Une chronique de paumés.
Dernier opus de la trilogie Shinjuku, Ley lines est un métrage dont on se demande encore l'utilité tant il s'avère inférieur à ses meilleures drames sociaux que sont Blues Harp ou Rainy Dog. Il nous narre les mésaventures de trois jeunes paumés issus de familles d'immigrés ayant quitté leur doux foyer pour mener une nouvelle vie dans le Tokyo moderne. Trois loosers aux rêves utopiques qui vont lentement tomber dans une spirale de régression en rencontrant des personnages tous plus grotesques les uns que les autres.
On y trouve des thèmes souvent étudiés par Miike, à savoir les rêves de jeunesse, l'espoir, la survie, ici réduits à de pures fantasmes tant l'issue est évidente : personne n'arrivera à réaliser son rêve. Et ce ne sont pas ces trois paumés qui crèchent de quartier en quartier qui vont me faire mentir, pas même avec l'aide plus ou moins précieuse d'une prostituée qu'ils ont rencontré en chemin, non, Ley Lines est une douce utopie. Sans le sou, mêlés à des trafics de produits douteux, nos vagabonds rêvent d'une destination de rêve : le brésil. Mais à quel prix? Avec quels fonds? Le banditisme est la solution à leurs tracas mais c'est non sans risque. Comme dans les précédents opus de la trilogie, les jeunes insouciants vont se retrouver dans le collimateur des mafias locales, quoi de plus normal quand on vient farfouiller dans leur territoire. C'est d'ailleurs l'une des faiblesses de l'oeuvre.
Ley lines n'arrive jamais à être concluant dans sa démarche de critique sociale, faute d'une intrigue décevante faisant la part belle aux gentils affrontements peu crédibles et aux longues séances de parlotte histoire de meubler l'ensemble. On ne s'attache pratiquement jamais aux personnages, que ce soit au niveau des jeunes paumés ou des gangsters tant leurs avatars semblent vides de tout charisme. Même le duo Aikawa Sho/Samuel Pop Aning n'arrive pas à être amusant malgré leur carte de visite bien gratinée. Miike semble un peu perdu au niveau de la construction de son récit, enchaînant les séquences comme des vignettes de bande dessinée maladroites, violentes et relativement crades. Sa trilogie est crade, Ley lines fait partit du lot. Plus soft que Rainy Dog et Shinjuku Triad Society on y trouve quand même quelques scènes érotiques censurées par d'effroyables sphères électrifiées (un floutage aurait été plus sobre), un ou deux gunfights bien anodins et les éternels tabassages de demoiselles parce que ça fait plus viril. Mouais. Tournons nous alors vers l'atmosphère bien dégueu, aux couleurs diverses et variées (néons bleus, rouges, jaunes...) filmés dans un clair obscure bien raté (où qu'il était le chef op?) pour y déceler quelques "qualités" même si le mot est finalement bien grand.
Essai transformé de justesse de la part de Miike tant l'entreprise semble prendre l'eau à plusieurs reprises. Heureusement qu'on y trouve un portrait intéressant d'une prostituée revancharde et quelques séquences dramatiques plutôt touchantes (d'où une interprétation plutôt bonne) éclipsant sans trop de problèmes les carences du scénario, prétexte à clore une trilogie inégale alternant moments forts et d'autres d'une platitude sidérante.
Esthétique : 2.5/5 - Qui a éteint la lumière? Y'a quelqu'un?
Musique : 3.5/5 - Une bien belle musique quoique peu présente. Du Endo comme on l'aime.
Interprétation : 3.5/5 - Une composition plutôt juste malgré un manque cinglant de charisme de la part des personnages, prostituée à part.
Scénario : 2/5 - On n'y croit pas franchement, mais ces jeunes sont tellement plein d'espoir! Smile!
Ligne perdue
Si le rythme moins bancal qu'à l'habitude chez le cinéaste font de Ley Lines un Miike se laissant voir, reste que c'est encore une fois loin d'en faire au minimum du bon cinéma. Ca commence par évoquer le racisme de la société japonaise vis à vis de ses immigrés avec autant de subtilité qu'un mauvais film social. Puis après cette ouverture le film ne se met qu'à effleurer la question du rapport d'un Japon en crise à ses étrangers, à la noyer complètement dans une narration mal construite. Le film semble alors perdre en route son sujet, se limitant à une suite de séquences ne formant pas un tout cohérent. Ce qui est acceptable dans d'autres Miike au coté délire assumé l'est moins dans un Miike "sage" ayant des prétentions auteurisantes. Comme toujours, quelques trouvailles narratives disséminées ici et là sauvent le film du désastre. Reste une mise en scène entre le cliché visuel arty et l'original pour l'original. Pour le premier, ces longs plans séquences qui ne font rien d'autre que créer de la durée, pur procédé donc. Pour le second: la lumière qui change en alternance de couleur lors d'un dialogue, la lumière clignotante dans le couloir entre autres... Ventre mou encore.
Décevante chronique sociale
Le dernier volet de la Black Society Trilogy s'intéresse à nouveau aux relations sino-japonaises, mais abandonne le polar au profit de la chronique sociale. Le film débute par un kaléidoscope brouillon de personnages et de saynètes présentant la minorité chinoise habitant l'archipel nippon, avant de se recentrer sur 4 jeunes un peu paumés qui rêvent de liberté et d'exil. Parmi eux, une prostituée repentie, sans doute le personnage le plus attachant de ce portrait au vitriol d'une société japonaise qui marginalise les étrangers vivant sur son sol (dont un africain dans un petit rôle, assez rare pour être signalé).
Pourtant, cette chronique s'avère au final peu convaincante; on a parlé de Iwai, de Harada ou de Fruit Chan au sujet de
Ley Lines, mais Miike n'a toujours pas de vrai talent de narrateur pour rivaliser avec eux et son film ressemble beaucoup à une succession de vignettes superficielles et de quelques bonnes idées disséminées qui n'ont pas grand chose à dire, ce qui le rend inégal et ennuyeux. Même les fans de scènes chocs made in Miike seront déçus car ces dernières se limitent à quelques actes sexuels pour le moins inoffensifs. Un film mineur donc, mais également frustrant car il avait un potentiel suffisant sur le papier pour le rendre au minimum intéressant.
Made in miike?????
Voilà un film qui partage encore ? Pourquoi ? Parceque les fans de tAKASHI n'apprécieront pa bcp le ton sérieux de LEY LINES qui nous gratifie d'une seule scène made in Miike sur l'ensble du film ,tjrs aussi inspirée.Pour le reste Ley Lines me fait bcp penser à City of lost Souls dont il reprend pasmal d'idée ;d'autres le comparent aussi à SWALLOWTAIL BUTTERFLY (que je n'ai pas vu).Il y a aussi à mon avis un petit coté MADE IN HK par moment .
L'intrigue pas très complexe ne surprend à aucun moment et les personnages ne snt pas assez développer pour réellement marqué.Qd à la réalisation de Mr Miike ,elle semble encore nettement en retrait par rapport à d'autres de ses films plus inpirés. Reste une scène d'intro et un travelling final qui retiennent l'attention de pas mal de spectateurs mais qui persos ds un sens m'énerve car le cinéma de miike ce n'est pas celui là ,et ces passages manquent d'honnêté, à la limite de "l'hypocrisie artistique" , pourtant ils snt beaux.
Ley Lines en bref, manquent d'audace (un comble pour le réalisateur) ,et reste une oeuvre mineur ds la filmo de MiiKE qui decevra les amateurs et ravira surement ses détracteurs.
Miike place ses images et ses personnages au bord de la brûlure par un habile jeu de lumière. Au delà de ce principe formel étonnant, il convoque tristesse et nostalgie, et démontre surtout un extraordinaire talent de pure mise en scène.
Les détracteurs du cinéaste pourront se convaincre ici qu'il sait éviter provocation et cochonneries disparates, et en quelques plans qu'il possède des qualités de réalisteur exceptionnelles.
08 septembre 2003
par
hendy
un (tres) bon film
si 'j'avais vu ce film sans en connaitre le réalisateur, je n'aurais surement pas pensé a Takashi MIIKE. en effet, mettant en veilleuse le grand guignol et l'outrancier, MIIKE nous offre ici un film quasiment "d'auteur", posé et plutot dans la retenue; malgré tout on sent par moment que ca le démange et on a droit a quelques trivialités MIIKE-esque aleatoirement.
on pense tantot a Shunji IWAI (quand la caméra se libere dans le mouvement), un peu plus tard a Fruit CHAN, mais cela forme un tout assez original et agreable niveau realisation, limite auteurisante a certains moments. et MIIKE nous etonne (une fois de plus) car il semble a l'aise aussi dans ce registre.
au niveau de l'histoire, LEY LINES fait encore penser a IWAI avec son film SWALLOWTAIL BUTTERFLY (sublime, indispensable, touchant et tout et tout...) de par le theme abordé: l'immigration clandestine au japon. d'ailleurs les premieres rapellent tres tres fortement SWALLOWTAIL dans l'esprit. rares sont les films traitant de ce sujet au Japon, je ne sais pas si c'est tabou la-bas mais ca en a l'air, tout comme le métissage et racisme anti-chinois, voire le racisme tout court.
je regrette un peu que MIIKE n'ait pas plus exploité ce theme d'ailleurs, on sent qu'il ne va pas au bout des choses a ce niveau la.
por situer le scenario, il s'agit d'une tranche de vie d'immigrés clandestins et de marginaux, quelquefois dans des situations assez désespérées, auxquels on s'attache rapidement. (meme "pitch" que SWALLOWTAIL encore une fois).
je n'en dirai pas plus coté scénar car ce n'est pas vraiment nécessaire, mais force est de constater que ce film est une réussite a bien des niveaux, meme si j'aurais espéré de MIIKE une critique encore plus acerbe voire extreme de la societé (les personnages se jettent sur l'argent tels des heroinomanes en manque sur une dose)
que dire d'autre sinon que j'ai une petite préférence pour le film de IWAI tout de meme, mais takashi MIIKE s'en sort avec les honneurs et je lui rends grace de nous avoir épargné ses scenes déjantées qui auraient fait tache ici, un peu comme dans DEAD OR ALIVE (surtout 1 et 2) ou ce genre de scenes sont plaquées a un film assez sérieux.
ps: les acteurs sont criants de réalisme
ps2: merci a la censure crétinne qui nous gratifie de beaux flash electriques sur les quelques parties génitales dénudées et de bips encore plus stupides sur les mots interdits aue l'on devine (peut etre du style "negre" ou autres). ca n'enleve rien au film mais ca fait toujours chier de voir une oeuvre censurée.
Made in Japan
Film à ranger des oeuvres plus intimistes de Miike - aux côtés d'un Dead & Alive 2" ou "Bird People..." et clôturant son cycle sur les triades.
Se penchant sur la difficile intégration des immigrés chinois au Japon après la IIe Guerre Mondiale, Miike dresse le portrait (vite esquissé) d'une bande de pieds-nickelés, bientôt rejointe par une prostituée paumée, qui se plongent corps et âmes dans le monde impitoyable des triades. Si la marginalité des héros - représentants des immigrés au Japon au général - est lourdement appuyée, Miike n'a pas le talent d'un Fruit Chan ou d'un Kim ki-Duk pour traiter réellement le sujet en profondeur. S'ensuivent quelques vignettes plus ou moins savoureuses de trois personnages immédiatement identifiables au sein d'un scénario somme toute assez classique quand on arrive à demmèler une structure narratique chaotique et sans aucun doute faite pour cacher le vide scénaristique.
Pas de scène "culte" à chercher, si ce n'est qu'une scène SM assez pimentée, une scène montrant comment se débarrasser (très rapidement) d'un chat et une fin donnant tout son sens à "bain de sang".
La mise en scène assure le minimum syndical : Miike opte une nouvelle fois pour des longs plans fixes, certes contemplatifs pour un film se voulant comme tel, mais sûrement plus adapté à une réalisation plus rapide (Miike tournera pas moins de 3 autres films destinés au ciné cette année-là).
Certes plus posé, refléchi et mâture que la plupart de ses autres oeuvres, Miike n'arrive pourtant pas à convaincre dans le difficile pari relevé du film intmiste, flirtant avec l'art et essai.