(Rose) Byrne, baby burn
Ici Déesse australienne, ailleurs servante discrète d’une Princesse amidonnée dans une galaxie très très lointaine, Rose Byrne est sous protection angélique, celle de l’ange Gabriel, une entité lui rendant hommage en apparaissant, glorieuse, dans le non moins glorieux Miller’s Crossing des Fabulous Brothers. Ceux qui mangent leur jambon sans la couenne. Orson Welles ne s’y trompa d'ailleurs pas lorsqu'il biaisa la réalité en repeignant sa luge juste avant de mourir, la renommant « Rose Bud » pour ne pas gêner sa Rose avec une réalité qu’il préférait masquer aux yeux du monde. Et je ris, oui, ris et même pouffe en pensant à tous ces prétendus experts qui osèrent croire un jour qu’Orson Welles et Bud Spencer eurent une liaison ! Quand Pierre de Ronsard annonça à une donzelle son « mignonne, allons voir si la Rose », il ne fit que la prévenir avec tact que si d'aventure sa Rose Byrne se présentait dans les parages, la donzelle du jour aurait l’obligation de s’éclipser dans l'instant sous peine de se faire lapider par horde pierres et pléthores ronces très piquantes.
La critique d’Alain synthétisant joliment les belles émotions qui naissent à la vue de cet ovni formidable, passons juste une seconde couche en insistant sur les images splendides qui défilent. La photo est à tomber, les paysages magnifiques et le jeu effectué sur les couleurs tout bonnement renversant. Pour le reste, soyons gaiement voyeurs lorsque Rose se met à danser en nous incrustant une ballerine dans la rétine pour l'éternité, et sachons également apprécier le traitement de cette histoire, original et doux, qui transforme une vengeance, une Charles Bronson’s engeance, en vivante chamanerie. Ca change des chamailleries. Relevons également l'une des plus belles scènes d’amour qui nous ait été données de voir, un moment à la fois très charnel et d’une grande tendresse, un passage d’autant plus troublant qu’il est ici filmé par une femme. Rose Byrne... Comme le dit si bien Garth dans Wayne’s World : « Elle m’a gaulé les yeux ! » Alors "chapiteau" Charles Bronson ! Pose ton flingue deux secondes et viens admirer ce superbe Road Movie, pénard, dans une bonne vieille Citroën DS de 1967. Le paysage est d'enfer et la ballade vaut le coup d'oeil.
Un très beau voyage au coeur d'une Australie imaginaire
Au vu de Farewell China et Autumn Moon, il était clair que l'industrie cinématographique et la ville de Hong-Kong représentaient un cadre trop contraignant pour le cinéma de Clara Law et c'est tout naturellement qu'elle s'est expatriée en Australie, et on peut franchement dire qu'elle a fait bon le choix.
Le film commence "normalement" avec le personnage de Rikiya Kurokawa et sa vie à Tokyo mais une fois passé le générique de début, on arrive en Australie et là, c'est le choc visuel... Concrètement, le parti-pris esthétique du film est radical: pour les scènes d'intérieur, la lumière pousse à fond le concept du clair-obscur en esquissant et définissant les formes et contours des sujets principaux contenus dans le plan tout en évacuant le superflu via une obscurité totale. Cet effet relève quasiment d'une nouvelle méthode de cadrage où le travail n'est plus fourni majoritairement par la caméra mais par la photographie. Pour les extérieurs c'est bien simple, c'est à se damner et il ne serait pas étonnant de savoir que le film ait bénéficié d'un retouchage intégral lors de sa phase de post-production car la couleur et la luminosité de chaque éléments contenus dans les plans bénéficie d'une perfection absolue(même le ciel semble tout droit sorti d'un rêve) et on rajoute à ça la réalisation somptueuse de Clara Law comme lors de ce plan en plongée sur Rose Byrne enfant dormant au pied d'un arbre ou d'une scène de danse fabuleuse. Un troisième univers visuel se rajoute avec l'intérieur de la Citroen DS avec cet effet absolument non-dissimulé type "acteurs dans une voiture secouée avec un film passant derrière", ce qui pourrait se traduire comme un hommage de la part de Clara Law à un certain cinéma classique(d'ailleurs, on a droit à un clin d'oeil au Samouraï de Melville avec Alain Delon).
A cet univers complètement imaginaire vient se mêler une bande-son et une musique envoûtante qui accentue encore plus le trip qu'on a la vision de ce film, le ryhtme délibérément lent de l'histoire s'accordant parfaitement avec cet état de fait. Si il y'a aussi un facteur qui rend le film mémorable, c'est l'icône aussi bien à un niveau visuelle que narratif du personnage de Rose Byrne et de ses cheveux rouges qui traverse et devient le coeur du film. Malgré tout ça, le film a un petit air de déjà-vu au niveau du scénario: même si il s'accomode bien avec l'ensemble du film, il peine quelque peu à faire naître d'autres sentiments que la fascination chez le spectateur. Hélas, les dix dernières minutes du film se révèlent quelque peu maladroites et décevantes, se contentant juste de surligner ce qui a été développé tout au long du film prédemment malgré le fait que ce soit après tout une fin logique. Ceci dit, il serait quand même idiot de se priver de l'heure quarante(sans la fin donc) de plaisirs que le film procurera au spectateur un tant soit peu
curieux et adepte de films à forte singularité.