Un des plus beaux films asiatiques qu’il m’ait été donné de voir
Taillé dans la masse, dense, compact, nerveux, rapide, virtuose à chaque recoin, drôle, profond, intelligent, intéressant, surprenant, historique, réaliste, captivant, enivrant, poignant, émouvant…. Et ça pourrait continuer un moment ainsi.
Ajoutez des acteurs transcendés, des dialogues merveilleux, une intensité, une photographie, une musique…… pfffiuu, un véritable joyau du 7ème art qui débute comme une comédie et se termine en drame poignant !!
Du jamais vu pour un film de Chine populaire, un grand plaidoyer antimilitariste vachement réjouissant.
Parmi l’ensemble des films chinois que j’ai visionné, notamment ceux de Yimou et Kaige, la Seconde Guerre Mondiale était parfois évoquée, mais toujours soigneusement éludée, mise à l’écart. Et voilà que survient un dénommé Jiang Wen, qui lui s’attaque de plein fouet à ce sujet assez délicat avec une vivacité, une liberté et une inventivité telle qu’il ne peut laisser personne indifférent ; sachez qu’il a d’ailleurs raflé le Grand Prix du Jury à Cannes 2000. En choisissant un parti-pris radical (Noir et Blanc – 2H20), il a préféré délaisser une portion du public susceptible de voir ce film pour s’autoriser toutes les libertés afin de réaliser l’œuvre correspondant à sa vision des choses. Et c’est réussi ! Son humour, sa dénonciation corrosive, sa mise en scène vivante et son sens du management d’acteurs emportent tout sur leur passage. On pensait que Hong-Kong avait le monopole des films distrayants et bouillonants, et que Taiwan et la Chine populaire se réservaient les films auteuristes de société, eh bien voici la preuve que non.
Tout commence par une fanfare : c’est celle de l’armée japonaise qui, chaque matin, descend dans le village chinois occupé pour gratifier ses habitants d’une mélodie répétitive depuis bientôt 8 ans. La façon dont la scène est filmée pose déjà le décor : on est en présence d’une farce, d’un regard mal élevé sur la guerre et les militaires, puisque cette fanfare a tout pour être ridicule. Et ça continue : un pauvre paysan est dérangé en plein accouplement par un mystérieux inconnu qui ne dévoile pas son visage et qui lui livre 2 « paquets » dont il doit s’occuper pendant 5 jours tout au plus. Mais ces 2 paquets s’avèrent être un soldat de l’Empire nippon et un chinois japonophone. Et garder de tels personnages dans sa cave alors que ça grouille de japs dehors, ça la fout mal ! Suit une scène typiquement Allenienne succédant à ce passage rocambolesque digne de Kafka, où toute la famille s’engueule sur le problème. Et les choses ne vont pas s’arranger puisque les 2 paquets n’ont toujours pas retrouvé leurs ravisseurs au bout de 6 mois ! La tension est à son comble, on tente de les supprimer sans réussite, jusqu’au jour de l’Eurêka : il n’y a qu’à rendre ce zigoto jap aux autorités compétentes du village en échange de quelques brouettes de blé. Toute cette partie oscille entre hystérie, cris et insultes (provenant surtout des prisonniers) ainsi que prises de becs en tout genre qui la rendent assez irrésistible.
Survient la deuxième partie du film, qui est pour moi bien plus intéressante : la rencontre entre paysans chinois et officiers japonais. Le soldat japonais étant retourné parmi les siens, on pourrait s’attendre à un accord à l’amiable. Il n’en est rien car pour un soldat japonais, mourir au combat est un honneur, un rêve de gamin, un fait permettant de devenir un héros dans son village, ce qui vaut au pauvre soldat de s’en prendre plein la tête par ses supérieurs. Un banquet est cependant organisé pour fêter l’accord entre les 2 partis, et on s’attend vraiment à un espoir de paix. Ce banquet a des allures de fête slave telle qu’aime les filmer Emir Kusturica, avec une fanfare qui joue sans discontinuer, des chants, des rires et des allocutions, sauf que tout ce beau monde finira par se taper dessus jusqu’à ce que mort s’ensuive ! Puis vient le temps de la paix, ce qui n’empêchera pas l’absurdité et la @!#$ humaine de s’exprimer pleinement : le gouvernement chinois ira jusqu’à demander à des japonais d’exécuter des soi-disant traîtres chinois ! On nage en plein délire (un peu comme dans Les Sentiers de la Gloire où Kubrick racontait l’histoire de 3 soldats français tués par l’armée française pour refus de combattre) !
Entre temps, Jiang Wen aura dénoncé la stupidité de la guerre (ça c’était facile), mais un peu plus que ça heureusement : il aura établi une comparaison intéressante entre mentalités chinoises et nippones et rappelé que ces 2 peuples auraient tout eu pour s’entendre si des imbéciles haut-gradés ne leur avaient pas monté le bourrichon avec des histoires d’honneur et de patrie. Et comme le suggère la dernière image en couleurs, le seul point commun inhérent à chaque conflit, c’est le sang qui coule, et le sang d’innocents la plupart du temps (femmes, enfants en premier lieu). Wen n’en fait pas une maladie et s’avoue impuissant devant tant de @!#$, mais il a pris le parti d’en rire à travers une multitude de gags, et on le suit sans arrières pensées.
Un film coup de poing.
Pour avoir reçu un joli prix à Cannes en 2000, Guizi lai le mérite que l'on s'y attarde dessus. Que l'on soit d'accord ou pas avec ce qui est raconté sur ces deux longues heures vingt, on ne peut pratiquement rien reprocher à Jiang Wen d'un point de vue purement cinématographique. Son travail de mise en scène est ainsi superbe. Le noir et blanc est parfaitement maîtrisé (dans une optique de faire ressortir les expressions des personnages et d'appuyer le contexte historique), les cadres sont travaillés captant le "vif" jusque dans les moindres détails (gros plans furtifs) et le montage fait preuve de variété passant du très serré au contemplatif. Une réalisation à l'image des paysans du film en pleine détresse.
Nous sommes en 1945 en pleine occupation nippone du nord-est de la Chine. Un paysan dénommé Ma Dasan et sa femme jusque là sans histoires voient leur quotidien chamboulé après l'arrivée d'un individu mystérieux leur léguant deux sacs renfermant deux soldats japonais. L'individu menace Ma Dasan de le tuer si il ne "conserve" par les deux soldats jusqu'à son retour. De là en découlera une drôle d'aventure pas banale faite de rires, de larme et de sang. Jiang Wen pose les bases du huit clos à la Chinoise dans la mesure où une grosse moitié du film se déroule dans le village occupé Ma Dasan et tout un tas de paysans, plus particulièrement dans la cave où sont retenus les prisonniers nippons. L'endroit est un parfait théâtre d'émotions en tout genre où Wen multiplie les touches d'humour entre les paysans et les détenus, ces derniers étant particulièrement charismatiques. L'un est bilingue (traducteur japon/chine) et l'autre ne veut qu'une chose : tuer et être tué. La possibilité de maîtriser les deux langues est une occasion idéale de dédramatiser la scène surtout lorsque le traducteur transforme les dires de son collègue par des propos bien différents. En gros les insultes et menaces deviennent de véritables déclarations d'amour!
Mais là où Guizi lai le étonne et dérange, c'est dans cette sidérante façon de renverser complètement la vapeur en l'espace de 10 minutes chrono. Les deux premières heures sont parfaitement homogènes, mélangeant sans soucis rires et larmes, alors que le dernier quart d'heure est un triste constat de la réalité d'époque. Les exécutions s'enchaînent, personne n'est épargné, tous les espoirs posés sur les paysans (réconciliation avec l'armée nippone, échange de charrettes de grain, banquet festif) vont être anéantis pour un bête saut d'humeur d'un général. Triste, pessimiste et incroyablement noir, on est clairement en face d'une oeuvre aux multiples facettes, reflet du magicien/historien Jiang Wen, justement récompensé pour son travail.
Esthétique : 4/5 - Exemplaire, la réalisation est soutenue par un montage incisif.
Musique : 3.75/5 - Des bien belles mélodies accompagnées par des trompettes militaires décourageantes.
Interprétation : 4.5/5 - Irréprochable et sincère. Et quel plaisir d'entendre du Mandarin.
Scénario : 3/5 - Une étape difficile pour les deux peuples qu'on ne peut pas oublier.
Un film chinois très étonnant, entre humour caustique et réflexion sur la guerre
Voici un film chinois vraiment très original. On est loin du politiquement correct habituel. Pourtant, 2h30, en noir et blanc, cela fait réfléchir à deux fois avant d'y aller. Mais n'ayez crainte, les stéréotypes habituels du film chinois en prennent un coup. Car le film est plein d'un humour assez corossif, qui n'épargne personne dans sa description des moeurs de deux peuples.
Ces deux peuples étant, vous l'aurez deviné, les japonais et les chinois. Tous les personnages sont brossés avec beaucoup d'humour et de justesse, des paysans très à cheval sur leurs petits problèmes matériels, aux japonais aveuglés par leur code d'honneur. Le film réussit très bien à montrer les différences qui les séparent mais surtout leurs points communs et l'absurdité de leur antagonisme.
On se plaît beaucoup à observer ces villageois se débattre avec leur deux prisonniers dont on ne sait pas pourquoi ils sont arrivés là. Les réunions au sommet pour prendre des décisions importantes sont les morceaux de choix du film, car elles sonnent très justes et sont pleines d'humour. La fin du film prend une autre tournure lorsque les japonais débarquent dans le village, et ne manque pas de surprendre. Cela évite au film d'être trop prévisible et surtout trop classique dans son discours.
Au final, voici un film étonnant et haut en couleur (le comble pour un film en noir et blanc) qui ne manquera pas de surprendre tous ceux qui voient le cinéma chinois comme lent et conservateur. C'est un joli coup de pied dans la fourmilière et une démonstration simple et originale de l'absurdité de ce conflit entre peuples voisins.
Attention: authentique Chef d'oeuvre
Une premiere partie comédie sympathique a la Sanjuro.
Une fin brutale et absurde qui donne toute son ampleur au film. Le melange des 2 m'a incroyablement marqué au point que j'en fasse incontestablement mon meilleur film de l'année, voire le meilleur film des 10 dernières années (avec Festen?).
Un chef d'oeuvre puisqu'on vous le dit!
+++
En un mot ?... ENORME
N'ayont pas peur des mots, le réalisateur interprète Wen Jiang est grand. Reussir à faire une fresque cinématographique aussi poignante et drôle à la fois mérite le respect. Une oeuvre boulversante à voir et à revoir.
J'en suis encore sous le choc.
Extraordinaire !
Ne lisez pas plus, aller l'acheter !
je n'ai qu'un mot: merveilleux!
un film formidable, tres fort avec de belles images!
encore un chef d'oeuvre du cinema a ne pas manquer!
Un film vraiment démentiel!!!
Jian Wen réalise ici une œuvre remarquable à la hauteur des grands classiques du cinéma japonais tels que Kenji Mizoguchi des "Contes de la lune vague après la pluie", ou le Kurosawa des "Bas-fonds". Il y a réellement dans le travail du cinéaste une vision des réalités de la mentalité de ce petit village chinois, qui nous touche si profondément qu’on ne peut quitter la salle sans penser au chef-d’œuvre. La description des tensions des villageois confrontées à des responsabilités, qui certes, les dépassent, mais que chacun devrait prendre au lieu de se les rejeter les uns sur les autres, nous entraîne peu à peu à un retournement de situation qui mènera au drame. L’occupation japonaise de la Chine fut une rude épreuve pour les Chinois, qu’ils soient des villes telles que Nanjing et Shanghai, mais aussi de ces petits villages, qui ne souhaitaient qu’une chose : vivre au rythme des saisons et de la nature.
Jian Wen, a réalisé là un film fort, puissant, qui restera dans l’histoire du cinéma chinois et l'histoire du cinema mondial au XXIe siècle.
Actuellement, en Chine, une véritable pépinière de cinéastes est en train de donner ses plus belles fleurs, Jian Wen en est l’une des plus belles.
chef d'oeuvre absolu
magnifique du debut à la fin . drole et tragique :')
dvd faute de mieux, en attendant que ça ressorte estampillé chef-d'oeuvre
La première fois je l'ai trouvé excellent.
La deuxième (un mois après, pour y emmener quelqu'un), nettement mieux.
L'embêtant, avec le DVD, c'est qu'on le prend moins en pleine poire.
Un film puissant
Les défauts : un peu long et ça crie beaucoup. A par ça, c'est énorme. Un film qui passe de la comédie burlesque à la boucherie tragique en 5 secondes. Un film pour l'humanité. Un vrai choc... A voir absolument.
A en perdre la tête...
L'un des plus beaux films anti-guerre réalisés et un authnetique chef-d'oeuvre du XXIe siècle.
A la hauteur des plus grands réalsiateurs classiques du genre - le plus dur sera de confirmer par un nouveau projet de la même trempe.
IN-CONTOURNABLE!
Les démons ont la dent dure
Combien de films peuvent se targuer de vous prendre au dépourvu comme celui-ci ? Combien d’œuvres sont-elles parvenues à nous promener sur des terrains vaudevillesques avant de nous asséner une belle douche froide en fin de course, le tout non sans une parfaite absence de gratuité et de sensationnalisme ? Difficile de mentionner beaucoup de références en la matière, pris en compte le fait que la mode éternelle du twist qui tue a toujours fait croire aux cinéphiles qu’ils se trouvaient en face de quelque chose d’extraordinaire alors qu’il ne s’agit bien souvent que d’une formule clinquante de plus.
Les Démons à ma Porte, c’est un peu comme si vous alliez assister à un charmant théâtre de marionnettes qui au dernier moment se transformerait en Grand-Guignol patenté. En clair, une formidable claque dans le portrait. Inutile de préciser qu’au-delà de cet atout majeur, le film comporte de sidérantes qualités formelles, à commencer par une photographie cinq étoiles dont la virtuosité aussi bien technique (mouvements d'appareil d'une audace et d'une inventivité de tous les instants) qu'esthétique (maîtrise confondante du noir/blanc, finesse de l'éclairage) laisse pantois. Chaque séquence ne vaut guère mieux que la suivante, tout est scénarisé, structuré, filmé et joué (Jiang Wen en tête) avec un talent exceptionnel, tandis que l'intérêt de la bande se porte tant sur l'esprit comique de l'ensemble que le caractère nettement plus grave de certaines situations, en particulier dès la fameuse « cassure » de ton qui se manifeste au sein de l'intrigue. Autre force du métrage: sa toile de fond conflictuelle traitée avec un recul, une franchise et une causticité délectables. Le réalisateur évite soigneusement tout parti pris et dépeint les peuples nippons comme chinois de l'époque à l'aide d'une bonne dose de gouaillerie qui fait du bien par où elle passe. Que dire de plus, si ce n'est que
Les Démons à ma Porte constitue un chef-d'œuvre imparable du cinéma asiatique contemporain ? Une merveille sans précédent, à voir et à revoir sous n'importe quel prétexte.
excellent dans son genre
très original de faire un tel film en 2000. pour moi ce n'est pas un chef d'oeuvre bien que par moments il y ait la force des grands classiques, mais un film simple et attachant, un peu désuet et un peu lourd quelques fois (rarement). de plus l'humour n'est pas toujours compréhensible pour un non chinois (les accents des personnages, les acteurs/guests,....mais malgré des défauts c'est tout de même un très bon film "comme on en fait plus". bin si, la preuve..
Puissante charge anti guerre
Il est nécessaire de voir des films comme celui-ci de temps en temps et cela fait plaisir de voir que des cinéastes ont le courage de développer ce genre de thème auquel on ne souhaite pas penser tous les jours.
Eboustoufflant
J'ai rarement vu film menant de front et avec reussite la comedie, l'emotion, l'aspect culturel et historique et l'estethique des images, le tout desservit par plusieurs acteurs talentueux... Cette oeuvre ne doit pas etre manquer: ni par les fans d'humour, ni par les adpetes de films asiatiques, ni par ceux qui veulent ce cultiver (ca ferait du bien a ceux tenant des propos tels "Chinois et japonais? c'est du pareil au meme")... Bref, regardez le tous!!!!!!!!
Je ne sais pas quoi en penser...
Si je prends le film brut de brut, sans y réfléchir ni prendre en compte quoi que ce soit (impossible mais on peut s'amuser à essayer) : Un bon film globalement, avec de bons acteurs et surtout une ambiance particulière du au mélange des genres et un contexte inédit au cinéma (occupation japonaise en Chine en 1945).
Maintenant, regardons tout le reste, et là on pourrait en écrire des lignes et des lignes. Quel est l'environnement du scénariste/réalisateur lorsqu'il tourne son film ? La propagande politique chinoise s'est relachée mais toujours omniprésente et virulante concernant son histoire avec les japonais, même l'an 2000. Alors quoi, JIANG Wen passe-t-il a travers les mailles avec intelligence par le biais de cette double dénonciation sino-japonaise de la guerre, ou bien y a-t-il aussi une réelle haine refoulée à sens unique que l'on peut deviner ? Evidemment, de penser que le film contient les deux idées est davantage acceptable et accorde donc en conséquence éloges et admiration au réalisateur ; mais à vrai dire je pense que personne ne peut vraiment savoir, il faudrait être dans la tête de JIANG Wen...
Enfin bon, un film à voir à tout prix, et dont il faut rappeler la rareté du sujet abordé, qui constitue sans doute sa plus grande qualité (en dehors de toute analyse postérieure au film).