Astec | 4.5 | Cyber bien ! |
Arno Ching-wan | 4.25 | Trame, évolution et "bible" à la US pour une nouvelle ère de maturité cyber |
Dans sa critique Shubby synthétise plutôt bien les rares fautes de goûts de la série, en particulier le string dont est affublée Motoko. Mais heureusement, dans le cours des épisodes cette tenue se fera plus discrète au profit de costumes plus appropriés aux situations. Mais c’est vraiment là la seule scorie notable de la série dans son ensemble. Pour le reste on est devant la meilleure production animée de SF pour la TV depuis bien longtemps, live compris.
Alors que OSHII a opéré sur GITS version cinéma une véritable OPA artistique, insérant dans l’univers créé par SHIROW ses propres thématiques et obsessions, GITS Stand Alone Complex réussit le tour de force d’une adaptation intelligente se distinguant sans difficultés de ses homologues grands écran, proposant un ton original tout étant la meilleure adaptation dans la fidélité d’une œuvre de SHIROW à ce jour : outre son implication dans la mise en place de la série, l’utilisation de ses scenarii, il y a également une charte graphique qui exploite à plein l’univers de GITS (les lecteurs avertis s’amuseront à reconnaître une Motoko empruntant sa tenue et son apparence à tel chapitre de GITS Man Machine Interface, ou alors à tel autre du premier manga), en particulier pour ce qui touche aux interfaces graphiques. Dans les bonus DVD de l’édition française il y a à un moment quelques mots d’un OSHII, commentant la production de Stand Alone Complex, où il exprime une vision sans concessions des rapports entre réalisateurs, situant explicitement sa relation avec KAMIYAMA Kenji (le réa de SAC) sur le terrain de l’affrontement générationnel comme mode d’évolution du média. Un discours évidemment provoc’ mais qui en plus de nous donner à voir des relations entre les deux hommes plutôt difficiles, rend surtout justice au degré de réussite de GITS SAC.
Présenté en son temps comme la plus grosse production du genre pour le format domestique (entre temps d’autres séries animées ont explosé les coûts, comme le Seven Samouraïs de Gonzo), ce n’est pas tant sur le plan technique que SAC se distingue que sur la richesse narrative et l’intelligence de sa mise en scène. Bien entendu, formellement le show est d’une très bonne tenue, avec une animation globalement de qualité et une section mecha bénéficiant du design imparable de SHIROW mais également d’une qualité d’animation irréprochable (à ce titre les Tachikoma procurent un plaisir irrépressible dans leurs évolutions). Les décors sont aussi à l’avenant, avec un énorme travail artistique en amont et l’animation des personnages, inégal d’un épisode à l’autre, maintient une tenue générale plus que satisfaisante. Seule bémol finalement, la qualité du cell-shading pour les véhicules urbains, une intégration 2D/3D moyenne et des textures pas assez riches. Mais c’est vraiment histoire de chercher la petite bête... Car ce défaut quasi virtuel est rapidement oublié devant les qualités de la mise en scène et l’intelligence avec laquelle une intrigue complexe (ceux qui se plaignent des citations de OSHII en auront aussi pour leur argent) et un scénario plein de notions pas très grand public, sont progressivement amenés au premier plan ; l’épisode 9, CHAT! CHAT! CHAT!, se déroule ainsi entièrement sur un forum, dans une discussion spéculative autour du cas du Rieur où s’immisce Motoko, en quête de renseignements. Un épisode hyper bavard et dense mais pourtant captivant... La structure binaire épisodes « Alone » (auto conclusifs) et « Complex » (intrigue qui coure sur toute la série), facilite le crescendo narratif. Une progression dans l’intensité dramatique qui se conclura par un bouquet de quatre épisodes laissant le spectateur haletant, la tête pleine de questions et pleine de réponses, et une seule envie : en reprendre une dose.
Un scénario béton (les bonus des DVD montrent bien le soin apporté à cet aspect par l’équipe de scénaristes), une mise en scène inspirée, une animation de qualité, une bande son ultra léchée, un univers riche et fouillé aux fondamentaux « shirowïens » respectés, une dynamique de groupe (la Section 9) au traitement ciselé, du tortillage de cerveau et de l’action digne de l’esprit du manga... Il n’y a, à l’heure actuelle et sur ce terrain, qu’une série qui puisse prétendre égaler, voir dépasser, GITS Stand Alone Complex : GITS Stand Alone Complex 2nd GIG.
Malgré quelques impératifs commerciaux néfastes à l'ensemble (Kusanagi avec des strings en pagaille et des nibards un peu too much), Stand Alone Complex fait honneur à l'oeuvre d'Oshii en développant "à-la-folie-passionnémment" son univers cyberpunk.
Tour à tour hommage au film, série d'action et polar aux scénarios très imaginatifs, SAC en remontre à un max d'animés, ainsi qu'à un paquet de séries live américaines. Une seule histoire en 25 minutes de cette première saison ridiculise toute production US qui pourrait s'y frotter. Et reconnaîssons le, ça pique. Proyas refait asimov? Là bas c'est GITS qui grandit et développe le sujet autour du manga de Shirow. Définitif en soi, GITS s'accroît et domine le domaine Cyber, nous démontrant une nouvelle fois - si besoin était - les limites de la saga Matrix et la naphtalinité d'un IA spielbergien, ou celle d'un I, Robot, Smithien mais moyennement Wessoneux (bang-bang!). La matrice, les prothèses cybernéthique; mieux, une logique et une façon de penser cyber (*) sont palpables à la vision de cet évènement télévisuel. Des yeux cybers et des cerveaux piratés en veux-tu en voilà, les robots développent des existences propres - une série permet de le faire à long terme, les personnages sont fouillés et attachants, les scènes d'action ultra efficaces, et, surtout, surtout, il y a cette intelligence dans le traitement, cette action qui ne prend jamais le pas sur l'histoire, et ce fil rouge, efficace, qui nous renvoie aux évolutions des séries US Alias et autre 24H, cf. les 4 derniers épisodes et l'accroche finale, typiques.
Bon, je vous laisse, Togusa est encore dans la mouise, faut que j'aille le dépanner. Euh, je vais appeler Batu en renfort, juste au cas où...(*) Une scène parmi tant d'autre: un droïde menace la section 9 en faisant apparaître un énorme globe vert à la place de sa machoîre. On suppose que c'est une arme. On ne le saura jamais, batu lui explose la tête d'un seul coup de poing juste avant qu'il ne s'en serve. Frustrant d'un côté, complice et acquis d'un autre.