Tanuki | 3 | Et ça te fait rire ?!! |
Astec | 2.75 | Advent Blade contre Dragon Children |
Crispation intense des sourcils pendant les 5 premières minutes. Quoi ça être déjà ? Ah oui ! Le premier film de kung-fu tout 3D jamais sorti des studios de HK. Et ça dure 85 minutes, c'est ça ? Il y aurait bien quelques raisons pour aller voir ce film à reculons. Une gestuelle digne d'un jeu vidéo de plus de 10 ans d'âge, des visages ultra-lisses, des cheveux guimauve (couleur et texture) et une camera qui semble perdre les personnages de vue par moment, ça risque d'être un supplice bien pire que ce que subit Julie Lee Wah dans The Untold Story (ça fait tout de suite envie, n'est ce pas ?). Hormis un très beau poisson rouge volant fort réussi tout ce qui n'est pas accessoires et décors c'est à dire statique est assez raté. Heureusement survient le générique de début, ses gags visuels et plein de larges sourires. Mode cerveau d'enfant enclenché pour le reste du film. Il faut bien ça pour faire abstraction de tous les défauts cités ci-dessus. Certes l'humour n'est pas forcément très fin, parfois même assez excessif ce qui fait que le film est immanquablement destiné à un public jeune mais ça marche plutôt bien sur les grands aussi (d'ailleurs on voit bien ce qui fait rire mon collègue plus haut...). Un certain nombre de références cinématoraphiques visent toutefois a priori plus les adultes, même si elles ne sont pas toutes facilement identifiables comme dans un Shrek ou un Mystère du Lapin-Garou, question de culture en grande partie sans aucun doute.
Côté scénario il ne faut pas s'attendre à une grande épopée à couper le souffle. Au contraire même puisque le film a su garder une certaine forme de modestie et a le mérite de ne pas se limiter à la quête de la Soul Edge... pardon de la Dragon Blade comme on pouvait s'y attendre. Il se passerait même plus de chose dans le petit village de nos héros que dans la grotte où est cachée la fameuse lame. Entre deux scènes où les joues des jeunes rosissent (enfin pas trop non plus et on pleure sans larme aussi) face aux premiers émois de l'amour, c'est échanges de coups de tatanes au clair de lune, courses sur les toits et grand tournoi à la Dragon Ball dans une arène mais en beaucoup plus court. L'animation des combats n'est peut-être pas terrible au premier abord mais c'est néanmoins tellement bien rythmé et chorégraphié (aucun doute, cet aspect-là du film a été bien travaillé, ce qui était tout de même le minimum à assurer) qu'on se laisse facilement prendre au jeu...on se surprendrait même à y trouver plus de plaisir que prévu. Ça plus l'humour omniprésent jusque dans le générique de fin et l'inévitable bétisier (ah les grenouilles mécaniques !), on serait presque prêt à surnoter le film rapport à la bonne humeur résultante mais animation tu ne maitrises pas et 3D tu réétudiras.
Passé inaperçu lors de sa sortie en salle comme en DVD, Dragon Blade mérite pourtant qu’on s’y attarde quelques mots ne serait-ce que pour sa qualité de « première » pour l’industrie cinématographique HK dans le milieu de l’animation. Premier long animé kung-fu en full 3D jamais réalisé dans l’ex. colonie (et par extension dans le monde), le film de SZETO pèche certes par la technique et même sa direction artistique, mais n’en constitue pas moins un petit divertissement honorable pour peu qu’on ait le bon état d’esprit. Et puis son casting de voix a de quoi faire tilter l’amateur de cinéma HK...
Vendu par la production comme la « rencontre de Shrek et de Tigre & Dragon», Dragon Blade ne possède même pas le dixième des qualités visuelles de ses références autoproclamées. Une comparaison à vocation marketing qui dessert bien entendu plus qu’elle ne vend tant le premier contact visuel avec le film – son affiche – témoigne de ses limites esthétiques. Techniquement à la ramasse devant n’importe quel sous Pixar et sans le charme de l’action live, Dragon Blade propose au final ses moments de fun. Alors on passera outre une 3D sommaire et des modélisations à la serpe à peine au niveau d’un Tobal 1 (le design de certains persos évoque ce vieux jeu de combat 3D de Square) sur la première Playstation, pour retenir des scènes d’action vraiment chorégraphiées, dont une sur un pont au clair de lune lors de la rencontre du héros avec sa belle qui a son charme, et un scénario certes sans génie mais assez solide pour nous mener jusqu’à son terme. Film familial avant tout, Dragon Blade évite aussi tout ton moralisateur qu’on aurait pu craindre au vu de son ciblage vers un public jeune. C’est du wu xia et c’est bien hongkongais, en atteste le mélange des genres évident (le héros nous fera une phase de skateboard tout ce qu’il y a de plus incongrue) et l’humour typique. Si les personnages bougent bien pendant les scènes d’action c’est aussi en raison d’une motion capture opérée par des professionnels de la chose (l’école de wushu de Pékin), une technique efficace pour pleinement rendre compte de la dynamique des arts martiaux à moindre frais dans un film en 3D, mais qui en même temps ne permet pas d’atteindre le degré de richesse d’expression d’une animation image par image, quand cette dernière est maîtrisée.
Le seul vrai problème donc avec ce Dragon Blade, film sans autre ambition que de faire passer un bon moment, c’est que lui fait défaut une technique comme celle déployée par SquareEnix pour Final Fantasy Advent Children. Ça c’est le côté yin. Le côté yang étant que le gros problème d’Advent Children c’est de ne pas proposer le minimum de très modeste tenue scénaristique qu’offre Dragon Blade.