t'as qu'à rocker tes rrrrrrrrrrrhhhhhhhh (oui, titre débile, j'assume)
Arf, avec un titre pareil j'eu espéré un film bien débilos et bien trashouille, avec, j'en sais rien, un gros monstre qui trucide des jeunes filles dans les toilettes du karaoke en chantant une reprise de
My Way. J'ai pas eu de monstre ni de jeunes filles (pas grave et bien fait pour ma gueule, j'ai qu'à lire un peu les résumés plutot que de me fier qu'aux seuls titres) mais j'ai eu mon film débilos. Malheureusement, c'est surtout très mou du genou, et entre quelques scènes bien rigolottes on ronfle sec.
Un bonne surprise quand même : Miwako Ichikawa dans un petit rôle. On se rattrape à ce qu'on peut.
P(l)ay-back
Adaptation d'une nouvelle de Murakami Ryu ("Les bébés de la consigne automatique"), "Karaoke Terror" n'atteint malheureusement pas la férocité, ni l'humour cynique de son modèle. En l'état, on penserait même au long d'un jeune réalisateur fougueux, mais aux défauts typiques d'un premier long-métrage – mais non, il s'agit de Shinohara Tetsuo, déjà fort d'une dizaine de films en moins de dix ans…
Sachant l'origine du scripte écrit par Murakamai, on s'attendra déjà à son acerbe regard sur l'actuelle société japonaise et une histoire un peu décalée aux traits grossièrement caricaturaux. Et on y entre de plein pied avec l'exposition d'un groupe de djeunz, un peu branleurs, qui se réunissent deux fois par semaine pour bousculer leur morne quotidien en s'improvisant des chants de karaoké sur une plage déserte, travestis en des étranges personnages. Ils n'ont aucun but, ne voient pas la finalité de leur propre acte et ne se rappellent même plus comment ils se sont rencontrés. Ils suivent un certain courant de choses, plutôt que de les vivre pleinement; mais parfois il arrive à l'un d'entre eux de vouloir brusquement nager à contre-courant, afin de "provoquer" un événement, bousculer le bon ordre des choses. L'un des djeunz va alors assassiner une "vieille", une quadra innocente choisie au hasard d'une rue. Enter la description de sa bande d'amies, toutes quadras, toutes au seuil d'une nouvelle vie, entre jeunesse délaissée et vieillesse appréhendée. Leur vie est faite, mais il n'est jamais trop tard pour – là encore – bousculer le morne déroulement des choses. Et ce sera sans aucun doute la partie la plus réussie du film: lorsque les quadras pétillantes vont s'improviser détectives en herbe et même meurtrières vengeresses au cours de LA séquence la plus hilarante du film.
Les jeunes sont donc décrits comme une bande de jeunes insouciants, qui cherchent à tromper leur morne quotidien en bravant les règles édictées (fil conducteur de tous les romans de Murakami), tandis que les quadras, décriées comme "les vieilles" représentent la génération dorée, celle "qui sait tout", est en pleine fleur de leur âge, nuisible aux yeux de la société. Des femmes émancipées, pour la plupart divorcées, et qui portent un vrai regard sur le monde des humains et des hommes. A l'auteur et au réalisateur d'égratigner plein de points de vue sur l'actuelle société japonaise, à commencer par le clivage grandissant entre djeunz et "vieux", cette jalousie envieuse de la jeunesse pour l'apparent meilleur ancrage de la génération au-dessus en plein dans la société (les djeunz cherchent tous à "baiser" les vieilles, à faire la nique à cette "institution", plutôt que de se soumettre comme une génération respectueuse envers leurs aînés, comme des "enfants" ou comme des véritables amants), l'émancipation des femmes "libérées" des hommes et des contraintes familiales, etc, etc, etc. Une comédie satirique, qui avait le calibre d'une œuvre dénonciatrice à la "Orange Mécanique", mais qui dans son traitement extrêmement mou n'arrive guère à transcender la blaguette potache.
L'intrigue tourne donc très vite en rond; on s'attend de représailles d'une part comme de l'autre, le meurtrier étant dénoncé à chaque fois par le personnage mystique d'une véritable "morte-vivante", une étudiante, qui fait le lien entre le monde des morts et celui des vivants pour elle-même causer…la mort.
Et comme chaque conflit, le dénouement semble inévitable: on en arrive aux armes lourdes; le jeu (d'enfants) se transforme en un véritable conflit (intergénérationnel), dont seule l'arme atomique semble la seule issue possible; là encore un élément forcément ancré dans la mentalité des japonais avec le souvenir de Hiroshima hantant toutes les générations, mais dont la conception des générations plus jeunes n'est plus que celui de la "solution extrême", alors que pour les générations plus vieilles ce serait plutôt l'acte à ne plus jamais commettre.
Le plan ultime est à nouveau de toute beauté, rare éclat de génie dans un film autrement raté, avec le jeune mis définitivement face à ses actes et qui a déjà rejoint les cieux avant même d'avoir été mort. Dommage seulement, qu'il n'y ait pas de réalisateur de la trempe de Kurosawa Kiyoshie ou Kubrick à s'être emparé du matériel original.