Xavier Chanoine | 4 | Une lettre d'adieu estimable |
Ordell Robbie | 3.5 | Direction d'acteurs ayant mal vieilli mais brio formel et combats mémorables. |
drélium | 3.75 | Un peu confus mais belle intensité. |
Sugi c'est donc un Ogami Ito en plus romantique, plus beau gosse, aussi un bretteur compétent qui se battra jusqu'au bout pour conserver cette indépendance et conserver les leçons de son maître, lui-même espion du Shogunat donc quelque part, contre le gouvernement en place à Edo. Tous n'ont pas la même vision du monde que Sugi, comme notamment le samouraï "peteur" Hide (impeccable Ogata Ken) qui recherche plus le succès et l'évolution en grade (il terminera général). Les samouraïs ne sont donc pas tout à fait morts, il subsiste bien quelques relents guerriers dans l'âme de chacun (prémisse d'un combat au balais entre Sugi alors devenu barbier et un sergent enrobé), ce fameux sentiment de vengeance donnant lieu à un superbe duel de fin entre deux amis. Misumi critique d'ailleurs ouvertement la modernité et le progrès, où cannons militaires et fusils remplacent les bons vieux sabres. Il critique aussi la bêtise et le carnage engrangé par des clans qui se livrent une guerre sans merci avec implication du Shogunat. Cette violence est symbolisée par l'un des plans finals où combats au sabre et explosions se superposent comme pour accroître le sentiment de bêtise et d'utopie grandissante. Misumi n'aura jamais aussi bien témoigné son attachement pour le classicisme quitte à paraître fin réactionnaire, mais sa sincérité fait mouche : humanisme de ses héros, beauté et générosité de ses femmes, cupidité des hauts dignitaires. Voilà un pur film politique, à la fois traditionnel et particulièrement moderne, conté telle une fresque s'étalant sur plusieurs années, rythmé par ses nombreux combats au sabre et ses saisons qui défilent au galop, période estivale, automnale, hivernale et printanière, tout y passe pour un résultat formel de qualité. Le cinéaste n'était peut-être pas en possession de ses moyens du fait d'une équipe retravaillée pour l'occasion, mais Les Derniers Samouraïs est ce qu'il est : un chant funèbre pour un testament artistique certain.