Histoire de noyer le poisson
Klute m'a conduit à ce film. Le beau style du polar 70's de Pakula m'a parfois rappelé celui de Suzuki, et comme je me suis rappelé que de dernier causait aussi prostituée quelque part, hop glissons la galette dans le lecteur (coffret HK Vidéo).
Ayant entendu parler de machisme - voire de masculinisme, c'est mode - après une projo de
La marque du tueur (!), je m'étais dit que c'était injuste, qu'il fallait évoquer sa filmo, à Suzuki, pour expliciter son usuelle distanciation.
La barrière de chair se situant trop loin dans ma mémoire, et ayant un titre putassier, c'est
Histoire d'une prostituée(*) que j'ai évoqué, sans développer outre mesure car je ne l'avais pas vu. A l'arrivée, si ce Suzuki là n'est pas forcément le meilleur argument sur ce point, il apporte beaucoup plus de nuances - si besoin était - en plus de tout simplement proposer une péloche mémorable (c'est 'achement beau du début à la fin). Car "portrait de femme", non, je ne trouve pas. Relation homme-femme oui, situation, clairement, réflexion sur l'humain, oui, mais portrait de femme, non. La héroïne n'est qu'un prisme pour parler de la guerre et s'adresser à son homme au cerveau lavé. Et elle le fait exactement comme Green Snake s'adresse au moine à la fin du chef d'oeuvre de Tsui Hark. Burre ou uniforme : même combat. Ca m'a bien parlé, ce discours anti-militariste, surpris également puisqu'on y critique ce fameux code d'honneur japonais longtemps fantasmé en occident. Chaque allégeance à l'Empereur résonne ici de façon pathétique. Par contre, quand à un moment du film un soldat dit aimer rester au bordel pour bouquiner car c'est le seul endroit paisible de la base, c'est grand. Quand, à un autre, notre belle héroïne veut pousser son amoureux à suivre un déserteur, un gars magnifiquement écrit en quelques plans à peine, on sent que c'est ça qu'il faut faire, oui, fonce Alphonse ! Et à la silhouette du déserteur de regarder face caméra en fumant nonchalamment. A aucun autre moment du film, guidé par l'urgence de la guerre, on ne ressent ces quelques secondes de nonchalance. On peut s'autoriser - soyons fous - à y voir un Suzuki souriant et amical nous suggérant de réfléchir deux secondes avant d'aller gueuler "BANZAÏ !" pour crever comme un con pour des cons. Voilà un vrai film engagé, et pas des moins virulents. Et toujours très beau, donc, et jamais académique, ce qui fait qu'il conserve sa pleine fraîcheur.
(*) Putassier aussi, de fait, mais on peut imaginer qu'on y parle condition et non tagadatsoinsoin.
Le plus pessimiste des Suzuki.
Débutant comme une chronique sociale de la condition de la femme durant la guerre Chine Japon, plus particulièrement du côté des prostituées, Histoire de prostituée se transforme au fur et à mesure en un conte désenchanté et pessimiste, vision cruelle et déshumanisée de l'amour impossible à cause des codes et éthiques militaires japonais imposés. L'un, un brave soldat émérite mais malchanceux, l'autre, une prostituée envoyée sur le front pour satisfaire les militaires nippons, vont se rencontrer et faire éclater une passion charnelle, troublante, les emmenant peu à peu vers des sentiers inexplorés car dangereux. De l'autre côté, un officier misogyne ne tarie pas de coups pour asseoir son amour auprès de la jeune prostituée tout en s'avérant inquiétant pour cette dernière.
Histoire d'une prostituée marque donc l'incursion de Suzuki dans le domaine du mélodrame durant la guerre sino-japonaise, théâtre d'une menace sans équivoque aussi bien à l'intérieur du camps militaire que sur le front, pire même, le camps ennemi (chinois) semble être un refuge contre cette menace, lors d'une séquence merveilleuse où la jeune prostituée se met à chanter avec les soldats pendant que son aimé agonise face à la douleur et aux chants surréalistes. L'incursion de Suzuki dans un univers déjà bien visité par Kobayashi avec sa trilogie La condition de l'Homme développe une vision différente, loin de l'optimisme rassurant et de l'entente entre les soldats de l'oeuvre de ce dernier, en s'attardant ici d'avantage sur le chaos ambiant du camp militaire, et tout ceci à cause de la belle Harumi, personnage aussi passionné, passionnant, qu'autodestructeur. A noter d'ailleurs, cette sidérante scène de fin pessimiste entre Harumi et le soldat Mikami, élégamment foutue grâce à la mise en scène parfois surréaliste du cinéaste (le soldat miso-masochiste qui se déchire telle un feuille de papier) alternant travellings furieux (la course d'Harumi sur le champs de bataille avec en background tout un tas d'explosions), plans stylisés et évocateurs du style génial du cinéaste (les gros plans sur les visages, la cohérence des premiers et seconds plans), envoyant Histoire d'une prostituée au rang de grande tragédie militaire mélodramatique.
Histoire d'un génie révolté
1937, Mandchourie. Suite à une succession « d’incidents », le Japon qui a depuis quelques années pris la voie du militarisme et du nationalisme entreprend d’envahir la Chine. Harumi, une jeune prostituée d’origine japonaise, rejoint une garnison de soldats qui occupe un village chinois. Le convoi de filles de joie dont elle fait partie est à peine arrivé qu’elle est désignée par le cruel et violent officier de garnison en place comme sa courtisane attitrée. Ne pouvant se défaire de son bourreau, Harumi entreprend alors de séduire son subordonné le plus soumis, un homme qui semble avoir vendu son âme à l’armée. Grand mal lui prend car elle finit par en tomber amoureuse.
Réalisé en 1965 (la même année que La vie d’un tatoué et Warui Hoshi No Shita Demo), Histoire d’une prostituée est le trente-quatrième film de Suzuki Seijun en onze ans de carrière à la Nikkatsu. C’est aussi le deuxième film d’une « trilogie de la femme japonaise » entamée avec le coloré La Barrière de la Chair l’année précédente et achevé en 1966 avec Kawachi Karumen. Dans ce triptyque dont le fil rouge est la sublime actrice Nogawa Yumiko, le cinéaste rebelle de la Nikkatsu s’attachait à montrer des femmes fortes et courageuses, en rébellion contre la logique phallocentrique de la société nippone traditionnelle. Et le personnage de Harumi ne fait donc pas exception puisqu’il manifeste une opposition patente à l’oppression masculine personnifiée par le sous-commandant Narita.
D’abord en séduisant par provocation son subalterne direct qu’Harumi essaie d’extraire à son asservissement en usant de ses charmes, ensuite en tombant amoureuse de ce dernier et en risquant sa vie pour le rejoindre et le protéger quand blessé et abandonné par ses camarades au fond d’une tranchée il est fait prisonnier par l’ennemi chinois. Et c’est là que la contestation la plus virulente de Suzuki prend sa source, en effet pour servir son discours critique sur l’armée impériale et ses institutions, il fait encore bien pire que de prendre le parti de la femme opprimée : il montre l’ennemi à visage humain quand la réalité nippone est monstrueuse. Quand Harumi est emmenée par les chinois avec son amant inconscient, on lui annonce qu’ils ne risquent rien et sont protégés par les lois internationales tandis qu’un retour côté japonais serait synonyme de cour martiale et de peine de mort assurée… Suzuki fait là montre d’un vif esprit critique qui deux ans avant son renvoi définitif du studio amena déjà les dirigeants de la Nikkatsu à le réprimander pour son manque d’orthodoxie trop évident.
Et Suzuki ne se contentait pas de maltraiter les institutions puisque une fois de plus Histoire d’une prostituée opère au-delà d’une charge idéologique, à la déconstruction d’un genre on ne peut plus populaire puisqu’il s’agit du mélodrame romantique et en particulier du Shinju-eiga (film dans lequel un couple se suicide ensemble). Le film débute comme beaucoup de drames romantiques en mettant en place l’habituelle figure mari-femme-amante mais c’est une fausse piste puisque le triangle amoureux se rompt dès que Harumi (l’amante) décide de partir à la garnison. La suite n’est pas moins classique puisqu’on se retrouve confronté à un amour impossible du fait des conventions et de la hiérarchie. Et le tout de s’achever sur un double-suicide qui lui aussi ne parait en rien incongru dans un tel film. On peut à se stade se demander si l’entreprise parodique de Suzuki n’a pas avorté ; mais la dernière scène (sublime), vient apporter le contrecoup de cet apparent classicisme scénaristique. La bataille terminée, une prostituée chinoise, encore une fois plus humaine que tout le régiment japonais réuni, condamne le geste désespéré des amants en démontrant toute son absurdité et surtout sa lâcheté. La fin du couple ayant perdu toute son « panache » puisqu’elle est réduite à un acte de faiblesse, le romantisme traditionnel nippon n’en sort pas grandi et au final, personne ne niera que le sort d’Harumi n’est pas enviable. C’est ainsi au moyen de gauchissements aussi subtils que le réalisateur parvient à pervertir un genre, entreprise d’autant plus délicate qu’il s’agit d’un remake (le film d’origine, Akatsuki No Dasso réalisé par Taniguchi Senkichi et scénarisé par Kurosawa Akira pour la Toho fut l’un des plus gros succès de l’après guerre à sa sortie en 1947).
Mais les films de Suzuki Seijun ne seraient pas ce qu’ils sont si en plus de tout le talent narratif de leur auteur ils n’étaient pas aussi des œuvres d’une grande richesse plastique.
Le style baroque du cinéaste s’exprime ici magnifiquement et on retrouve dans Histoire d’une prostituée toutes les marques du génie suzukien : mouvements d’appareils au cordeau, emprunts à la technique photographique (le scène où le sous commandant Narita est décomposé dans l’acception la plus complète du terme est un miracle d’inventivité), magnifiques éclairages, cadres sublimes, décors irréalistes…etc
Au final, c’est un chef-d’œuvre auquel on a assisté, une merveille qui démontre s’il est encore besoin à quel point il est indispensable de fouiller la filmographie de Suzuki (47 longs-métrages !) pour en extraire d’autres joyaux que la dizaine de films devenus visibles sous nos latitudes ces dernières années qui constituent autant de cadeaux délicieux et somptueux offerts au cinéma…
un superbe drame guerrier
Mandchourie. Seconde guerre mondiale. Alors que les soldats essaient de la retenir, une prostituée court éperdument vers l'homme qu'elle aime plus que tout et se trouve sur le front, bravant les coups de feu et les explosions fusant de toutes parts. Avec cette scène d'une remarquable intensité mélodramatique, Suzuki mettait son fan John Woo KO 37 ans avant: l'accomplissement parfait de cette scène invalide encore plus le choix de refuser la dramatisation de la navrante fresque wooienne cuvée 2002. Car là où le cinéaste premier degré essaie en vain de jouer la retenue, c'est le maitre du polar décalé qui n'a pas peur de l'intensité de sentiments. Une des mille raisons d'adorer Histoire d'une prostituée dont la découverte nous venge d'un exilé hollywoodien oublieux de ce qui a fait sa force.
Histoire d'une Prostituée est du mélodrame, du très grand mélodrame meme. Il est d'abord héritier du mélodrame social mizoguchien qui dépeignait des prostituées d'une grande noblesse d'ame et à la détermination farouche (ce dernier trait se retrouve d'ailleurs aussi chez les prostituées de
la Barrière de la chair). Cette détermination qui se lit sur le regard riche en émotions et le visage de son héroine, une fille à soldats chinoise envoyée sur le front en Mandchourie pendant la seconde guerre mondiale. Je cite le grand Seijun: "Si l'on considère les yakuzas comme des hors la loi, la chose est également vraie pour les héroines de mélodrame qui se mettent elles-memes en marge de la société et bafouent la morale conventionnelle à force de chercher l'amour impossible.". Et cet amour impossible, c'est celui qui va naitre entre l'héroine et un soldat inférieur hiérarchiquement au sous-commandant sadique qu'elle doit satisfaire sexuellement, soldat qu'elle séduisit d'abord pour essayer de faire vaciller la hiérarchie militaire. Or tout oppose les amoureux: d'un coté une femme pour qui seuls comptent l'homme qu'elle aime et la survie, de l'autre, un homme prisonnier des valeurs inculquées par le code militaire japonais, le sacrifice entre autres. Avec un tel trio amoureux femme/soldat/sous-commandant, l'intensité dramatique ne peut etre que maximale et transpirer dans les regards de tous les protagonistes. Surtout que l'héroine est un pur bloc d'énergie vitale (ce qui la rapproches de l'image de la femme chez Imamura), une femme qui n'a pas peur de prendre les devants pour séduire le soldat comme pour marquer sa désobéissance au sous-commandant, cette force qui la pousse à se précipiter sur le front afin de protéger l'homme qu'elle aime, qui fait qu'elle se serre contre lui au moment où les soldats chinois veulent le tuer. Leur capture donnera d'ailleurs lieu à une scène digne du Ichikawa de la Harpe de Birmanie: alors que le soldat blessé se repose dans un temple bouddhiste, elle se met à fredonner un air en chinois repris par tout le régiment chinois. Et l'on y retrouve à leur maximum l'opposition des pulsions des amoureux: d'un coté une femme qui souhaite qu'il s'allie avec l'armée chinoise afin d'échapper à la Court Martiale, de l'autre un homme prisonnier des idéaux morbides du code militaire japonais. Le jeune homme sera au final de nouveau captif des japonais ce qui donnera lieu à une autre grande séquence mélodramatique, celle de leur double suicide avec une grenade qu'il lui avait demandé de voler afin de pouvoir s'évader. Mais le talent de Suzuki est de ne pas terminer le film sur le triomphe de l'instinct de mort mais sur un plan montrant d'un coté la marche des soldats et de l'autre une vieille prostituée proclamant que les japonais ont trop hate de mourir alors que seule compte la vie. Dans Histoire d'une Prostituée, l'ennemi n'est pas celui qu'on affronte au combat mais se situe à l'intérieur de leur propre camp: le désir des etres de vivre intensément qui fait vaciller les hiérarchies.
Stylistiquement, Suzuki contourne l'absence de couleur -élément essentiel du mélodrame- par un usage accru des contrastes de lumière notamment lors de superbes séquences révées surréalistes: par exemple celle où la prostituée reve qu'elle couche avec le sous-commandant et que le soldat vient dans sa chambre armé d'un sabre. Une autre audace visuelle est lorsqu'elle se représente l'effigie du sous-commandant exploser en morceaux ou encore la très thétralisée scène du début d'adieu à son premier amant. La lumière intense qui traverse une porte de la ville au moment de l'évasion évoque de façon quasi-irréelle une sorte de porte du paradis pour les amants. Le potentiel visuel d'une guerre dans une zone désertique est également bien exploité par Suzuki. Et si Suzuki offre de beaux moments d'ampleur classique ses cassures de plans après des scènes où la durée a été étirée rendent le film encore plus intense. En outre, le choix d'une musique entre Negro Spiritual et Choeurs de l'Armée Rouge fonctionne très bien, appuyant de façon bienvenue la force mélodramatique du film, prouvant que Suzuki n'a pas peur du risque du ridicule.
Là où un Ichikawa offrait un beau chant humaniste et pacifiste et un Kobayashi renvoyait tout le monde dos à dos, Suzuki propose sa vision de la guerre comme lieu d'exacerbation des passions et des sentiments. Comme eux, il offre une virulente dénonciation de la notion de sacrifice et de l'obéissance aveugle aux valeurs japonaises traditionnelles. Et ce magnifique mélodrame guerrier de s'ajouter à leurs brillantes visions du conflit.
Les Japonais sont préssés de mourir
Personellement ce n'est pas le Suzuki que je préfère. Même si celui çi possède de bonnes qualitées. La photo est absolument magnique et le montage est interessant pour l'époque (
jump cut + d'images gélées... )
Cependant le fait que l'actrice
Nogowa Yumiko soit systématiquement obligée de crier à chacune de ses phrases m'a un peu agacé. J'ai moyennement accroché au personnage.
Au final, petite déception quand même car ça n'a pas été pour moi la claque annoncée.
Infernal love!
Je dois dire que ce film m'a un peu saisi....
Moi, je pensais que Seijun Suzuki était incapble de prendre quoi que ce soit au sérieux et que dans le fond, le cinéaste dont il se rapprochait le plus, c'était Imamura... quand on voit la désinvolture avec laquelle il traitait un sujet à la base grave dans la barrière de chair, le ridicule de ses militaires dans l'élégie de la bagarre, l'ironie semble le seul mot d'ordre du réalisateur. Alors quand avec cet à-priori on regarde l'Histoire d'une prostituée, on ne peut manquer d'être un peu pris à froid. Ici, on a plutôt un film au croisement entre Mizoguchi et Kobayashi qu'un détournement suzukien classique.
Dans le fond, c'est probablement dans ce film que Suzuki prend le plus gros risque, celui du premier degré, de l'adhésion totale et de l'empathie. La charge dramatique n'a d'égale que la puissance, discrète mais imparable (loin des excès d'un Elégie de la bagarre), de la démystification idéologique qu'entreprend Suzuki. D'où l'impression que Suzuki tente quelque chose que l'on a rarement vu chez lui et qu'il réussit tout ce qu'il entreprend. On appelle ca l'état de grace, ni plus ni moins.
EXCELLENT
Ce film est un (le) des plus grand film de Suzuki Seijun . La mise en scène est grandiose, l'histoire, prenante, est servi par un scénario extrement bien ficelé et suptil ...
Mais l'atout majeur de cette"Histoire d'une prostituée", c'est bien sur la superbe Nogawa Yumiko qui est vraiment exceptionnelle dans ce rôle, actrice que l'on avait déjà vu dans "La Barrière de Chair" du même Suzuki .
Ici, la belle joue le rôle d'une femme forte, passionnée, indomptable qui va jusqu'au bout de ces convictions .
Film à l'esthétisme flamboyant, histoire tragique à souhait où le sublime et l'apothéose sont atteint dans le double suicide des amants maudits .
Un Chef-d'oeuvre à ne pas manquer .
2ième film d'une trilogie en quelque sorte.
Suzuki réalisera 3 films avec la même actrice avec comme personnages principale une prostitué.
Tourné en noire et blanc pour économisé, dans les décords d'un autre film, Story of Prostitute est un mélodrame de classe.
Beaucoup moins charnelle que Gate Of Flesh et moins explosif côté formel que Carmen (L'autre film de prostitué, géniale, palpitant et joussifs), ce film est d'une grande beauté poétique.
Se déroulant en mandchourie dans une caserne, on a droit à une charge anti-militaire et à quelques dénonciation des traditions japonaises.
L'héroine tombe en amour avec un soldat soumit.
Plus le soldat s'humilie, plus elle enrage et le pousse à la révolte. Mais on ne deveint pas révolté comme ça.
Il y a des jeux de lumières originaux, où Suzuki utilise des artifices théatraux d'une façon cinématographique.
Le suicide-accident de la fin, est un coup de pied au romantisme japonais.,
En effet, dans la tradition théatrale, le comble du romantisme est le double suicide. Ce concepte est si ancré, que lorsque l'on trouve les cadavres d'un flic et d,une fille dans Jeunessse de la bête, on conclu au double suicide.
Le suicide accident fait donc de l'héroine un symbole de romantisme. Mais le commentaire de la prostitué chinoise démolit tout: "vous les japonais vous êtes lâche. Vivre est dur et souffrant. TOut le monde souffre. Nous chinois, même si on souffre, on fait tout pour survivre. La vie est très dure, se tuer est lâche, fuir est lâche.. il faut survivre à tout prix".
Et elle marche vers le désert (elle était amoureuse d'un communiste qui a rejoint les rangs chinois)
Suzuki nous donne donc un mélodrame typiquement japonais dont il déconstruit les règles. L'héroine devient un symbole romantique par accident et le commentaire final réduit le suicide à une lacheté.... Attaquant là les mythes d'honneur qui ont conduit à l'hystérie militaire des années 30-40.