Après un excellent Jiang Hu "The Triad Zone", Dante Lam nous déçoit un peu. Au niveau plastique, rien à redire: les acteurs jouent bien, Daniel Wu ("Purple Storm") en premier; Dante Lam sait filmer et certaines scènes sont mêmes très belles (le mur d'eau qui se dresse entre Daniel Wu et Alex To puis qui est traversé par la balle de ce dernier). Par contre le scénario pêche un peu! Le réalisateur a choisi de se concentrer sur les scènes d'actions et l'amitié virile des coéquipiers du S.D.U au détriment de leur vie familiale (contrairement à Final option), en effet le film aurait gagné en profondeur à développer les quelques relations de couple esquissées par-ci par-là.
Donc un bon film d'action, bien réalisé et de qualité auquel le scénario aurait mérité d'être un peu plus poussé. A noter que la version D.V.D est soigné, elle contient un making-of et différents bonus tout à fait appréciable.
Difficile de représenter la « Special Duty Unit » (SDU) autrement que par ses aspects militaires (The Final Option) ou l’autre biais qu’est celui du simple outil annexe au polar, une guest star de passage qui nous propose des démonstrations de force visibles dans des films comme Breaking Newsou autre A Toute Epreuve. Les hongkongais sont les rares à nous présenter ce type de brigade comme efficace là où les américains ne s’en servent que comme faire-valoir pour glorifier leur tête d'affiche.
Prenez un 58 minutes pour vivre. Des swats s’y font zigouiller en file indienne comme des grosses buses dans un aéroport puis laissent John MacLane se débrouiller tout seul pour ventiler du terroriste. C’est avouons-le fun mais un brin énervant, le brun énervant ayant depuis perdu beaucoup de cheveux. Sur un plan plus réaliste avouons que le SDU aurait flingué le film en même temps que tout le monde en une demi-heure, et que John n’aurait plus eu qu’à rentrer chez lui en attendant qu’un type veuille bien faire péter une bombe à New York.
Notre Hit team du jour use d’une autre alternative, la troisième et la meilleure : faire en sorte que des membres du SDU se rebellent et s'opposent frontalement à la police. Les scénaristes ont privilégié une raison plus ou moins valable pour éviter tout manichéisme : les swats locaux volent de l’argent sale pour permettre à leur ami, gravement blessé, d'être soigné. Mobile excusable ? C’est la question que va se poser le personnage principal incarné par Daniel Wu, parfaitement juste ici - c'est loin d'être toujours le cas -, un flic qui devra enquêter sur cette af-faire des choix entre son devoir et son envie de prendre partie.
Le film gère assez habilement le thriller policier et le gros film d’action bourrin avec un pitch génial et une technicité renseignée. Mais, et c’est dommage bien que typically HK, le tout n’est pas réussi à 100%. La BO est une fois de plus jouée par un « bon tant pis » bien lourdingue, les mélos esquissés, hormis les amitiés viriles des héros, ne trouvent pas d’aboutissement et il manque du temps à l'ensemble pour développer davantage tous ces personnages, enrichir les enjeux. Dante Lam en fait aussi parfois un peu trop avec sa mise en scène stylisée, peu aidé qu'il est par des bruitages gamins déplacés autour d'un film se voulant le plus réaliste possible.
Hit Team mériterait un remake plus approfondi, une nouvelle mouture qui pourrait sans peine avoir l'étoffe d'un chef d'oeuvre de polar. En l'état, on a juste un brouillon formidable déjà largement efficace dans le genre, une sorte de LA Takedown attendant patiemment son Heat.
J'en profite enfin pour rendre un p'tit hommage à Joe LEE Yiu-Minget à sa trogne de super truand. Il nous quitta en 2003 après avoir été successivement méchant impressionnant dans Bullets Over Summer et, donc, dans ce Hit Team largement fréquentable.
