Excellent Chang Cheh de sa période sanglante
Have Sword Will Travelfait partie de ces Chang Cheh bien typiques, d'un côté très fleur bleue, mais de l'autre presque malsain avec leurs bains de sang, des films cruels et magnifiques à la fois, faisant des épéistes des grands personnages tragiques et théâtraux. Martialement, sa période Shaolin (quelques années plus tard) sera bien plus faste évidemment, mais à cette époque ses réalisations étaient plus soignées, et l'impact émotionnel évidemment bien plus important. Ce film de 1969 réunit toutes les qualités et excès qui enthousiasment ses fans et rebutent ses détracteurs.
Premier aspect très frappant pour qui a vu beaucoup de films de Chang Cheh, la réalisation est un bon cran au-dessus de la moyenne. A l'époque il n'enchaînait pas encore les tournages à un rythme déraisonnable, et signait probablement les meilleurs films de sa carrière formellement parlant. Moins osé qu'un Golden Swallow mais pas moins réussi, ce film ne fait quasiment jamais étalage de fautes de goût comme les zooms hasardeux qui parsèmeront ses futures réalisations. Le magnifique générique pose bien les bases du film, c'est à la fois très beau, très outré et très violent. Le reste du film suit, la réalisation est soignée, les décors, couleurs, musiques sont du même acabit. La réalisation fait même preuve d'une originalité étonnante pour un Chang Cheh, avec quelques plans subjectifs et des ralentis de bonne qualité, ainsi que des passages câblés d'une grâce parfois étonnante, le temps d'une seconde, préfigurant ainsi les futurs Wu Xia Pian des années 90.
Autre qualité du film, l'absence de trop nombreux combats comme cela pourra être le cas dans le futur. Trop de combats nuit au combat, c'est souvent vérifié, à moins d'avoir un chorégraphe de génie. Ici encore plus que dans un New One-Armed Swordsman, le festin est gardé pour la fin. Le personnage de David Chiang ne veut pas combattre, et tentera d'éviter de s'impliquer jusqu'à la fin. Mais même sans parler de son refus, les autres personnages ne combattent pas plus. Nous avons juste droit à quelques rares "apéritifs" de temps en temps. En fait le film se montre étonnament efficace sans combat, du fait d'un scénario qui n'a rien de révolutionnaire, mais qui sait instaurer une ambiance et préparer son final. Par contre, soyez préparés à un rythme très lacinant, le film durant 1h50, et n'ayant donc rien d'un kung-fu débridé.
Mais c'est bien là l'autre grande force du film, le final rempli d'action est doublé d'une certaine intensité dramatique et d'un certain suspense grâce à l'heure qui a précédé. Evidemment, le final est à la limite du masochisme quand on voit les souffrances subies par les personnages lors de ce final ultra-violent, la relation entre David Chiang et Li Ching est très fleur bleue, mais tout le film est très théâtral, et Chang Cheh fait ce qui a fait sa réputation. On retrouve ici le David Chiang des grands jours, dans son autre grand rôle (après le bellâtre au sourire en coin): l'épéiste triste qui ne veut plus combattre. Ti Lung est évidemment un peu sacrifié comme à chaque fois que les deux sont rassemblés, et le reste du casting se montre convainquant, même si moins intéressant. On peut aussi noter une très bonne musique pour l'époque, notamment pour son thème "romance impossible".
Au final, les amoureux des One Armed-Swordsman et autres Golden Swallow seront sûrement sous le charme. Have Sword, Will Travel fait très aisément partie des meilleurs Chang Cheh, et se montre particulièrement caractéristique de cette époque de sa carrière. A voir donc.
And now, ladies and gentlemen.... Outstanding Bloody Drama !
L'ambiance est plutôt bonne mais penche beaucoup, et longtemps, vers l'histoire d'amour impossible ce qui n'est pas des plus original, ni des plus motivant, mais le tout est rondement bien mené. La scène finale genre "tour du massacre à la pelle" vaut le déplacement et dure un bon moment, tout un ballet. Le final dégage une bonne puissance dramatique (contrairement au reste) grâce à la mise en place soignée des personnages pendant tout le reste du film.
Alors oui, c'est très épique, romantique, beau et énergique. Mais bon, ça reste très gnangnan. Beaucoup d'honneur. Un David Chiang pétri de perfection et d'"unbelievable skill" qui tombe d'amour pour la princesse aux yeux doux (Li Ching). Elle, fait de même, éblouie par son humilité. Ti Lung est jaloux comme un pou, très fort à l'épée aussi mais moins que David, donc encore plus jaloux. Belles images, intensité certaine, mais dramatique pas vraiment homogène car trop kitsch et simpliste. Un grand film assez mollasson tout de même. ça traîne vraiment beaucoup dans le coeur du film. Heureusement le final vaut l'attente et l'ensemble reste au dessus du tout venant. Premier grand wu xia de Chang Cheh réunissant Ti Lung et David Chiang, "Have sword..." ne cache pas son âge et un manque de rythme certain mais gardent des qualités de classique dans la droite lignée de Frères de Sang.
un chang cheh grand cru
david chiang creve l'écran dans ce film remarquable ou les combats (peut nombreux , mais avec un final grandiose comme souvent chez chang cheh) ne sont pas l'interet principal du film . comme dans blood brothers (ou la c'est ti lung qui creve l'ecran) le scenario simple mais bien ficelé et la tension qui grimpe minute par minute font de ce film une réussite totale. un grand film .
04 septembre 2003
par
jeff
1er degré!
Ce qui fait tout le style de Chang Cheh, c'est sa fabuleuse propention à tout prendre au premier degré. Il n'y a pas d'humour, pas de recul. Chang Cheh il prend tout comme ca vient, avec un sérieux papal (magnifiquement incarné par le visage figé dans le dédain et la douleur de David Chiang) et ses histoires de triangle amoureux et d'héroïsme forcené... il y croit à fond! Il s'agit de ne rien perdre de la charge douleureuse et extatique de ce drame sanglant: de la double mise à mort de David Chiang, flimée au ralenti! par l'amertume de sa déchéance sociale, de la fatalité d'un honneur intransigeant, à un amour qui surclasse tout et le respect forcé par la valeur, tout ca Chang Cheh ne veut pas se permettre de la gacher, de le laisser passer dans du second degré ou de la gaudriole. La souffrance comme la joie sont faites pour être vécues pleinement et le cinéma pour le rendre le plus violemment. Comme chez Woo plus tard, le cinéma de Chang Cheh est celui de la sensibilité, voire de la sensiblerie, de l'aesthsis poussé à son paroxysme.
Wu xia mélo et sanglant.
Bon film de chang cheh, comportant un final grandiose et original. J'avoue tout de meme que je n'ai pas trouvé la dramaturgie trés réussie, contrairement a d'autres oeuvres du maître. Les persos sont traités de façon caricaturale et cela nuit un peu à la qualité.