Pas son meilleur mais un incontournable de plus pour Liu Chia Liang.
Executioners from Shaolin est la suite directe du récit historique de
Shaolin temple de
Chang Cheh, et donc une suite sauce Liu Chia Liang de son
Five Shaolin masters. Lors du final de Shaolin Temple, le temple brûlait, pillé par les manchous, et les 5 maîtres survivants fuyaient ce désastre. La scène d’introduction de "Executioners..." relâte la suite des évènements. On assiste tout d’abord à un duel à mort opposant Chi San, le moine suprême de Shaolin, et
Pai Mei(*), dans une scène d’intro sur fond rouge typique des génériques kung-fu de la Shaw.
Après ce combat où Lo Lieh terrasse le moine suprême grâce à sa technique imparable, les moines survivants tentent d’échapper aux archers manchous et au gouverneur. Petite apparition de Gordon Liu qui interprète Hong Xiao, Chen Kuan Tai joue quant à lui Hong Xi Kuan. Le premier se sacrifie pour permettre au second et à une poignée de ses collègues de survivre dans un combat cathartique digne de 8 diagram pole fighter aux accents "Chehien" prononcés. Précision là encore, ces personnages ont vraiment existé.
Réfugiés sur des bateaux aux voiles rouges, les moines se font passer pour une troupe de théâtre afin d’échapper à l’ennemi. Hong Xi Kuan, inventeur de la boxe du Tigre, tombe amoureux de la charmante Lily Li, experte en boxe de la grue, et ils se marient rapidement. Ils auront un fils, Hong Wending, qui apprend la boxe de la grue de sa mère. Pendant toutes ces années, Hong Xi Kuan n’a qu’un objectif, s’entraîner encore et encore pour enfin rivaliser avec Pai Mei et venger le massacre du temple de Shaolin et de ses frères. Mais la chose est ardue, Pai Mei est un adversaire redoutable qui n’est vulnérable qu’en combinant des attaques très rapides sur plusieurs points vitaux très particuliers, et ce seulement entre 13 et 15h !
Ambiance typique de Liu Chia Liang, le kung-fu est un art de vivre qui s’insinue partout, toujours présent dans la vie quotidienne. Pas mal de scènes cultes feront école comme le combat père/fils à table ou avec le linge ou encore la scène de la nuit de noce où Cheng Kuan Tai tente vainement d’écarter les jambes de Lily Li, personnage féminin très fort presque leader de la famille, qui utilise à merveille la technique du cheval campé. Un clin d’œil à ce passage sera d’ailleurs repris par la même Lily Li dans une scène des Disciples de la 36ème chambre. L’entraînement est donc permanent et soutient la comédie bon enfant elle aussi présente comme de coutume avec le sifu.
La comédie guillerette à la Liu Chia Liang envahit souvent beaucoup trop ses films au détriment d’une histoire haletante. Or, il parvient cette fois-ci à un très bon équilibre avec le drame. Un gros morceau de comédie s’étale dans le deuxième quart du film, avec les collègues de Hong Xi Kuan qui font les pitres et plaisantent sur son futur mariage. Puis, l’entraînement avec un mannequin de fer très particulier et les tentatives pour terrasser le terrible Pai Mei redirigent le récit vers une ambiance plus sérieuse où Chen Kuan Tai campe le héros loyal avec force, constance et une présence physique qui a fait sa renommée. Sa soif de revanche le focalise sur son entraînement et il refuse d'apprendre à son fils sa boxe du tigre prétextant que les arts féminin (la grue) et masculin (le tigre) ne peuvent être mélangés. Les relations père, mère et fils sont donc beaucoup plus développées que de coutume, le tout sur une période de plus de 15 ans où 3 tentatives de mettre fin au moine invincible entretiennent une véritable tension.
******SPOILER*******
L'échec de Chen Kuan Tai est aussi un point novateur. Car c'est bien le fils, et non le héros qui souhaitait à tout prix venger ses frères, qui, en mélangeant habilement le reste du manuel de son père, bien entamé par les rats, et la technique de la grue, créera un nouvel art martial à même de vaincre le terrible adversaire. Cet art martial appelé le Hung Gar(**), sera d'ailleurs repris par le célèbre Wong Fei Hong. Ce twist accentue encore l'opposition entre le père revenchard et spontané qui court à sa perte et la mère, Lily Lili, forte et patiente, qui joue décidément un personnage plein de sagesse comparé à tous les hommes excessifs. Un personnage qui l'ancrera solidement dans son image de femme forte pour le reste de sa carrière.
******FIN DE SPOILER*******
L’ambiance est vraiment digne des grands Liu Chia Liang et les acteurs sont tous très juste. Lo Lieh est on ne peut plus charismatique en Pai Mei invincible, imperturbable et moqueur. Il réside dans un énorme temple construit en hauteur et typique de la période, avec son escalier gigantesque propice à des chutes spectaculaires et sa garnison de gardes, dont Liu Chia Liang en personne et une petite démo de Sansetsukon (tri bâton shaolin) qui montre une nouvelle fois sa maîtrise.
Le final est un peu abrupte, assez vite expédié, comme souvent dans les films de la Shaw mais c'est encore plus flagrant ici et laisse un certain goût amer. A part ça, pas, mais alors pas du tout d’accord avec Jeff, Fists of the white lotus de et avec Lo Lieh (toujours en Pai Mei) n’est qu’un remix comique trop gnangnan et vraiment lourd de "Executioners from Shaolin" qui n’apporte pas grand chose et a bien vieilli face à l’ambiance et le très bon équilibre comédie/drame/action de ce classique de plus de Liu Chia Liang.
Les afficionados auront aussi reconnu l'un des plus célèbres sample utilisé par le Wu Tang dans "Enter the 36th chamber", un son repris à de nombreuses reprises lors de l'entraînement contre le mannequin de fer. Mmmmythique !
(*) Pai Mei est un moine renégat au service des Manchous qui a trahi les shaolin. Entièrement vétu de blanc immaculé, barbe et sourcils compris, il est expert dans la technique de la chemise de fer aussi appelée Chi Qong ou Tai Chi suprême, technique qui consiste à fermer ses points vitaux et même à les déplacer, afin d’être insensible à toute attaque. Personnage mythique repris par Gordon Liu lui-même dans le Kill Bill Vol. 2 de Tarantino. La véritable histoire de Pai Mei dégottée par Godzilla pour ceux que ça intéresse : http://peimei.free.fr/FR/histpm1.html
(**)Petit copier/coller fort intéressant de David-Olivier cette fois-ci à propos du Hung Gar :
on attribue la création du style "hung gar" à un moine Shaolin de l'école de la "griffe du tigre". Un matin, se promenant dans son jardin, il observe une grue en train de picorer les graines qu'il venait de planter. Il prend alors un bâton et tente de faire déguerpir l'animal. Loin de s'envoler, l'oiseau évite les coups et se fend d'une contre-attaque à l'encontre du moine. Sous les yeux ahuris du maître Shaolin, le bec de la grue devient une formidable arme. A partir de ce jour, il en étudie les mouvements, les imite et crée une nouvelle technique de combat basée sur la fluidité, la grâce et l'attaque acérée d'un bec. Il combine alors ce nouvel art à celui qu'il maîtrise jusqu'alors, la griffe du tigre, pour en créer un troisième.
Au 18ème siècle, le boxer Shaolin Hung Hee Goon développe lui-aussi cette technique et lui donne son nom : le "Hung Gar" (gar signifiant "famille")."
Mère enragée
Le début de ce Liu Chia Liang est à la fois plaisant et frustrant: plaisant parce qu'on y retrouve l'héritage de Chang Cheh dont il fut pour le chorégraphe notamment au travers d'un gout pour les combattants enragés et pour une violence bien plus graphique et débridée que dans la 36ème Chambre de Shaolin par exemple; à cet égard, le plan où l'on voit un combattant narguer ses adversaires alors qu'il est criblé de toutes parts est typiquement changchehesque; frustrant parce que si je n'ai rien contre les gros coups de zooms qui ont fait du mal à la crédibilité du cinéma de kung fu aux yeux des cinéphiles, j'aimerais qu'ils soient au moins fait proprement comme dans certains giallos fulciens plutot qu'à la manière brouillonne du Visconti des Damnés, dans tout le début du film, leur accumulation virant à la surcharge gache un peu du plaisir éprouvé au visionnage du début du film, on est malheureusement plus dans le second cas. Chancgchehesque aussi, cette volonté de souligner à gros traits la dimension érotique d'un combat, les arts martiaux sont utilisés de façon décomplexée pour tenter d'écarter les jambes de la femme qu'on désire et surtout pour viser l'adversaire male aux parties en explicitant encore plus les symboliques catratrices des découpages de bras présentes chez le mentor de Woo. Changchesque aussi par son (Chen Kuan Tai, Lo Lieh, Gordon Liu). Reste que le cinéaste va malgré tout imposer sa propre patte en faisant fructifier l'héritage du maitre un peu à l'image du fils qui ajoute à une techniquer martiale héritée de sa mère des mouvements de son cru: d'abord parce que le personnage de la mère est bien moins malmenée que les personnages féminins du misogyne Chang Cheh, elle est de ces femmes fières n'hésitant pas à montrer aux hommes son tempérament comme le cinéma de Hong Kong a pu en offrir au cours de son histoire récente; la possibilité de revanche passe par l'acceptation (au sens humain et martial) de l'héritage maternel dans le film. L'autre point où le cinéaste impose sa touche c'est dans certaines ruptures de ton comiques pas toujours heureuses et meme souvent lourdingues, par certains éléments dans les scènes d'entrainement qui annoncent la kung fu comedy, par sa volonté de mettre en valeur l'effort sportif qui est sa signature. Les combats sont jubilatoires et chargés d'intensité dramatique, de rage, de cruauté. Reste néanmoins une conclusion trop abrupte qui avec les autres défauts mentionnés plus hauts -humour ratant sa cible, zooms brouillons qui ne gachent pas que le début- empeche le film d'etre le meilleur de son auteur.
Un Liu Chia-Liang à voir
Chez Liu Chia-liang le kung fu est le quotidien : s'entretenir, faire/défaire la cuisine ou la lessive (!), passer une nuit de noce digne de ce nom... C'est surtout une discipline de vie et un "ciment familial" essentiel dans le développement d'un être humain, pourvoyeur de stimulation intellectuelle, de création individuelle. Fang Yun-Chun (Lily-Li), La femme de Hung Si-Kuan (interprété par Chen Kuan-Tai) et leur fils (joué par Wang-Yu) en sont ici les meilleurs exemples. LA SUITE CONTIENT DES GROS SPOILERS DONT LA FIN EST INDIQUEE PLUS EN BAS-------------------Cela n'engage que moi mais Lily Li (réelle élève de Liu Chia-liang) incarne sans doute l'image de la femme à ses yeux, c'est à dire bonne mère de famille mariée (qui aura un garçon). Et également une vraie force de caractère : il faudra à son mari un peu de patience et l'aide du beau-père pour faire "crac-crac" la première fois (!), elle sera source d'apaisement et de pédagogie quand son époux se sera montré trop dure envers leur fils. Elle tentera, en vain, de convaincre son mari d'apprendre sa boxe de la grue afin d'avoir une chance de vaincre Pai Mei en la combinant à sa propre boxe du tigre et surtout lui donnera un conseil salvateur pour le premier duel. "Fang Yun-chun" ne sera pas la seule représentante du sexe faible (?) qui sera autre chose qu'un faire valoir au sein (ce n'est pas un mauvais jeu de mot) de la filmographie du réalisateur ("Lady Kung fu, Heroes of the East"). Quant au rôle du fiston, il vaincra Pai -Mei grâce à la boxe de sa mère (une technique en particulier que l'on verra tout au long du métrage) et une partie de celle du tigre dispensé par son paternel dont il créera tout simplement l'autre------------------FIN DE SPOILERS. Les chorégraphies sont déjà fort ludiques et techniques (c'est son troisième film comme metteur en scène, pas en tant que chorégraphe) et le casting excellent, mes coups de cœur allant à Lily-Li, plus qu'une actrice ravissante et Lo Lieh carrément "magnétique" en Pai-Mei.
Film mineur
Ce film peut être vu comme une suite au "heroes two" de Chang Cheh, Chen Kuan Tai y reprenant son rôle avec panache, secondé par l'excellent Lily li et le facétieux Cheng Hong Yip. Malheureusement, le rythme est loin d'être le même, et les affrontements se font attendre.
Et même de ce point de vue là, la chorégraphie est inégale. Le premier affrontement est sympathique sans faire d'étincelles, mais on a le plaisir d'y voir Gordon. Les différents duels contre Lo Lieh oscillent entre le très bon et le moyen. Il faut dire que Lo Lieh, malgré tout son charisme, n'a jamais eu la trempe d'un Gordon ou d'un chen Kuan Tai, martialement parlant, et ça se ressent une fois de plus.
Son dernier combat contre Chen, plein de surprises et assez surprenant, reste le gros morceau de bravoure du film. Wong Yu, acteur que j'apprécie généralement, est détestable ici, et son combat final est très décevant, malgré la bonne idée de départ.
"Executioners from shaolin" est un kung fu divertissant mais qui manque trop de rythme, et dont les chorégraphies ont moins bien vielli que la plupart des combats que Liu régla à l'époque. Pas indispensable.
Mais comment battre Pai Mei !!!
Les Exécuteurs de Shaolin s'attache à décrire l'art martial et, à la manière d'autres films de Liu Chia Liang, la réussite par la persévérance. Les combats sont très bien filmés, et toute les séquences mettant en scène le surpuissant Pai Mei sont un pur régal de cinéma. Un grand film de kung-fu.
08 octobre 2009
par
Hotsu
Les Exécuteurs de Shaolin.
Il est indéniable que chez Liu Chia Liang, tout est martial, les combats déjà, mais ça tout le monde s'en doute, mais également les rapports dans le couple, même le sexe est martial, voir cette scène où le héros interprété par l'excellent Chen Kuan Tai (Boxer From Shantung, Just Heroes) essaie de "courtiser" sa future épouse, interprétée par Lily Li Li-Li (que l'on peut également appeler Five Li), et pour se faire il doit tenter de lui écarter les jambes qu'elle est capable de serrer très fort de part sa technique des "genoux casse-noisettes", bien sûr les disciples du temple de Shaolin, ex-disciple dans ce cas, car justement ils furent massacrés par un seigneur despote, et seul quelques moines réussirent à s'échapper.
Donc notre héros finira par vaincre la puissance virginale de sa douce et ainsi naîtra un fils qui prendra la suite de son père lorsque celui-ci sera vaincu par le tyran qui lui également possède une force entre-jambesque mortel, il s'en sert d'ailleurs pour abattre ses ennemis...
Les chorégraphies sont comme toujours chez Liu Chia Liang, exceptionnelles, les combats sont assez violents et les interprètes parfaits, un film qui sans être le meilleur du maître est une sorte de film somme de tous ses thèmes de prédilection.
je rectifie le tir
une fois de plus le dvd ground zero m'a joué un sale tour, on ne peux pas juger un film apres avoir vu leur dvd merdique (sorry, mais il y a pas d'autres mots) je dois completement revoir ma critique de ce film apres avoir vu le dvd de "celestial" ce n'est pas le meilleur film de liu chia liang , la je reste sur ma position. sont meilleur film est pour moi "invincible pole fighter" . mais "executioners from shaolin" est un excellent film de kung fu avec des tres bonnes chorégraphies et des acteurs et actrices au top , ce film est du meme niveau que "fist of white lotus" (qui est une suite de "executioners from shaolin") voila cette correction feras plaisir a drélium :o)
"Tiger's Style"
Voilà un très bon film de Kung Fu signé du maître Liu Chia Liang, qui démontre une fois de plus que les arts martiaux sont présents partout (nuit de noce martiale, repas, éducation et scènes de ménages martiales). Le scénario est on ne peut plus classique mais se réserve des originalités comme le mannequin à l'entrainement représentant le despote dont les points vitaux changent de place selon l'heure. Un excellent film où les techniques du tigre et de la grue sont montrées de facon très clair dans d'excellentes chorégraphies.
Un très bon Liu Chia Liang
Comme à ses habitudes, Liu Cia Liang a toujours pris le temps d' installer ses films. Et celui çi ne manque pas de rebondissements.
Mention spéciale pour Lo Lieh avec sa barbe blanche et ses boules d' acier.