Smashing Puppies
"Smashing things is what we do !"
“What we want is not the grief in life, what we want is the joy in life…”
Des producteurs des films de Toyoda Toshiaki (9 Soulds, Hainging Garden), voici venir le nouveau long-métrage de Tatsushi Omori après son premier troublant "Murmures des dieux"…Et l'on est incontestablement dans l'univers des producteurs, comme du réalisateur avec cet étrange road-movie plein de hargne des deux (faux) frères Kenta et Jun et de leur souffre-douleur (et figure maternelle) Kayo.
C'est un film aussi bancal, que le précédent "Murmures…", qui aura son lot de détracteurs et d'admirateurs. Essentiellement, il ne se passe pas grand-chose, si ce n'est que de s'attacher à la fuite (en avant ?) des deux frères, qui vont décider de traverser leur pays pour aller vers le Nord. Des personnages très peu attachants, qui sont véritablement infectes avec la jeune fille et qui passent leur temps à voler et battre autrui – souvent sans grande raison, que pour leur plaisir personnel…En même temps, il n'y a pas d'explication à avoir dans la rage, qui les habite et Tatsushi a justement l'intelligence de ne pas chercher à rajouter es ressorts dramatiques, comme une grande chasse à l'homme ou des drames supplémentaires pour tenter de créer un faux suspense ou tenter de renforcer davantage ses personnages. Tout comme dans l'absence (relative) des dialogues, il "construit" personnages et situations à partir des simples observations, faits et conséquences des actes.
On comprend vite, que ce sont là deux symboles d'une certaine jeunesse en pleine révolte, exerçant le métier de "démolisseurs" (allant à l'encontre de l'institution), vivant des petites combiens (en marge du système) et qui vont chercher à "s'échapper" (le paysage s'ouvrant de plus en plus au cours de leur évasion, même si rochers et même l'eau de la mer marque clairement une délimitation dans leur recherche d'espaces ouverts, mais non pas échappatoires).
C'est un poil trop longuet et simpliste, mais Tatsushi est un grand agitateur des sentiments, réussissant à ressentir et faire ressentir même les gestes les plus provocateurs…à la différence d'un Sai Yoichi ou d'un Park Chan-wok, surenchérissant dans de la violence gratuite, car incapables d'exprimer cette violence par de la sensibilité ou d'un Yak Ik-jun ("Breathless"), obligé d'en rajouter dans les parties plus lacrymales pour tenter de justifier cette violence.
Chez Tsasushi elle est perpétuellement présente, sous-jacente, prête à exploser à la moindre étincelle…mais justifiée par la fine description de ses personnages.
Un film coup de poing, qui reste longtemps gravé dans l'esprit et dans le cœur.