Joli numéro de Song, mais un film manquant d'envergure
Deuxième film de Han Jae-Rim, The show must go on est une déclaration au film de gangster acceptable malgré son manque de profondeur et la faible épaisseur de ses personnages. Kang In-Gu (Song Kang-Ho) n'est pas le vendeur de fruits qu'il prétend être depuis 4 ans, mais plutôt un des hommes du clan des "Chiens" qui livre une guerre sans mercie aux "Jaguars". Sa vie sentimentale et familiale en prend un coup lorsque sa femme s'apperçoit de sa véritable identité, tout comme sa fille incapable d'entendre raison. Il décide donc de faire tout son possible pour recoller les morceaux usés d'une vie ratée, de racheter une maison plus luxueuse avec l'eau courante, de laisser de côté la boisson et les vieux copains du milieu, en vain. Ses méthodes de gangster plutôt expéditives montrent que la corruption et le milieu du gangstérisme sont encore bien présents à Séoul puisque les bandes semblent se mêler à la foule sans trop de gêne, font signer des contrats abusifs, achètent les professeurs à coup d'entrées gratuites dans des boîtes de strip-tease et que sais-je. A l'instar d'un Kitano, les gangsters trouvent aussi du bon temps en s'arrosant à coup de bouteilles d'eau en plein repas, rigolent et chantent au karaoké, rien qui ne laisse supposer quelconque différence avec l'oeuvre du cinéaste nippon. Mais à n'en pas douter, Han Jae-Rim n'a pas le dixième de son talent lorsqu'il est question de mêler adroitement polar sec et humour déconne puisqu'on sent à travers son oeuvre la difficulté de poser clairement son style et ainsi le rendre plus profond. Et ce manque de profondeur se ressent aussi à travers le portrait des personnages, la femme de In-Gu ne semble que constater les dégâts, de loin, sans tenter de trouver des solutions (à part le divorce), sa fille apparaît de temps en temps pour bouder et reprocher à son père d'exister, et ses potes mafieux servent plus de décoration qu'autre chose.
Pourtant, The show must go on contient ses petits moments (mais vraiment petits) de cinéma amusant lorsque Song Kang-Ho semble prendre goût à la torgnole aussi bien en tant que donneur que receveur. Quelques empoignades d'homme telles qu'on le connaît ressurgissent donc de plus belle, passages à tabac en voiture, bagarre générale sur un chantier ou dans une supérette forment donc le divertissement trop longtemps laissé de côté par le cinéaste car son oeuvre hésite beaucoup trop dans sa démarche de rendre son personnage principal pathétique ou apitoyable, In-Gu ne faisant réellement rien pour que l'on ai pitié de son sort ([spoiler] Il ira jusqu'à descendre son patron après avoir causé accidentellement la mort de son frère [fin spoiler]) et on comprend alors le désarroi de sa famille. Les pauvres. Cette irrégularité de ton laisse heureusement échapper ça et là un humour bien venu comme lorsque In-Gu repart tranquillement au bord de sa Mercedes après s'être crashé ou lorsqu'il décide de se tuer car se sentant père indigne. Un second degré pleinement ancré dans le registre du pathétique cher au personnage campé par Song Kang-Ho qui ne trouve pourtant jamais de justification. Et le polar de base mêlé à la comédie populaire coréenne se transforme en véritable carnage assez grossier en fin de métrage, puis en comédie dramatique typique lorsque la fille de In-Gu retrouve quelques photos souvenirs lui rappelant de bons moments, pendant que son père se fait soigner dans la chambre d'en face. Cliché mais inévitable, le film tombe même dans la mièvrerie la plus totale dans son dernier plan, avec son héros abattu et seul, incapable de sortir d'un tel pétrin, le milieu de la mafia. Sans être un ratage total, The show must go on n'apporte rien de plus au film de gangster, ni même à la comédie coréenne qui nous a clairement habitué à mieux.
Un bon film de mafieux coréen réaliste
The Show Must Go On n'a rien d'un chef d'oeuvre, mais a pour lui qu'il ne cherche pas à faire plus que son genre exige. En bref, il n'exagère jamais en montrant les problèmes moraux qu'endure In-Gu, le personnage principal, joué par un Song Kang-Ho en pleine forme. Il doit faire son métier difficile tout en assumant le regard de sa femme, qui tolère la situation jusqu'à un certain point, et de sa fille qui se doute qu'il est gangster mais essaye de se convaincre du contraire. Ici, on nous montre bien la maladie coréenne du succès social où le personnage, qui n'a pas assez d'argent, veut quand même acheter une maison dans l'un des quartiers les plus chers de Seoul. Coté mafia, rien de bien différent des autres films du genre ; on pourra juste noter un grand appétit pour l'humour, toujours au travers du personnage de In-Gu, qui fait vraiment tout dans le film.
21 juillet 2007
par
Elise
un long film de gangsters pas très original (mais qui aurait pu l'être)
Film de gangster coréen qui serait habituel voir insipide sans la présence de Song Kang Ho qui porte le scénario sur ses épaules. Looser finalement irrécupérable mais attachant de par ses bonnes intentions, il s'accrochera jusqu'au bout à ses valeurs (qui a dit confucéennes?) de loyauté envers le chef, alors qu'il est dans un monde sans scrupules, et de protection de sa famille ; au lieu de l'anoblir, ce respect aveugle le fera sombrer.
Comme habituellement dans le cinéma coréen, cette portée tragique est moins mise en valeur qu'un mélange des genres qui, dans "the show must go on", ne fait pas mouche. A force d'alterner atermoiements sentimentaux et nonchalance du personnage, moments comiques assez ironiques pour du cinéma coréen, (comme l'épisode de la dernière course poursuite) le ton du film reste léger mais sa cohérence, son message est extrêmement brouillon.
Les longueurs sont nombreuses, des plans se répètent deux fois, trois fois.
Les quelques scènes de bagarres, à peu près le seul point fort du film, sont rafraichissantes car elles n'obéissent pas aux canons du genre. Rixes "réaliste", poignardages jamais tout a fait réussis, suspense entretenu, plans sympatiques...
En somme, préférez Yoo Hye Jin pour les gangsters comiques, et Na hong Jin pour les gangsters torturés.
impersonnel
The show must go on est de ce genre de film dont j'arrive pas trop à dire s'il s'agit de film commercial travesti par son allure indie-like ou bien l'inverse... peu importe en fait, car cela revient au même, le résultat est à chaque fois un film qui sans être une insulte faite au septième art est totalement impersonnel, anonyme et transparent - oublié bien rapidement, je n'en doute pas une seule seconde.
Sinon on va pas dire que c'est hyper passionnant mais au moins ça se laisse regarder (le troisième quart, plus prenant que le reste, aide beaucoup) et
Song Kang-Ho au casting c'est comme Oncle Bens, toujours un succès, même quand on l'attife d'un rôle comme on lui a déjà vu cinquante fois.
18 janvier 2008
par
Epikt
You could have it so much better
Années 1980: la période reaganienne. Les héros n'ont pas froids aux oreilles et les Arnold les et Sylvester font leur "Superman", tant ils semblent forts et invincibles.
Années 1990: crise économique et naissance de la génération "X". Les temps sont durs pour les héros. Martin Riggs et John Mc Clane sont en proie aux doutes et la fin du siècle voit même les plus grands sombrer dans la drogue et l'alcool avant un soubresaut de fierté pour s'en aller sauver le monde.
Années 2000: la crise continue. Faut se serrer els coudes. Le superhéros est finalement un homme comme les autres; formule reprise et ré-appliquée jusqu'en politique. Tony Soprano ou encore Vic Mackey prouvent, qu'il n'est pas facile de concilier vie de famille et un dur travail. "The show must go on" épouse cette formule exacte de l'homme ni tout blanc (un voyou de première), ni tout noir (il a des sentiments, bordel! Et il veut acheter une belle maison à sa famille), qui a petit à petit perdu tout contrôle sur sa famille en allant jouer aux cowboys et aux indiens dans la mafia coréenne.
La recette appliquée au polar noir coréen a plusieurs torts: tout d'abord, difficile de s'attacher à un enfoiré de première, même si brillamment interprété par SONG Kang-ho. Au moins, la longévité de la série permettait de mieux s'habituer au personnage et de mieux peser le pour et le contre de ses actions; d'autant plus difficile dans le présent film, qu'au lieu d'emprunter le chemin de la rédemption, le personnage de SONG s'enfonce dans sa méchanceté.
Ensuite, les caïds cherchant à quitter le "milieu", il y en a déjà eu un paquet dans l'Histoire du cinéma mondial – et dans le récent domaine du polar coréen. Léger bâillement face à un schéma répété et éprouvé.
Et enfin, il y a eu un "Dirty Carnival" quelques mois avant ce film. "Dirty Carnival", qui constitue sans aucun doute la quintessence du polar coréen et dont la trame de "The show must go on" ne constitue peut-être que le centième de ce qui se passe dans "A Dirty Carnival"…alors, forcément, à comparer les deux, "The show…", comme tout autre film du genre, qui risque de suivre dans les prochains mois, ne pourra que pâtir en comparaison.
Pris à part, "Show must go on" souffre donc uniquement de son personnage principal trop noir, pour que l'on s'y attache vraiment et ce malgré tous les efforts de son réalisateur de faire pleurer ans les chaumières, jusque dans son ultime plan final, qui fait tout sauf émouvoir. Le personnage de Kang In-gu ne peut se prendre qu'à lui-même pour avoir foutu sa vie en l'air.