A life less ordinary
Il y a des films comme ça, pétri de bonnes intentions réalisés à la sueur du front par toute une armée de personnes dédiées, des véritables projets de vie…et qui ne réussissent pourtant pas à toucher. "The life of Buddha" est de ceux-là…
Second long-métrage en animation traditionnelle (2D) après "Sudsakorn", produit par Payut Ngao-krajang en 1979 ("Khan Kluay", réalisé en 2006, aura été, lui, le premier long en 3D), "The Life of Buddha" aura mis près de quatre longues années à se réaliser.
Projet imaginé et financé par la femme d'affaires Phimtong Wallapa, qui pense adapter l'extraordinaire histoire du Gautama Buddha d'après les écrits Tipitaka (textes fondateurs de la doctrine bouddhiste theravâda) en l'honneur du 80e anniversaire du roi Bhumibol Adulyadej le 5 décembre 2007, il connaitra toute une série de mésaventures et d'embûches avant d'être finalement prêt. Dans un premier temps, le partenaire financier de Phimtong abandonne le projet en cours de route, retirant toutes ses billes pourtant nécessaires à al réalisation du projet; la femme d'affaires n'aura d'autre choix, que de vendre ses biens personnels pour compléter le projet, surtout que le budget initialement prévu de 50 millions de bahts va coûter plus du double.
Afin de respecter le matériau d'origine au plus près, un comité composé par des moines et des religieux éminents valident chaque étape de la production, depuis le scénario, constamment réécrit au fur et à mesure de l'état d'avancement, en passant par les dessins préparatoires jusqu'à l'animation finale. Il n'est d'ailleurs pas rare, que des séquences entières sont reprises pour rétablir quelque vérité, comme la reprise complète de certains décors pour mieux coller aux paysages historiques.
Plus de 60 dessinateurs vont ainsi s'affairer à la tâche, parmi lesquels des nombreuses personnalités ayant auparavant officié pour des productions (japonaises) de la Tohei, tels que des travaux de sous-traitance des épisodes de "Galaxy Express", "Saint Seya" et "Sailor Moon" ou encore des employés de productions Disney. C'est d'ailleurs l'influence de la souris américaine aux grandes oreilles décollées, qui transpire le plus avec des personnages directement emprunts aux derniers succès en date et des personnages animaliers parlants.
En revanche, qualitativement, "Life of the Buddha" n'arrive même pas à la cheville des productions les plus torchées du géant américain: les traits sont simplistes et l'animation bien en-deçà des 24 images / seconde standard, dégageant une désagréable sensation de statisme et de "haché", notamment dans les scènes plus "animées". Les expressions faciales sont réduites au plus simple et décors et arrière-fonds restent désespérément vides.
L'équipe a bien évidemment privilégié l'animation en 2D, ne serait-ce que pour des raisons de coûts évidents dans un pays très peu formé à l'animation; seule la scène préfigurant la naissance du Bouddha bénéficie d'un traitement en 3D pour donner totue importance à l'événement.
L'histoire se divise en quatre parties en suivant les grandes lignes de l'imposant recueil d'origine avec la naissance du Bouddha, son apprentissage l'illumination et finalement l'accession au Nirvana avec les incontournables scènes du serpent happé par l'aigle et autres prédications du grand Bouddha; rien, qui ne puisse finalement différencier cette version des nombreuses autres adaptations animées (au rabais), comme notamment la version indienne de Shamboo Flake.
Adaptation donc forcément décevante malgré les efforts déployés, "Life of the Buddha" ne rend ni justice à la grandeur du saint homme, ni au travail de l'équipe technique pour tenter de redynamiser l'animation thaïlandaise.