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Le Labyrinthe des Rêves

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les avis de Cinemasie

2 critiques: 4/5

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17 critiques: 3.43/5



Ordell Robbie 4 Labyrinthe de la passion
Junta 4 Réalisation maîtrisée, beaucoup de non-dits et des acteurs charismatiques.
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Labyrinthe de la passion

Le visionnage de ce Labyrinthe des Rêves confirme la (bonne) place d'Ishii Sogo dans le cinéma japonais des années 90: moins célèbre en Occident qu'un Kitano mais tout aussi influent que lui et surtout bien plus talentueux que ses admirateurs Tsukamoto et Miike. Ayant comme Iwai avec Love Letter un seul gros coup d'éclat (le classique Burst City) à son actif mais ayant abordé plus de genres cinématographiques que lui. Moins aimé de la critique hexagonale qu'un Kurosawa Kiyoshi ou un Aoyama Shinji mais aussi bien moins poseur et/ou prétentieux que ces deux-là. Le film tire son charme de l'alliance de choses apparemment contradictoires: si le noir et blanc (qui renforce le cachet "period movie" de l'oeuvre) et les velléités de privilégier la dimension d'expérience visuelle tirent vers un certain maniérisme eighties, vers un héritage tardif de l'expressionnisme, la lenteur rythmique, les quelques plans d'intérieur à hauteur de tatami renvoient à un certain classicisme japonais. On retrouve cet alliage dans la narration: d'un coté, le pitch de départ, un certain nombre de thèmes -le conducteur est-il un homme fatal qui risque de précipiter la chute de la receveuse en l'ensorcelant comme le laisse penser son apparition au milieu d'un halo de lumière? Ne serait-ce pas plutot elle qui le fait chuter parce qu'elle désire à tout prix une passion pour oublier son quotidien? La façon dont le film se conclut rend la réponse complexe et pas si évidente. D'un coté, le déroulement du récit évoque le film noir américain; l'idée de la receveuse qui se substitue à une autre rappelle bien évidemment Vertigo; de l'autre, la dimension quotidienne du récit, son thème de la passion dans ce qu'elle a de plus intense et de destructeur renvoient à tout un pan de la littérature et du cinéma japonais.

D'un point de vue stylistique comme narratif, Ishii réussit à s'inscrire dans la tradition cinématographique de son pays tout en y insérant des éléments extérieurs à celle-çi. Si au niveau narratif le film nous perd parfois à vouloir déconstruire son récit méler reve et réel, passé et présent, il réussit en revanche bien à traduire par la mise en scène et le montage l'univers mental de ses personnages passionnés en usant brillamment entre autres de superpositions d'images, de la focale, de longs travellings, d'accélérations de montage, de la musique et du son; surtout il y a ces multiples plans de nature qui semblent inscrire la passion et sa dimension critique vis à vis de l'ordre établi -pas étonnant pour ce cinéaste pur produit des années punk qui semble ici nous dire que les seules manières d'échapper à l'ennui du Japon contemporain sont le reve et la passion- dans l'ordre naturel des choses. Et l'on peut bien sur se raccrocher au charisme d'Asano Tadanobu qui sert de boussole lorsqu'on est désorienté. Ou au crescendo émotionnel que le film réussit progressivement à créer en melant voix off, plongée progressive de ses personnages dans la passion et dimension d'expérience sensorielle.

Mais expérience sensorielle n'excluant pas des moments calmes là où Ishii convoquera par la suite la tempete dans son cinéma.



13 juillet 2004
par Ordell Robbie


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