. Il déplace avec raffinement les motifs moteurs de la mode et par conséquent de son instabilité. Lost in translation c'était en 2003 ou 2004, ce fût un moment émouvant, un coup de cœur ou un coup de foudre transporté dans un univers artificiel dans lequel s'est nichée, presque invisible, l'émotion du présent. Par quelques taches, des plis, notre vision s'est articulée autour de l'impossibilité du devenir, dans les gestes que l'on retient, dans les mots que l'on ne dit pas, pour un temps, quelques heures. Dans l'atmosphère ouatée, chaleureuse et fragile de ses images, Lost in translation nous a invités à lui faire confiance pour un moment, à l'habiller et croire que la réalité pouvait s'y insérer. Demain la mode aura changée, il faudra faire confiance à d'autres images ; demain nous aurons décollé, il ne restera plus que des souvenirs.
Excellent
Un critique sur ce site a parlé de film sous jet lag et c'est exactement mon avis sur ce film nous parlant avec émotion d'une histoire d'amour entre deux être perdus géographiquement et psychologiquement. On passe un très très bon moment grâce aux acteurs principaux qui sont vraiment excellents.
Une perle.
Un cadre, une période, un homme et une femme qui n'ont a priori de commun que leur solitude du moment : terreau d'où émergent avec une finesse inouïe des interrogations, le doute, un embryon d'amour et la frustration. Coppola-fille capte le réel avec une facilité qui confine au futile. Son
Lost In Translation, vaporeux, gracieux, s'élève direct dans la sphère très select des films qui expriment tout sans rien dire, des grands films.
Un vide qui mouline du néant, alléchant non ?
Après le glauquissime Virgin Suicides (avec un James Woods épatant de fragilité et une Mary Jane Watson....oouuupss Kirsten Dunst attachante de détresse), Sofia Coppola semblait vouloir changer de registre (j'ai bien un exemple musical en tête mais il risque d'emmerder tout le monde), pour montrer qu'elle savait faire des films qui ne se terminent pas par l'envie de se pendre, mais auquel on a le sourire aux lèvres et la larme à l'oeil, why not ?
1er problème : toutes les critiques sont dithyrembiques et surtout des machins beaufisants comme les Inrocks, Studio et je ne sais quoi.
2ème problème : tout le monde aime bien, ça va être dur de défendre un avis contraire.
Bref, l'objet en question "enfin" vu (depuis quelques mois, 'fin, bref), je peux clamer haut et fort que ce film est un flan, creux, bourré de cliché, pas mis en scène, avec une b.o molle (bien loin de Kill Bill -ok, Ennio Morricone ça colle pas des masses mais la musique de Air dans Virgin Suicides était trèès bien employée, pourquoi ne pas les avoir fait resignés ?-).
Alors, voilà, on commence pas ce qui va : le rythme. C'est indéniable, Sofia Coppola sait assembler un film de manière cohérente, et faire un montage ni trop long (donc, si vous m'avez suivi(e)s, je dis que le film N'EST PAS chiant) et surtout évite les tiques des serials "rigolisants" de la TV avec gags lourds, mise en scène plan-plan (ah tiens, non en fait) et surtout la recherche du gag immédiat. Bref, niveau structurelle, le film assure.
Autre point fort, Bill Murray. Scarlett Johansson et la réalisatrice ont beau essayées de tout faire pour le canaliser, rien ne marche, il vampirise l'écran et nous rappelle par instant le Ghost Dog de Jarmusch, plus présent certes, mais taciturne, fatigué, pince-sans-rire, presque blasé, il en devient immédiatement attachant dans ce rôle de "demi-loner" (on est loin de Budd dans "quoi-vous-savez" mais bon).
Alors voilà les deux (seuls ?) points forts du films, parce que au niveau du fond, c'est plus douteux.
En effet, il semblerait que Sofia Coppola ne garde du Japon que les clichés amassés dans les glorieuses eighties mais à la sauce 00 (= jeunes péroydé(e)s fans de karaoké et de jeux vidéos), pour le coté "choc des cultures", on repassera.
Mais il y a aussi le "translation" qui est génant car incompatible avec Tokyo ('fin pas tout à fait, mais ...j'me comprends).
Effectivement, Sofia Coppola ne se sert JAMAIS de l'architecture démentielle de la mégalopole japonaise (deux panoramiques et puis basta !), or le cinéma étant avant tout une affaire de sensations, on ne se sent jamais perdus par une overdose de lumières, de sons urbains, de foule, ..... Pour un peu, ce serait presque un film de couloirs.
De plus, les plans sur la petite culotte de Scarlett contrastent étonnement avec la sobriété du métrage mais liés aux clichés susdits, ça fait un peu vulgos quand même. D'habitude, je ne me plains pas tellemnt de ce genre de trucs, mais le plus souvent, c'est dans des B, bis et Z ASSUMES (des bidules tout aussi inoffensifs comme Détour Mortel, le remake de Massacre A La Tronçonneuse -avec Jessica "raaaaah" Biel- et leurs plans suggestifs sur les formes de leurs héroïnes) alors dans un film de la part de quelqu'un en quête de respectabilité, ça la fout mal.
Bref, nous voilà avec un film qui se veut léger mais qui est plombé par ses clichés (que vient foutre la scène de promotion d'un film ?) et qui, par l'indigence de sa mise en scène s'évapore aussitôt le générique apparut. Dommage.
Excellent
Le film retranscrit avec exactitude et humour les impressions que peuvent avoir des occidentaux de passage à Tokyo, sans tomber dans le piège de la carricature de bas-étage. Une ambiance parfaite, presque planante, des acteurs qui connaissent manifestement leur métier, une
love story fugace, réaliste et sans artifices. Du tout bon.
L'état des choses!
On pourrait dire que le film "d'errance" et que c'est un genre difficile. Le spleen se filme assez mal si on y pense un peu. Mais c'est quand même la spécialité de quelques realisateurs: Wenders, Jarmush et Wong Kar-Wai, pour ne citer que ceux là.
Il faut s'attacher aux petits riens... laisser la caméra flotter sur les non-évènements... Prendre son temps... Mettre les famaux 3 petits points de suspension un peu partout...
Le film d'errance peut se permettre de faire dans le cool aussi... Down By Law ou Chungking Express en sont des réussites (à mon avis). Lost in Translation non. Pourtant, la situation de l'exptrié, je connais bien. J'aime vraiment beaucoup le Jesus and Mary Chain période Psychocandy... pourtant... pourtant, je me suis emmerdé, dieu que je me suis emmerdé. Vouloir poser la caméra en témoins (objectif ?) du spleen est une proposition dangereuse (pour le spectateur). À force de vouloir filmer les petits rien qui font le spleen on finit par faire un film ne reposant sur rien. En fait, il ne suffit peut-être pas de filmer le rien, le vide dans la vie d'une personne pour en arriver à capter le vide l'existenciel. Montrer un type qui s'emmerde peut-être véritablement emmerdant. Et mettre Just Like Honey ne rend pas automatiquement une scène`émotive. En fait, lorsque le spectateur (c-à-d. moi) qui regarde la scène se dit "faut que je me rachète ce disque en CD", à mon avis, c'est raté.
Faut jamais oublier que dans l'errance on peut se perdre.
(pour la note, je ne sais pas quoi trop mettre.... je me suis tant emmerdé. Mais je ne pense pas que ce film soit pourtant quelque chose à jeter sans y regarder un peu....)
Tout frais sorti du micro-ondes
Lost in translation est le parfait archétype du film calibré pour cinéphiles pseudo-intello: production à petit budget, auteurisante, nantie de longs dialogues et plans fixes, et de cette ferme volonté de filmer du vide, des temps morts et des longueurs pour donner cet aspect faussement subtil, somme toute illusoire, puisque ce n'est – presque – que vacuité et torpeur. Sofia Coppola n'est pas son père, et on ne peut s'empêcher de lui reprocher son manque d'aptitude à bien tenir une caméra: quand ils ne sont pas fixes, les plans tremblotent, cadrés avec les pieds; cela doit être la mode de ce genre de films pour bobos branchouilles, avec un peu de bouillie pop/rock en guise de bande-son. Mais rien de grave là encore. Le ton se fait réellement déplaisant lorsque la fillette de Francis Ford accumule les clichés japonais ringards, évoqués déjà mille fois auparavant. Les Nippons sont débiles, ridicules, juste bons à faire du karaoké ou à se déchaîner sur les jeux vidéo publics, ils te sortent une phrase interminable pour dire en fait deux mots. Pauvre Bill Murray, quel dur séjour il passe là, lui qui venait juste à Tokyo afin de se faire de l'oseille en tournant une pub pour un whisky ! Scarlett et Bill apparaissent d'ailleurs comme les seuls personnages « normaux » du film; infortunés qu'ils sont ! Pourtant, entre les dialogues barbants, les longueurs, l'académisme (ou plutôt le semi-amateurisme) de la réalisation, le scénario rachitique et la prétention auteurisante de
Lost in Translation, il y a de jolis instants, de superbes plans nocturnes de Tokyo et quelques scènes sympathiques faute d'être drôles. Bill Murray, en vieux clown triste, et Scarlett Johansson, candide, simplement belle, jouent bien, force est de le reconnaître. C'est un peu grâce à leur présence que le naufrage est évité in extremis. Leur histoire d'amour, si elle tend elle aussi à sombrer dans le déjà-vu, n'en demeure pas moins mignonne et bien développée.
L'Empire des Sens
Quel merveilleux petit film que voici !
Rarement le Japon perçu par des "étrangers" n'a-t-il été mieux véhiculé, que ce soit par les images, que par le jeu des acteurs !
Après une première demi-heure véritablement tonitruante, où des petites touches humoristiques font mouche à tous les coups, l'histoire effectue un léger re-virement pour ne se concentrer plus que sur les principaux protagonistes.
Tout en douceur et finesse, cette histoire n'en est pas une de l'Amour, mais plutôt une prise de conscience pessimiste assez terrifiante, tel qu'un chacun d'entre nous peut la ressentir à un moment ou un autre : "que suis-je? qu'ai-je foutu de ma vie jusqu'à présent ? Vais-je donc continuer ainsi ou simplement tout plaquer ?".
Deux êtres, dont l'une qui n'en est qu'à son tout début de mariage et se demande, si elle est effectivement prête à partager toute sa vie avec un mari, qu'elle ne pense plus connaître. De l'autre côté, Bill Murray (EX-CELLENT !) en vieil acteur blasé, dont la vie privée semble être devenu terriblement banal. Leur rencontre va donner lieu à un petit moment partagé; quelques heures de "folie", mais sans grandes étincelles (soirée en boîte/karaoké), juste un moment partagé ensemble.
Dès le départ sur une même longueur d'onde, ils ne pourront qu'être attirés l'un envers l'autre; mais tel que dans "In the Mood for Love", ces deux personnes vont vivre pleinement le SENS de cet Amour, sans jamais le consommer...
Un très grand film, parfaitement maîtrisé par une réalisatrice d'à peine 32 ans... et qui aura mis bien des choses personnelles dans tout le film (ayant vécu bien des fois dans des grands hôtels; étant le milieu de la mode au Japon; ayant été marié au photographe et clip-er Spike Jonze; etc, etc...).
Malheureusement, le film s'essoufle un petit peu après la première heure passée; malgré tout le résultat est véritablement magnifique !!!
ça ne s'impose pas
Voir la critique de Paul Memphis, j'ai ressenti exactement les mêmes impressions.