Magie sensorielle
S'il est bien un manga de Taniguchi qui n'est pas si simple à appréhender qu'il n'y paraît, c'est bien L'homme qui marche. Comparé à Quartier Lointain où le lecteur peut se permettre de rester passif et de se laisser porter par le scénario, ici il faut accepter le défi de se glisser dans la peau du personnage principal, de faire l'effort de voir avec ses yeux. Sans ça, le livre doit perdre une grande partie de sa saveur et paraître bien ennuyeux.
Comme avec les Haïku, il est en plus fort probable qu’aucune sensation ne ressortira des scènes si aucun lien intime ne se fait avec le lecteur. Heureusement les situations sont suffisamment communes pour évoquer quelque chose chez la plupart d'entre nous. La première neige de l'hiver dont on a presque l’impression de sentir l’odeur, ce bout de paysage qui retient notre attention au détour d'une rue et qui devient soudain un endroit pour lequel on éprouve une inexplicable affinité et que l’on veut s’approprier à sa façon.
L'homme qui marche vient d'emménager et part à la découverte de sa nouvelle ville. On ne connaît pas grand chose de l’un comme de l’autre mais est ce important ? C'est l'occasion pour lui de retrouver des choses familières lui rappelant son enfance, de partager des choses avec les gens qui l'entourent et surtout avec la nature. Un moyen de construire des souvenirs propres à cette ville aussi. Toutes ces situations donnant lieu à de grands instants de poésie, de bonheur et de sérénité où le temps semble s’arrêter pour mieux être dégusté. Les silences prennent alors un sens nouveau souvent très touchant. Et pour ça, Taniguchi n’a pas eu à inventer des scénarios alambiqués. Simplicité de l’histoire pour un dessin maîtrisé d’une grande précision semble être le seul tour de magie réalisé par l’auteur. Ames insensibles s’abstenir.
Tranquille ....
Oui, bon d'accord... Il n'y a pas trop grand chose à dire de ce bonhomme qui se promène tranquillement dans son environnement, mais bon. De temps à autre sa détend de parcourir ce genre de manga qui sont plutôt tranquille. Je dirais tout de même que l'on frise ici la limite quand même et comme ne plus le graphisme n'est des plus exceptionnel, la question se pose de savoir si ce manga en vaut vraiment la peine. En tout cas, il serai plus économique d'aller faire une petite promenade dehors ;-)
L'histoire la plus vide jamais mise en bande dessinée
Une nouvelle fois Taniguchi cherche à nous présenter sa vision de la condition humaine et de la vie moderne. Un peu comme dans Le journal de mon Père nous entrons dans la vie d'une personne ordinaire et suivons sa vie, tout simplement. Pourtant, ici, pas d'introspection poussée ou d'étude profonde des sentiments. Juste quelques bribes de vie d'un homme sachant communier avec la nature et se rappelant du sens de quelques mots comme "bonté" ou "entre-aide" et qui sait tout simplement prendre le temps de proffiter de la vie. Une vie simple et heureuse, porte drapeau des "vraies" valeurs mises à mal par une société moderne survoltée toujours en quête de vitesse et de profit.
Pourtant, si la forme est irréprochable (le chara design est proche de celui proposé dans Le journal de mon Père et est une véritable réussite, les décors, très fouillés, sont eux aussi d'une qualité rare pour un manga), il n'en va pas de même du fond. L'histoire (car d'intrigue il n'y en a pas), l'histoire donc, est plus mince qu'un cheveu. Avec une disparition quasi totale des dialogues et une succession de tranches de vies gentillettes mais peu remarquables (et surtout très lentes) on obtient un manga qui prêche pour la bonne cause (quoique...) et dont la forme retranscrit le fond ("il faut savoir prendre son temps") mais qui peu devenir assez lassant... Une quarantaine de pages permettraient de comprendre le message, 150 pages vides deviennent longuettes.
Bref, un manga "philosophique" à réserver à un public averti. A mon avis loin d'être la meilleur oeuvre de l'auteur, cf. Le journal de mon Père ou Le Chien Blanco.
Je marche pas
D'abord on avait le théââtre, puis arrivèrent les romans pour les tables du fond. Puis à côté des romans dits clââssieux on a vu débouler la fange avec les romans de gare. Puis la BD est arrivée « pour les ceuces qui n'aimaient pas trop lire ». Puis le manga fait d'« images dérisoires » jetables a débarqué, clairement dissocié par les élites du « rôôman graphique » - pasque « bd » et "manga", eh, ça fait pas sérieux mec ! Puis l'âge d'or du manga, puis Taniguchi, à jeter dans le puits.
Ado, j'essayai – 3 pages hein – du Taniguchi en espérant y trouver ne serait-ce qu'un 10ième d'un Otomo histoire de prendre ma dose. Peine perdue, j'y fus complètement hermétique et me disais : « ça doit être pour les grands, ce truc, ou les intellos », incapable que j'étais d'enchaîner les cases en percevant ne serait-ce qu'un petit quelque chose de notable qui me parlerait de la vie.
Grand je suis maintenant alors je retente le gars avec cette actu plus ou moins récente (expo à Angoulême). Eh bah rebelote ! Je me le suis farci en entier, cet Homme qui marche. A ce sentiment de plénitude qui aurait du m'accompagner s'est substitué celui du morbide, de l'impossible, de la folie. Ce « bonheur simple » m'a paru à ce point artificiel que j'ai vu en cet homme – qui marche, donc – un psychopathe en puissance sur le point de tuer son chien, de violer ses gosses ou de devenir un tueur de masse, hop, comme ça d'un coup en devenant co-pilote chez Germanwings ou Michael Douglas chez Schumacher. Il m'a fait peur, ce type à lunette. Homme à lunettes, homme à AK47 ! Se mentir à soi-même conduit au désastre. Ce que tente là Taniguchi, il le rate en un tome quand d'autres, en quelques cases seulement, le restituent tel un haïku qui t'exploserait au visage (Ishii Hisaichi, Taiyo Matsumoto...).
Trop rigide, niaiseux plus que naïf, ce style sous-otomesque me paraît toujours aussi maladroit, fade et même un brin hypocrite à bien y réfléchir. A coller dans une bibliothèque téléramesque pour briller dans une soirée illuminée de la rive gauche. Si je suis dans l'erreur – admettons - conseillez-moi un bon Tââniguchîî et on en recause, chuis pas sectaire. Mais là, je passe mon chemin.
Quartier lointain et Le journal de mon père ? Ouais ok, à l'occasion...
bd-culte
l'homme qui marche : ma bd-culte.
ça résume tout.......
Beau.
Critique de randonneur... ^_^
Le lecteur qui s'endort.
Signé Jirô Taniguchi, L’homme qui marche invite le lecteur à suivre pas à pas les tribulations d’un citoyen japonais tout ce qu’il a de plus normal, à la découverte du quartier où il vient semble-t-il de s’installer. Tout au long des quelques 150 pages de ce one shot, se succèdent donc de petites histoires où les dialogues s’effacent pour pouvoir mieux admirer les paysages et pour mieux remarquer ces petits détails que les gens trop pressés par la vie ignorent. L’heure est donc à la contemplation mais aussi à l’émotion, puisque le manga nous rappelle combien les choses simples de la vie peuvent être appréciables au travers des situations qui parleront à tous : s’allonger sur l’herbe grasse à l’ombre d’un arbre pour faire une sieste ; profiter d’un bon bain chaud après avoir été frigorifié par une pluie d’hiver ; profiter d’un peu d’ombre après avoir transporté un paravent d’un bout à l’autre de la ville et sous un soleil de plomb. Oui, L’homme qui marche est de ces mangas qui nous rappellent qu’il peut y avoir bien plus d’émotion dans le simple sourire d’un enfant que dans tout autre chose.
Cependant, la démarche de Jirô Taniguchi ne trouvera pas forcement de résonance chez tout le monde. Ainsi, le cœur des moins sensibles risquent de rester de marbre. C’est mon cas. L’homme qui marche me fait penser à ce tableau de maître, blanc, tout blanc, désespérément blanc, sans motif ni forme. Si certains y voient un travail de génie, moi j’ai plus tendance à crier au scandale : c’est vide, c’est creux, c’est sans intérêt. Avec L’homme qui marche, le constat est un peu similaire : il n’y a pas de scénario ni d’enjeux scénaristiques. Difficile dans ces conditions de capter l’attention. Alors certes, l’idée est louable et on ne peut que se féliciter de l’existence de cet œuvre, qui loin des histoires de cyborgs ou de samouraïs prouve que les mangas ne sont pas que sexe et violence. Il n’empêche que le sentiment qui prédomine lors de la lecture est l’ennui. Un ennui qui va en grandissant au fur et à mesure que les pages défilent et ce malgré des dessins de qualité. En conclusion, et même si j’invite tout le monde à découvrir ce manga pour se faire sa propre opinion, je n’ai personnellement pas accroché.