Le fond et la forme
Film sous influence wongienne évidente, formaté pour les manifestations cherchant une alternative au très exclusif enfant chéri du Festival de Cannes, Isabella n'en demeure pas moins un film important. De par ses nombreuses qualités dans un premier temps ; de par les questions qu'il soulève ensuite.
Isabella est un film parfois poseur, certes, mais qui ne sacrifie à aucun moment le fond à la forme. Le film se tient, et plutôt très bien, du scénario aux dialogues, de la photographie à la musique, de la direction d'acteurs au montage. Le film est maitrisé de bout en bout et, soyons honnêtes, c'est assez rare à Hong Kong pour mériter d'être ici souligné.
D'un autre côté, Isabella soulève quelques questions intéressantes. Il semble évident que ce film ne vient en rien s'inscrire dans la continuité des travaux d'Edmond Pang. Isabella ne viendrait-il pas confirmer ce que clament depuis plusieurs années déjà les détracteurs de Wong Kar-wai ? N'y a-t-il pas ici la parfaite démonstration du formatage pouvant résulter d'un besoin d'exister à travers les circuits festivaliers ? Dès lors, que reste-t-il de l'identité véritable de l'auteur ? Et quelles sont les alternatives envisageables pour exister en marge d'un système lui-même formaté ?
1er grand rôle dramatique pour Chapman To, habitué aux rôles de bouffons assez insupportables d'ordinaire. Sortant de sa zone de jeu habituelle, il se montre crédible et même convaincant en flic bourru, combattant sa solitude avec des prostituées, jusqu'à ce qu'un jour, sa fille cachée déboule dans sa vie.
A travers les rues chaudes et moites de Macao, le film nous balade dans la vie de deux âmes tourmentées, dont l'une va sauver l'autre et inversement. D'une grande justesse, Isabella Leong apporte une grande fraicheur au métrage, et son duo avec Chapman fonctionne très bien.
Maitrisé de bout en bout, bien réalisé, Isabella est un film d'auteur Hong Kongais parfaitement réussi, drôle et touchant, mais surtout très humain et très bien joué.
J'ai une certaine affection pour Edmond PANG, pour l'ensemble de sa filmographie décalée, pour le vent de fraîcheur qu'il fait souffler à Hong kong, l'humanité de ses films, brefs de son univers. ISABELLA est peut être moins décalé que ses autres films, bien qu'il joue en partie avec un tabou social grinçant.
Le film m'a plu déjà par la présence de Chapman TO, acteur qui a véritablement explosé en quelques films pour sortir du carcan dans lequel il était cantonné. Son rôle de forniqueur à droite à gauche n'est visiblement pas complètement un rôle de composition, mais son interprétation est parfaite dans l'ensemble, en retenue, réaliste. On ne peut pas en dire autant de la jeune fille diaphane interprétée par Isabella LEUNG, sublime, envoutante mais jouant faux à plusieurs reprises. Cet aspect fait partie d'un tout qui malheureusement, sur une bonne base, paraît quelques fois artificiel. Certains plans purement esthétiques que n'aurait pas renié WONG Kar Wai sont de trop, bien que servant souvent de lien avec le plan d'après. Peut être est ce pour ça que certains reprochent à Edmond le côté arty/formaté pour festivals occidentaux. Cet aspect n'est pas rédibitoire, car la qualité de l'ensemble est au dessus de la moyenne. J'aurais certes préféré 15 minutes de moins, mais j'ai eu plaisir à voir ce film, bien que le souvenir laissé par celui ci soit finalement assez éthéré. Il ne manquait pas grand chose pour en faire un film majeur, c'est souvent le problème avec les films d'Edmond PANG, dont j'attend toujours un chef d'oeuvre.
LOST "Meaning of Life"
Reward Offered!
La vie d’un flic véreux de Macao est bouleversée lorsqu’il rencontre sa fille dont il ignorait l’existence…
Ce film se déroule sur un ton posé sans jamais etre lent, cette réalisation dite « auteuriste » n’est en rien gratuite, voila un regard poser, parfois mesuré et distant, mais en rien inutile tant que celle-ci donne le ton et le temps à cette histoire humaine, simple et sans additif, l’histoire de deux êtres brisés, sans repère, se laissant porté passivement, jusqu'à cette rencontre, qui deviendra peut-être salutaire pour l'un comme l'autre. On y découvre des personnages fouillés et magnifiquement interpréter par Chapman To et Isabella LEUNG sous une photographie vraiment prodigieuse.
En pleine retrocession à la Chine, la cité de Macao est elle aussi actrice à par entière de ce film, partagée entre son paysage apaisant et l'ambiance lugubre des casinos, ses vives couleurs le jour durant, laissant place à une noirceur pesante la nuit tombée…bref une réalisation de qualité au scenario riche que nous offre là Edmond PANG, appuyée par une bande originale enivrante, elle donne véritablement une âme à ce film, chose de plus en plus rare de nos jours où les B.O. sont généralement formatées …Une B.O. conduit d'une note portugaise qui marque la fin d’une époque.
En d'autres mots, Isabella est un film simple mais à la fois riche de symboles… tout simplement somptueux.
Pour ma part...il est bien loin des films pour pseudo-cinéphile et autres soi-disant amateur d’art.
Chienne perdue sans collier
Edmond Pang n'est jamais aussi bon que dans les moments de comédie dans ce drame "auteurisant" un peu forcé et entièrement caliré pour les Festivals (occidentaux).
Critique (complète) à paraître prochainement.