L'espion, qui laissait froid
Les coréens semblent avoir eu la fibre nostalgique et humoristique en 2008…Suite à l'annonce de la mise en chantier de l'ambitieux "Le bon, la brute et le cinglé" par les producteurs de CJ Entertainment, Showbox consent à financer un autre film d'aventures à grande envergure, "Dachimawa Lee", passage au long du personnage inventé à l'aurore des années 2000 par le réalisateur Ryu dans son court de même nom (dispo sur le DVD coréen de "Die Bad"). Mais au lieu de se passer dans les années 1970, Ryu transpose son action bien avant pour jouer de codes temporels désuets et même se permettre un détour par la Mandchourie, où est situé l'action du grand projet cinématographique concurrent.
Faisant forcément penser aux derniers exemples en date, tels la franchise des "Austin Powers", la remise à jour de "Max la menace" ou le so british "Johnny English", c'est pourtant davantage du côté des films d'espionnage parodiques asiatiques des années 1960 ("Interpol" hongkongais ou "Matt Bond" thaïlandais pour n'en citer que deux exemples parmi beaucoup), qu'il faudra trouver les principales sources d'inspiration de cet actionner extrêmement bavard.
Bavard, car Ryu avoue toujours eu beaucoup de plaisir à voir les interprètes de l'époque s'entretenir pendant des heures, au lieu de passer à l'action…parlottes, qui permettaient évidemment de couvrir des manques de budget flagrants et inciter les spectateurs à se faire leurs propres films dans leurs têtes, plutôt que de s'encombrer de scènes d'action difficiles à réaliser. "Dachimawa Lee" semble un peu pareil, notamment dans la laborieuse première partie, incroyablement laborieuse et bavarde sans que rien ne se mette vraiment en place…Même l'humour fait défaut (mis à part quelques grossières caricatures pan-asiatiques, difficilement appréhensibles par un public occidental et totalement reniées dans la VF) jusqu'à ce que l'action embraye enfin au bout de la 35e minute du film.
La seconde partie permet enfin à Ryu de s'éclater en s'éloignant à proprement parler du style du film d'espionnage en rendant hommage au vrai cinéma de ses amours: le cinéma d'action made in Hong Kong. Après une brève démonstration de force dans un Shanghai reconstitué en carton-pâte, il peut carrément rendre hommage à l'un des films phares du cinéma HK des années 1990 (lui-même inspiré des productions Shaw de l'âge d'or du cinéma HK des années 1960 / 1970), "The Blade" de Tsui Hark. Réalisation alerte et vive, Ryu semble franchement s'éclater dans sa propre version du guerrier "ressuscité"…et dès la fin de ce court passage, le film retrouve d'ailleurs sa léthargie des débuts, en-dehors d'une trop longue course-poursuite sur neige dans des fausses alpes suisses…
"Dachimawa Lee" prouve une nouvelle fois les limites du cinéma de Ryu: en élève appliqué, il s'entête à copier le cinéma de ses amours sans jamais à trouver son propre style…Et comme l'aura déjà prouvé son "Kill Bill" à lui, le palot "Kill Bill", il est loin de bénéficier du même talent de conteur d'histoires et regurgitateur d'images que Tarantino. Cette parodie des (déjà à la base) parodies de films d'espionnage ne pouvait dès lors que déboucher sur un résultat un peu indigeste, une accumulation de scènes malheureusement loin d'être drôles et réussies, malgré quelques bonnes idées piochées au passage (la femme, qui se prend les cheveux dans les hélices d'un avion en second plan).
Le successeur de Michael Hui serais t'il coréen ? En tout cas, l'acteur principal a des faux airs et l'humour du métrage rappel pas mal de film d'un des roi de la comédie Hong Kongaise des années 70'.
Pour les curieux, une parodie de "The Blade" de Tsui Hark fais entre autre parti des festivités.
