Un testament intense et déstabilisant
Si il y a une chose qu'on ne peut enlever à La danse des souvenirs, c'est la sincérité de Nishii-san, ancien photographe cloué sur son lit de mort en attendant de passer l'arme à gauche, proposant un témoignage infiniment touchant et réaliste sur la vie, son cours et ses métaphores. On pourrait même le croire poète à ses heures perdues tant l'homme fait preuve d'un sens pas commun dans l'expression pure et simple de ses sentiments et dans sa façon de voir les choses, la vie. En dehors donc de cette approche "voyeuriste" parfois contraignante du fait de la résistance de Nishii face à la maladie (Kawase ne coupant pas la caméra lorsque ce dernier tousse ou rejette les cochonneries du cancer), contraignante mais très souvent troublante, le récit tend à jouer dans la cour des extrêmes. Deux constats possibles, l'un évoquant le "pour" d'une telle initiative, avec le regard et les questions justes d'une Kawase presque "infirmière" dans son entreprise de tenir le malade le plus longtemps en haleine, tout en s'occupant de lui à la fois de manière médicale et psychologique.
Mais l'autre constat, le "contre", amène justement à nous demander si Kawase ne se sert pas de Kazuo Nishii pour livrer un travail propre et puissant dans la complaisance. Certains cadrages franchement au ras du visage du patient, dérangent, ils dérangent parce qu'il nous plus le "recul" que Kawase avait face à son malade. Et cette complaisance transparaît alors dans la mise en scène, et même si la cinéaste tente de rendre l'ensemble poétique et nostalgique (la pluie sur les vitres, les sorties de Nishii), on ne peut que ressentir un profond malaise, surtout lorsque Nishii est obligé d'annuler momentanément son interview pour aller se reposer des suites d'une toux particulièrement agressive. De part ses images choc et l'intensité purement émotionnelle du récit d'un "sage", La danse des souvenirs est un documentaire particulier, difficile à cibler.