Strip & Tease
De Matsue Tetsuaki, on ne connaissait guère ses performances cochonnes dans pléthore de pinku – et notamment "The Glamorous Life of Sachiko Hanai", si vous vous revendiquez de ceux, qui ne regardent pas ce genre de productions, à moins qu'elles aient été "portées" au grand public…
Ou alors ses documentaires, parfois en lien avec l'industrie de l'AV, des fois semi-biographiques, extrêmement nombrilistes, où il se donne plus d'une fois le beau rôle en envahissant image et son de sa présence agaçante…Il s'est d'ailleurs fait une spécialité dans le sous-genre du "docu porno", durant lequel il va interviewer ses partenaires avant des les "sonder" un peu plus en profondeur au cours d'une partie de jambes en l'air.
Quelle n'et donc la surprise de découvrir ce "Live Tape", curieux petit docu, extrêmement frais et pétillant.
Tout est donc parti de l'idée de tourner quelque chose rapidement à la mort du grand-père de Matsue pour se changer les idées. Il a donc l'idée de contacter le chanteur-interprète Maeno Kenta, une sorte de Bob Dylan japonais, très apprécié pour ses textes engagés et tabous délivrés simplement de sa voix nasillarde…Un chanteur, dont Matsue se sent proche et avec lequel el courant passe instantanément entre les deux hommes.
Plutôt que d'un énième documentaire sur le chanteur et / ou concert filmé, Matsue lui propose de se balader dans les rues de son enfance et d'improviser des chansons au gré de ses envies…ou du moins, ce qui semble d'abord…
Pourtant la présence à l'écran de Nagasawa Tsugumi, merveilleuse chasseuse de démons dans le gorissime "Tokyo Gore Police" aurait déjà dû nous mettre sur la voie: tout n'est finalement pas, ce qui semble être…La ballade au fil du temps a été parfaitement préétablie au préalable, des rencontres hasardeuses n'en sont pas vraiment et le docu prend son entière dimension de "docu-fiction" durant les magnifiques dix minutes.
Sans en dévoiler la teneur, sachez seulement, que l'on regarde plus du tout la prestation du même œil, ni on ne l'écoute des mêmes oreilles…et on redemanderait juste de revoir le film pour tenter de discerner le vrai du faux, tout en faisant des recherches supplémentaires pour en apprendre également plus sur la teneur des chansons.
Car une création artistique devrait avant tout être une délivrance toute personnelle – et ce jusque dans les blockbusters apparemment réalises pour le seul compte de son public.
Les deux artistes, le chanteur et le réalisateur se livrent donc en quelques phrases et expliquent toute la démarche…en se livrant vraiment corps et âme à leurs spectateurs…
Une démarche très proche de celle d'un IMMAMURA Shohei de la grande époque, qui avait la même démarche de se mettre au premier plan dans ses rares documentaires des années 1970s et d'agacer public et interlocuteurs avec ses questions franchement envahissantes, mais qui avaient au moins pour mérite de percer cette sacro-sainte carcasse nipponne et de voir au-delà des simples apparences, que l'on veut bien se donner là-bas.