Intrigues et coucheries à la cour
Il vaut mieux savoir à quelle sauce on va être mangé avant de commencer à regarder
A Frozen Flower. Certes c’est un film en costumes, certes il y a quelques combats à l’épée mais c’est avant tout une histoire d’amour impossible et un grand drame passionnel. Le roi aime le chef de la garde mais une erreur de jugement va pousser ce premier à envoyer le second dans le lit de la reine pour y faire des bébés au sens propre. De là né un amour incontrôlable qui va entraîner tout le monde dans sa chute. Tout n’est bientôt plus que sexe, mensonge et trahison. Le sexe est explicite et le réalisateur n’a pas lésiné ; du coup si voir deux hommes faire des galipettes vous incommode, gardez la zapette à portée de main. Les mensonges sont comme le nez au milieu de la figure pour le spectateur mais le plus plaisant est de voir les réactions subtiles du roi qui compte les points. La trahison quant à elle vient de toute part. Contrairement à mon petit camarade je n’ai pas trouvé que l’histoire rebouclait sur elle-même, au contraire même, j’ai trouvé qu’on allait certes lentement mais très surement dans le mur avec assez peu d’espoir de voir un happy-end (je ne vous spoile rien, tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir, n’est ce pas ?) et que tout ça était fort bien conduit. L’élément moteur de tout ça c’est surtout le roi à qui finalement peu de choses échappent et qui une fois sa grande patience à bout finit par prendre des décisions particulièrement radicales. Notre jeune garde et sa maitresse sont sous l’emprise de leurs hormones, il faut leur pardonner les pauvres, ils ne savent plus ce qu’ils font. Il faut aussi pardonner au jeune chef de la garde de ne pas être crédible pour un sou. Certes avoir un physique comme le sien aide pour plaire au roi mais un chef de la garde aussi fin et peu musclé je n’en voudrais pas pour me défendre honnêtement. Puis niveau expression, il est assez monotone entre l’air catatonique et la mine stupide. Heureusement le roi est là (il sauve décidément tous les meubles ce roi) et l’acteur est bon en plus. La reine a ses moments aussi, c’est dommage qu’elle ait en face d’elle quelqu’un qui n’assure pas la plupart du temps.
Accessoirement autour de tout ça, il y a des manigances politiques pour faire tomber le roi mais là aussi il se montre aussi intraitable que Pierre Martinet. Mais c’est vraiment accessoirement. Ça permet d’offrir au spectateur quelques scènes de combats gentillettes avec grands jets de sang que Mercredi Addams ne renieraient pas. Mais au final, tout repose sur l’histoire passionnelle et triangulaire entre les 3 personnages principaux et ses conséquences désastreuses. Si vous voulez un film de sabres et/ou de guerre, passez votre chemin. Pour les romantiques qui aiment les bons vieux drames avec des vrais bouts de fesses au milieu, ça vous occupera 2h15.
Au service secret du roi (et de la reine)
Yu Ha aime bien chercher des genres qu'il n'a jamais tentés, avec plus ou moins de succès. Ici moins. Après la satyre sociale sur le mariage, le film de lycéens bastonneurs, celui d'adultes bastonneurs, le voilà qu'il s'intéressent aux bastonneurs du passé, et pas n'importe lesquels, puisqu'il s'agit de la garde rapprochée du Roi lui-même. Mais finalement, ces bastonneurs se bastonnent peu, dans ce petit pays sous la tutelle de l'empire Yuan, et donc, quand on s'ennuie, le pouvoir royal s'affaise, toujours autour d'une histoire de cul qui dérange certains et arrange les autres. Ici, le roi s'accoquine des services sexuels de son chef de la garde. En gros, Clinton ne se tape pas la secrétaire mais le directeur du Secret Service, imaginez le tableau, si ça se savait. Le problème, c'est qu'il est impuissant, donc avec son amant, ça passe, mais avec la reine, cela pose un sacré problème de descendance. Ainsi il propose à son homme de lit et de confiance de l'aider dans la maneouvre, en se substitiuant à lui. Mais que ne se passe-t-il pas lorsqu'il touche la première fois à une femme : oui, vous l'aurez compris, il tombe amoureux. La, suite, ben, secrets, conspirations, trahisons, meurtres, baston (oui, on y revient quand même).
Que dire au final de tout cela. Premièrement, c'est un énième film en costume sur les coucheries du roi, avec des scènes carrément explicites cette fois-ci. Comme le dit si bien Happy, le cul, ça vend, et l'homosexualité, c'est à la mode, donc deux bonnes raisons d'en mettre plein tout le long du film. Mais au final, le film retombe toujours au point de départ, et en 2h30, difficile de ne pas être redondant ; on a donc toujours l'impression de voir un peu les mêmes séquences, les mêmes changements d'avis des personnages, et les mêmes trahisons encore et encore, ce qui, au bout d'une heure seulement, est déjà long. On se serait donc attendu à avoir un peu plus de baston, et surtout, un peu mieux mise en scène de la part d'un réalisateur qui a déjà fait du très bon travail de ce point de vue sur ses précédents films (notamment Once upon a time in Highschool). Ici, les combats sont assez mal montés, parfois incohérents dans les enchainements, souvent filmés de trop près et donc particulièrement illisible, probablement pour cacher le fait que Jo In-Sung doit être un manche avec un sabre à la main, alors qu'il arrivait bien à taper des pieds et des points sur le précédent film de Yu Ha, A Dirty Carnival.
Coté jeu d'acteurs, Frozen Flower souffre bien évidemment du même défauts que tous les autres films de costumes coréens récents, à savoir que vouloir expressément rendre une manière de parler un peu historique retire bien souvent la profondeur dramatique des personnages à cause du rendu par coeur des textes par les acteurs. Alors que s'ils voulaient vraiment que les acteurs parlent à la manière de l'époque, ce serait totalement incompréhensible, même pour les Coréens. Autrement, on ne peut pas dire que Joo Jin-mo ait jamais brillé en terme de jeu d'acteur, et qu'en tant que roi, il n'en tire pas bien large non plus, mais Jo In-sung aurait pu tirer sa ficelle du jeu ; au lieu de cela, il semble très étriqué dans son costume de soldat homosexuel, et a même du mal à pleurer de manière crédible.
Bref, Frozen Flower est loin d'être un bon Yu Ha, il s'enlise dans une histoire plutôt inintéressante à grand renfort de scènes de cul pour meubler, et les scènes d'actions sont assez mauvaises. Syndrome Lee Jun-ik ?
The King & the clone
Korea goes pinku 2 (à mettre en aprallèle avec la critique "Portrait of a beauty").
"Legendary tale of libido" aurait déjà dû mettre la puce à l'oreille…Comédie balourde et sans aucune finesse, il avait préparé son invasion dans les salles en bâtissant sa réputation sur une bande-annonce sulfureuse. C'est bien connu: le sexe fait vendre…Et c'est ce que doivent également se dire les producteurs, paniqués à la chute vertigineuse des chiffres d'entrée suite à l'abolition des fameux screen quota coréens. Faut du cul pour espérer revoir le public se déplacer massivement en salle. Du cul oui, mais pour tout le monde, quasiment toute la famille; c'est pour cela, qu'après le récent "Portrait of a beauty", qui donnait à voir autant aux hommes (du cul), qu'aux femmes (du cœur), "Frozen Flower" remet le paquet, mais en servant à nouveau une bonne louchée d'une formule à succès: l'homosexualité. Le début du film démarre ainsi sur une trame similaire à celle du mega-succès "The king and the clown" de 2005, soit un roi, qui éprouve des sentiments très tendres pour un sujet de sa cour. Voilà le seul point de comparaison, car après un baiser langoureux entre les deux hommes, propre à faire sursauter plus que les coréens, l'historie prend un virage à 180 ° pour devenir…hétéro. Soit el roi, qui demande à son petit ami de coucher avec sa reine de femme pour donner naissance à un petit prince héritier. Sauf que le sujet prend tellement son pied, qu'il tombe éperdument amoureux de la reine, pas indifférente non plus aux charmes viriles de son nouvel amant. Et nous voilà partis pour 1h30 supplémentaire de soupirs inassouvis, bruits de couloirs, coups d'œil en coin et parties de jambes en l'air juste au moment o ù spectateur est franchement décidé à quitter la salle, mort d'ennui.
Ce serait dommage, car le dénouement vaut son pesant de cacahuètes, voyant l'amant fraîchement castré enfourcher un cheval pour repartir au galop. Pour tout mâle, qui aurait déjà ne serait-ce qu'un coup dans ses parties les plus intimes, je vous laisse imaginer la douleur de rebondir tagada tagada sur une bonne selle bien dure après s'être fait arraché les bijoux de famille.
Et pourtant le supplice aurait pu être pire: à l'origine, le film durait plus de trois heures, avant que des âmes charitables aient eu la bonne volonté de sacrifier une bonne heure sur le banc de montage. Un faux pas d'autant plus surprenant qu'avec ses autres films ("Mariage is a crazy thing", "Dirty Carnival"), Yu Ha s'imposait comme l'un des tous meilleurs réalisateurs de sa génération…Dommage, que ce soit finalement une purge, qui le consacre roi du box-office dans son pays…et risque bien d'entraîner dans son sillon de bien nombreuses copies encore plus pâles que le premier "King & the clown" et ce "Frozen Flower".