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Last Romance

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2 critiques: 2.38/5

visiteurnote
Manolo 2.5
Bastian Meiresonne 2.25


classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement

L'amour est dans le prêt

Curieuse carrière, que celle de Yonfan: alors que tout le prédestinait à connaître une carrière internationale comme rare vrai auteur du cinéma hongkongais, il n'a jamais su s'imposer et ce malgré le fait d'avoir contribué au lancement de la carrière cinématographique de Chow Yun-fat suite au succès de "Lost Romance", d'avoir contribué à la relance du cinéma singapourien en y tournant "Bugis Street", à avoir abordé l'homosexualité et lancé la carrière de Daniel Wu avec "Bishonen" et signé d'autres succès assez importants à Hong Kong…
 
Une injustice, que cherche aujourd'hui à réparer FORTISSIMO FILMS en restaurant l'ensemble des films du réalisateur et en le vantant comme le "Wong Kar-wai oublié"…Ouaiche…S'il est certes vrai, que Yonfan détonne dans le paysage hongkongais des années 1980s et 1990s et qu'il a certainement su développer un univers bien à lui, il manque également du petit "plus", qui distinguent les vrais artistes des artisans doués. Ancien photographe, il sait cadrer et la restauration des copies 35 mm prouve son incroyable plastique formelle. Le vrai défaut de la plupart des films de Yonfan, c'est le fond: le réalisateur est beaucoup trop préoccupé à s'occuper de l'image du film et de la sienne pour insuffler de l'humanité dans ses personnages, simples pions dans son jeu à lui…C'est franchement dommage, mais en l'état, ses films ressemblent davantage à de la belle poudre aux yeux destinée à des quadras bobos, qui se branleraient intellectuellement sur du grand vent du moment, que des vrais petits chefs-d'œuvres.
 
Il n'y a qu'à voir ce "Last Romance", premier de la série à avoir bénéficié de la restauration: l'image est très loin de celle, médiocre, des précédentes sorties VCD, mais en même temps révèle tout le flan-flan du réal, qui adopte (comme souvent) l'image légèrement floue d'un David Hamilton des années 1970s. On se croirait dans un soft-porn avec Maggie Cheung et Cherie Chung à courir au ralenti avec des robes blanches immaculées et couettes au vent; sauf qu'au lieu de finir enlacées dans une prairie fleurie pour se bécoter, elles vont parler de tout et de rien sur des bancs publics ou dans des chambres à coucher parfaitement rangées. Il faudra près de vingt minutes au réalisateur pour arranger la rencontre avec le bellâtre Sung, qui ne sait s'exprimer qu'en anglais pour faire "branchouille" (et vraisemblablement viser un marché plus international) et c'est parti pour des plans à trois, genre flâner dans le parc par un après-midi ensoleillé ou faire de la montagne russe au parc maritime.
 
Tout cela nous amènera bien évidemment à une seconde partie beaucoup plus "sombre", où c'est curieusement Cherie Chung, qui va incarner le vilain petit canard en tant qu'hôtesse de bar, alors que la toute jeune Maggie Cheung gardera son innocence et sa fraicheur en jouant les fidèles épouses malheureuses le tout sur fond de crise économique pour justifier le statut "d'auteur" de Yonfan, qui ancrerait son mélodrame dans une certaine réalité économique.
 
Mais le public n'est pas dupe en cernant rapidement l'œuvre pour ce qu'elle est vraiment: un soap emballé avec talent, certes, mais dont l'intrigue ne dépasse jamais celle de la collection des "Arlequins roses" avec prince charmant et robes de rêve en sus. Au mieux, on y verra encore un hommage aux "literary art films "taïwanais ou mandarins des années 1950s et 1960s, qui ont bercé la jeunesse de Yonfan et que semble également le prouver la présence au générique de Jeanette Lin comme productrice, mais là encore, le réalisateur ne pourra prétende à concurrencer les meilleurs (et ils sont rares) exemples du genre, comme "Our sister Gedy" (1957) ou "Sister Long-Leg" (1960).
 
Une curiosité, donc, pour historiens, fanas d'un cinéma "plus "indépendant" ou de l'actrice Maggie Cheung à ses tendres débuts…mais certainement pas un classique du Cinéma Hongkongais.


27 mai 2011
par Bastian Meiresonne


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