Drôle et satirique, une grande réussite de la comédie japonaise
Dès le départ le ton est donné. Deux chats sont écrasés par une camionnette, papi et mamie passaient par là. En l'espace de deux plans, Yoshida Daihachi passe du gag ultime à la scène d'enterrement, deux opposés en théorie. Pourtant, Funuke est une comédie jubilatoire qui pousse le vice jusqu'à faire passer cette séquence d'enterrement comme une attraction à part entière : toute la famille est réunie, Machiko et son mari Shinji ainsi que Kiyomi sa demi-soeur. En retard pour l'évènement, Sumika se présente comme l'opposé ici aussi de la famille car d'un côté on a la fille des villes, elle-même, branchée et hautaine venant tout droit de Tokyo et d'autre une famille des campagnes où le réseau est inexistant et où il faut aller à la station service pour ramener des toasts. Cette fameuse Sumika va mettre un peu de désordre dans cette famille, casser les liens déjà fragiles des membres : Machiko, au physique d'Hamasaki Ayumi à ses 17 ans, semble être encore habitée par un esprit d'enfant malgré ses 30 ans. Shinji, quasi muet mais autoritaire, semble cacher un profond secret et la petite Kiyomi paraît rongée par le mal-être, très distancière en effet de sa soeur Sumika. Les secrets de famille vont peu à peu se dévoiler et au spectateur d'être pris dans une véritable tornade de loufoqueries et de second degré qui font mouche, le cinéaste réussissant le pari d'élever sa chronique familiale jusque là normale en satire épicée et colorée lorgnant du côté d'un American Beauty version Ramen sauf que le bazar n'est pas créé par un élément extérieur à la narration. Tout est passé au crible que ce soit l'image d'une petite famille de paysans du fin fond du Japon (entre le mari blasé et sa femme vouée aux ordres) ou la culture geek nippone dont le manga va jouer un rôle important quant au récit général : il pose les bases du film, de la narration, et est le déclencheur finalement de la haine de Sumiko, blessée et dont la carrière s'est vue ruinée lorsque sa petite soeur, Kiyomi, la caricatura pour un concours de dessin. Résultat, la demoiselle lui en veut encore et va, en gros, passer ses nerfs sur elle durant tout le film : bain d'eau bouillante, chanson ultra valorisante à son effigie et tant d'autres joyeusetés.
Fort d'un procédé qui tourne autour de la reconnaissance d'une actrice ratée qui tente pourtant tant bien que mal à prouver le contraire en adressant couramment des lettres de charme à un réalisateur récemment primé, le film est aussi une critique des gens "moyens" : salaryman certes, mais fatalement incestueux, épouse dévouée mais encore vierge à 30 ans, petite demi-soeur victime et renfermée sur elle-même, tout un programme décomplexé et dans l'ensemble fort de solutions visuelles pop, dans un esprit manga assumé. Sans doute l'un des films les plus drôles du festival et une leçon de remise en question de soi, portée par une galerie d'interprètes tous très justes, les rendant particulièrement attachants malgré ce qu'ils dégagent. Pestera t-on sur dix grosses minutes de trop, pestera t-on aussi sur une accumulation de gags un poil lourds (mais de bon niveau pour un film grand public japonais), sans doute. Mais le résultat à l'écran reste brillant, l'oeuvre étant souvent sur le fil du rasoir aussi bien dans son procédé narratif linéaire (gag, flash-back, drame, bis repetita) que dans son manque de surprise au rayon du ton : Sato Eriko, représentation ultime de l'idole japonaise en minijupe, cabotine mais trouve un rôle à la hauteur de son talent, c'est à dire l'auto-carricature, la grossissement non stop du moindre mouvement : ses caprices, ses tortures et son côté franchement hautain lui assure une marche sur le podium, dont la plus haute est occupée par une Nagasaku Hiromi hallucinante dans son personnage illuminé, naïf, énergique et décalé. Mais au final, le film de Yoshida est une belle réflexion sur l'utopie et le pardon. Bien que la petite Kiyomi GOMENise sa grande soeur Sumika tout au long du film, elle s'en fiche éperdument, d'où une nouvelle réflexion sur le faux-semblant. Plus riche qu'il n'y parait, Funuke est la comédie satirique la plus drôle (sans être vulgaire) que le cinéma japonais "mainstream" nous ait apporté depuis longtemps.
Eriko revient au pays
«
Et le Lotus d’Or de la meilleure actrice est décerné à l’unanimité à … (roulements de tambour) NAGASAKU Hiromi pour son rôle dans Funuke, une interprétation de haut vol, hilarante de bout en bout, de femme au foyer soumise au diktat de son macho de mari, un personnage qui vaut à lui seul un large détour ! Bravo ! (Clap clap clap).
Le jury tenait également à féliciter le réalisateur du film, YOSHIDA Daihachi, dont c’est le premier long métrage. Il a su s’approprier avec brio le mythe du Carmen revient au pays de KINOSHITA Keinosuke datant de 1951, l’histoire de cette starlette qui a eu du succès à la ville et qui décide de revenir dans son village natal visiter ses bouseux de parents, tout en offrant une bonne tranche de rigolade à son public qui a pu retrouver le charme particulier du récent Goût du thé. Le jury a tout particulièrement apprécié la réflexion mordante sur le thème du talent à travers l’affrontement sanguinaire entre les 2 sœurs que tout oppose, et confirme que M. YOSHIDA en possède réellement un ! ».
Une telle cérémonie de clôture de Deauville aurait peut-être mis davantage de baume en cœur que la récompense du tristounet
With a girl of black soil…
Humour corrosif jouissif
Funuke est un exemple assez typique de comédie japonaise un peu barrée et délicieusement noire. Sous des devants assez légers et doucement campagnards, le film dresse un portrait au vitriol d'une famille assez folle. L'équilibre entre les personnages (les deux soeurs, leur demi frère et sa femme) est remarquable, les acteurs sont franchement bons, l'humour toujours efficace et parfois grinçant, seul la réalisation à la DV marque le pas. Mais cela n'enlève rien au plaisir qu'on prend devant cette histoire délicieusement irréaliste.
Satire sympathique
Une petite satire de le famille japonaise sur le ton de la comédie. Bonnes interpètes féminines, surtout Hiromi Nagasaku en femme au foyer pathétique (même l'idol Eriko Sato est crédile dans son rôle de peste).
Agréable à suivre même si ne laissera pas de souvenirs impérissables.
Show some... heu... some what? ... you loser!
Assez sympatique dans son genre, voir même parfois un brin pervers, donc chouette.
Malheureusement, malgré une qualité d'ailleurs très correcte,
Funuke... n'échappe pas à quelques travers classiques dans ce genre de film (une photo souvent trop appuyée pour être honnête, une utilisation de la musique manquant de mesure,...). Difficile donc de se distinguer, même si au final rien de honteux. Au contraire.
Portrait d'une soeur
"Funuke" se traduit par "lâche" ou se dit de quelqu'un "sans couilles". Il s'agit d'un premier film, tourné en vidéo HD d'après une nouvelle contemporaine.
Plaisant, sans être toutefois transcendant, le film s'intègre dans l'actuelle vague de films nippons/asiatiques à examiner des cellules familiales. Alors que l'intrigue démarre comme une comédie décalée à la "Hapiness of the Katakuris" ou "Funky Forest", les comportements étranges des différents membres de la famille trouvent finalement des explications au fur et à mesure que les langues se libèrent et que des nombreux flash-backs lèvent des coins de voile d'un douloureux passé. Ce dernier relance d'ailleurs l'intérêt d'une trame finalement assez basique, sans que cela suffise à se prendre véritablement de passion pour les différents personnages. Sans doute trop fidèle au matériau d'origine, il manque une certaine implication personnelle de la part du réalisateur.